Arslàn
Lorsque nous rentrâmes tard au domicile de Sorèn, j'étais rincé. Il me pressa d'aller me coucher, et je lui souhaitai bonne nuit, ainsi qu'à Zrìeg, qui trônait tel un chat devant le feu de bois, alangui sur la fourrure au pied de l'âtre, les yeux fixés sur la flamme qu'il semblait avoir entretenu toute la soirée.
En me voyant, il se leva, et je pensais qu'il souhaitait me dire quelque chose. Il ne dit rien et plaça ses paumes de façon à englober mes oreilles : en quelques instants, la douleur disparu, et je le remerciais d'une voix timide. Je vis un léger sourire de contentement illuminer son visage, et il me chassa d'un geste de la main. Je ne savais absolument pas comment fonctionnait l'esprit d'un dragon, et le fait est que s'occuper d'un bête feu avait l'air de l'avoir mis de très bonne humeur ... je pris le chemin de ma chambre en lui faisant un petit signe de la main, ravi de le voir ainsi.
Je grimpais les deux étages en trainant des pieds, car tous mes muscles me faisaient mal. Une fois dans ma chambre, je me rendis compte qu'il y faisait bon. Le conduit de cheminée passait par la pièce et m'offrait un confort que je n'aurais osé espérer. Le dragon devait y être pour quelque chose dans l'efficacité du chauffage, car j'étais certain d'avoir grelotté ici plus tôt.
Une fois nu, je me jetais sous la couette épaisse qui couvrait le lit bas. Je riais intérieurement en me disant que ce monde avait de la magie mais pas de chaise. Mêmes les lits n'avaient pas de pieds et semblaient composés de tatamis de paille avec un futon dessus. Je ne sus pas comment je perçu que c'était l'odeur de sa peau, certes passée, qu'avaient les draps. Certainement l'effet que cela créa sur mon corps, et mon j'eu envie de continuer à humer ce parfum. Je mis l'oreiller sur mon visage pour inspirer. Était-ce sa chambre lorsqu'il venait ici ? J'en étais désormais persuadé. Mon esprit pourtant épuisé vagabonda dans les souvenirs de son visage et les quelques moments partagés. Je revoyais ses yeux inégaux me fixer, l'un couleur brume, l'autre couleur d'ambre roux, son sourire éclatant après qu'il m'ait taquiné, ses longues mains veineuses qui devenaient plus foncées aux doigts et aux griffes. Sa taille fine qu'il resserrait dans une large ceinture, son torse et ses épaules larges malgré sa silhouette élancée, ses traits délicats et androgynes ... bon sang je bandais. Et pas qu'un peu. Je ne pus me retenir de me caresser, faisant monter le plaisir de part les gestes saccadés et répétés de ma main. J'aurais tellement désiré qu'il soit là !
« Tu n'es pas un esclave, et tu as le droit de désirer. »
La phrase de Sorèn me revint en mémoire, et les larmes se mirent à couler. Impossible de jouir, alors que les sanglots s'intensifiaient. J'avais grandi en devant cacher ma personnalité. Je m'étais créé une image toute ma vie pour cacher qui j'étais, pour ne pas décevoir, pour être aimé et protégé par ma famille. J'étais terrorisé d'être abandonné, de me retrouver seul, sans rien. J'avais sacrifié mon être authentique parce qu'on m'avait fait comprendre que je devais être ce modèle que ma famille me montrait du doigt. J'avais peur de mourir un jour seul, rejeté par ceux que j'aimais.
Et j'étais là dans un autre monde, sans espoir de revoir les miens, sans garantie d'être protégé par leur amour, fut-il pour ce quelqu'un qui n'était pas moi. Ça faisait putain de mal, mais malgré ma terreur intérieure, j'avais été libéré de force de la prison que je m'étais imposée. Mes larmes roulaient sans que je ne puisse les arrêter. J'avais presque désiré être esclave, car cela voulait dire que le maître qui me possèderait, me garderait et me protègerait. Sauf qu'Absalón m'avait déclaré ne pas avoir abandonné l'idée de me tuer. J'aurais fait n'importe quoi pour lui convenir à lui aussi, même s'il avait fallu exploser ma pruderie au burin ou au C4. Et j'étais désormais là avec trois hommes qui ne voulaient pas d'un pantomime. Ils avaient besoin du vrai moi pour les aider à retrouver celui que je n'osais pas désirer. A mon âge, je m'étais astreint à ne jamais coucher avec personne tellement mes propres désirs me faisaient flipper, tellement j'avais peur de trop aimer ça et ne pas pouvoir m'arrêter quitte à tout faire voler en éclat... et pire, si on m'avait découvert ?
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Isekai : Éveil sur Genoë
RomanceEnlevé sans explication et transporté sur Genoë, une terre étrange baignée par deux soleils et deux lunes, un jeune homme survit de justesse à un massacre. Sauvé par un natif de ce lieu, un homme aux intentions ambiguës, il découvre un univers peupl...