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Le trajet était lourd en silence. Elle fixait le paysage défilé devant eux, les lampadaires éclairant la route. De ce qu’elle avait compris, ils allaient devoir camper – toute la nuit s’il le fallait – pour obtenir des preuves sur l’infidélité de la femme d’un homme politique.

Elle n’était pas ravie de travailler à cette heure tardive et encore moins avec Cassian. Ce dernier l’avait à peine regardé depuis qu’elle était dans l’habitacle et au fond, elle l’en remerciait. Elle était terriblement gênée de la scène qui s’était produite chez lui.

Maintenant que l’orage était passé, elle ne pouvait que constater les dégâts avec dépit.

Après une heure à rouler dans un silence de mort, le brun se gara sur une colline. Le visuel était parfait puisque la maison de cette femme était située juste en dessus.

Il sortit un sac du coffre avant d’aller s’allonger sur le ventre dans l’herbe. Elle l’imita, toujours silencieuse.

Cassian prit une paire de jumelle du sac, commençant à observer la maison, faisant le tour pour repérer les possibles entrés et sorties.

—    Il y a un appareil photo dans le sac. Prends-le.

Elle ravala son envie de désobéir, exécutant ses ordres. Elle se servit du zoom de l’appareil photo comme de jumelle pour examiner la maison. Les lumières étaient allumées, laissant apercevoir l’ombre de la femme derrière les rideaux.

Pour l’instant, elle ne faisait rien à part danser une valse toute seule dans son salon. La mission venait à peine de commencer qu’elle s’ennuyait déjà. Le temps lui semblait tellement lent qu’elle avait le temps d’analyser tous les scénarios possibles si elle n’avait pas fait son aveu à Cassian il y a quelques heures.

Si elle s’était tût, ils seraient probablement en train de se chamailler, discutant de tout et n’importe quoi mais à la place d’avoir une conversation sympathique avec lui, il n’y avait que le vent frais de la nuit pour leur tenir compagnie.

—    Là.

Elle se concentra sur l’endroit que lui montrait Cassian. Un homme, qui n’était pas son mari, s’avançait sur l’allée. Il sonna à la porte et Pam put prendre un cliché d’eux en train de s’embrasser langoureusement.

Est-ce qu’elle était jalouse ? Bien sûr. Lui, devait certainement l’aimer pour ce qu’elle était. Ce n’était pas son cas, Cassian ne l’aimait uniquement parce qu’il ne s’était pas rendu compte qu’elle était Paméla Norton. Cette Paméla-là.

D’ailleurs, l’aimait-il ? Il ne lui avait jamais dit quoi que ce soit du genre.

—    Je pense que ces photos suffisent, dit-elle en revoyant les clichés.

Cassian acquiesça avant de se lever et de ranger ses affaires dans le coffre. Pam s’engouffra dans la voiture et le brun la ramena chez elle.

 Sur le chemin du retour, elle avait envoyé les photos par mail à la patronne, lui confirmant que la mission était close. Il ne fallait qu’une preuve, une seule et cette preuve était une simple photo de cette femme en train d’embrasser un autre.

Cassian arriva devant la maison de son père et se gara devant l’entrée. Elle s’apprêta à sortir lorsqu’il l’a retenu par le bras, plongeant ses pupilles dépareillés dans les siennes.

Elle sentit son souffle chaud contre sa joue et son cœur pompa plus fort.

—    Bonne nuit, Pamton.

Ce surnom lui rappela un souvenir, bien avant qu’il ne commence à gâcher sa vie en rependant de fausses rumeurs.

Elle avait séché un énième cours de piscine. Cette fois-ci, elle avait carrément simulé un malaise pour pouvoir être à l’infirmerie. Elle n’avait pas envie de subir une nouvelle fois les moqueries de Mathilde et sa bande de pétasse.

Elle ferma les yeux, allongée sur le lit de l’infirmerie, les tic-tac incessant de l’horloge résonnant dans la pièce.

« Ça a du bon d’être flémard, quelquefois. »

Elle pouvait encore entendre sa voix dans sa tête. Sa voix rauque mais douce. Son regard vairons, la scrutant délicieusement de haut en bas.

Cela faisait quelques minutes qu’elle était allongée ici, dans cette pièce. L’infirmière était partie depuis un bon moment et Pam se décida d’y aller. Elle prit son sac et partit du lycée, ayant en tête de – peut-être – y retourner après.

Elle marcha jusqu’à une petite superette où elle acheta une bouteille d’eau et une boisson énergisante avant de se diriger vers la piscine.

Elle pouvait entendre les rires et les cris au loin de ses camarades et elle sourit bêtement en se disant qu’elle pouvait potentiellement entendre celui du brun.

Arrivée devant la piscine, elle se cacha dans un coin, priant pour que Cassian sorte en premier et seul.

Ses prières semblaient s’exhausser car un brun sortit de la piscine, seul. Elle trouvait qu’il était sorti relativement tôt, les cours ne se terminant qu’à dix heures alors qu’il était seulement neuf heures et demie.

Tant pis, ça l’arrangée qu’il sorte de là plus tôt.

Stressée, elle se dirigea vers lui, la boisson énergisante en main. Arrivée à sa hauteur, elle se racla la gorge pour lui faire remarquer sa présence et qu’il décroche ses yeux de son téléphone.

—    Norton ? s’étonna-t-il en la voyant.

Elle lui sourit timidement, lui tendant brusquement la cannette qu’elle avait acheté pour lui. Ses membres étaient crispés à cause du stress et elle peina à respirer, son regard rivé sur le sol.

—    C’est pour l’autre jour, lui expliqua-t-elle d’une petite voix.

Elle n’avait pas confiance en elle. Comment pouvait-elle en avoir alors que tout un lycée lui rabâchait sans cesse qu’elle était moche, plate, horrible et j’en passe. Sans compter toutes les horreurs qu’elle devait subir en plus des insultes.

Il pouffa, relevant son menton lentement pour ancrer ses yeux dans les siens. Son cœur s’arrêta tout comme sa respiration. Elle sentit le rouge lui monter aux joues alors qu’il scrutait son visage intégralement.

—    Je ne t’ai pas défendu pour avoir quelque chose en retour, avoua-t-il d’une voix douce et basse.

Elle déglutit, le souffle chaud du brun s’écrasait contre son visage en feu alors que ses poumons lui hurlaient de prendre une bouffé d’oxygène.

Ce n’est que lorsqu’il recula qu’elle prit une grande inspiration, le cœur battant dans ses tempes. Cassian prit tout de même la cannete, frôlant ses doigts par la même occasion.

—    Merci, Pamton.

Elle fronça les sourcils.

—    Pamton ? répéta-t-elle, incrédule.

—    Oui, un mélange de Paméla et Norton. Pamton.

Il haussa les épaules comme si ce qu’il racontait était normal et au fond, elle se sentit fondre en entendant son surnom. Cassian Bush lui avait trouvé un surnom. Un surnom qui venait de lui et que seul lui pouvait connaitre.

SPY AGENCY [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant