👥️ 65

350 18 4
                                    

Paméla terminait d’emballer ses dernières affaires dans un carton, souriant en voyant le parfum qu’elle lui avait volé au début de leur relation ainsi que la bague qu’il lui avait donnée et qu’elle avait conservée avec soin.

Avec du scotch, elle referma son carton, nostalgique de l’époque du lycée, lorsqu’elle avait croisée son regard pour la première fois. C’était bien la seule chose de bien qu’elle eût retenue de ses années de lycéenne.

Aujourd’hui, elle emménagée chez Cassian et si elle en était très heureuse, ce n’était pas le cas de son père.

—    Tu reviendras me voir, n’est-ce pas ? lui demanda-t-il en la regardant faire ses cartons.

—    Bien sûr que oui, je déménage juste. Je ne t’abandonne pas.

Il lui ouvrit ses bras et elle se nicha à l’intérieur humant l’odeur de son paternel, un léger pincement au cœur.

—    Je te laisse finir, si tu as besoin de quelque chose, je serais dans la cuisine.

Elle acquiesça avant de fixer la silhouette de son père partir. Elle se remit au travail, terminant son dernier carton avant de le descendre dans le coffre de sa voiture.

Heureusement qu’elle n’avait pas beaucoup d’affaire, juste quelques vêtements. Le plus gros était déjà chez Cassian, à savoir ses affaires pour peindre.

Elle était tellement excitée à l’idée de le voir, de peindre dans l’atelier qu’il lui avait préparé. Son cœur s’emballa en se disant qu’elle allait enfin réaliser son rêve, le rêve qu’elle avait depuis qu’elle était adolescente.

—    Je vais y aller, annonça-t-elle d’une petite voix. Tu vas me manquer.

Elle embrassa son père sur la joue et ce dernier la serra fortement contre lui.

—    Appelle-moi quand tu seras arrivée.

—    Je le ferais, promis.

Elle claqua la porte d’entrée derrière elle avec un sentiment de vide mais aussi de joie. A toute vitesse, elle rejoignit l’appartement du brun. Ce dernier l’attendait, visiblement tout aussi impatient qu’elle.

Il l’aida à décharger tous ses cartons, les déposant un peu partout dans l’appartement.

—    Le dernier carton, dit-il en le déposant par terre. Maintenant, il faut tout déballer. Je t’ai fait de la place dans l’armoire pour tes vêtements. Si tu en as envie, demain on pourra en acheter une plus grande.

—    Je verrais en fonction de ma fatigue.

Elle prit certains cartons, les emmenant avec elle dans la chambre qu’ils allaient occuper tous les deux. La chambre conjugale. Elle sourit en se disant cela, commençant à ranger ses vêtements dans l’armoire.

Alors qu’elle rangeait ses affaires, elle entendue un petit bruit métallique sur le sol. Elle regarda ce qui était tombé et fut surprise de trouver une lame. Une lame rouillée, certainement qu’elle devait être dans sa veste pendant les lavages en machines.

Elle fixa l’objet tranchant, se rappelant qu’il s’agissait de sa première lame. Celle avec laquelle elle s’était faite du mal pour la première fois. Elle déglutit, ses mains soudainement tremblantes.

Elle sortit de sa coque de téléphone la lame qu’elle avait délaissée depuis un moment. Elle tenue les deux dans ses mains, les comparants.

L’une était rouillée, abimée. L’autre brillait, comme si elle était neuve. Elle soupira, un sentiment étrange l’envahissant.

—    Tu veux manger quoi ce soir ? On peut commander si tu veux.

Elle sursauta et se tourna vers Cassian. Il perdit son sourire narquois en voyant les traits déformés de Pam. Elle était inquiète, en colère, triste et frustrée. Contre elle-même.

—    Tout va bien ? lui demanda-t-il en s’approchant.

Elle hocha la tête, un nœud se créant dans sa gorge, qu’elle repoussa aussitôt. Pour ne pas laisser les larmes couler, elle fixa le plafond quelques instants avant de soupirer.

—    J’ai juste…

Elle lui montra les lames qu’elle tenait et elle eut l’impression qu’il s’adoucit.

—    Qu’est-ce que tu veux en faire ?

Elle fronça les sourcils. Elle voulait s’en débarrasser ou les garder ? Elle n’y avait jamais vraiment pensé. C’étaient ses lames, elle en avait besoin car elles les réconfortaient quand tout allait mal.

Mais maintenant, tout allait bien.

—    Je, je n’en sais rien, balbutia-t-elle.

Elle baissa la tête vers le sol, confuse. Elle n’en n’avait plus besoin. Elle n’en n’avait jamais eu besoin. Pourtant, elle continuait à les trainer avec elle partout où elle allait, les utilisant uniquement lorsqu’elle n’allait pas bien.

Parce que ça la détendait, la faisait oublier sa douleur quelques instants. Mais elle ne voulait plus de ça.

—    Je veux changer, avoua-t-elle à voix basse.

—    Alors fait-le. Rien ne t’en empêche.

Il lui releva le menton, ses doigts chauds se posant sur sa peau froide lui firent l’effet d’un électrochoc.

—    Je serais toujours là pour toi, Muse.

Il déposa un doux baiser sur ses lèvres avant de lui caresser la joue délicatement. Son geste la fit frémir et elle prit une grande inspiration. C’était maintenant ou jamais.

Elle s’était infligée du mal parce qu’on l’avait blessée et ce n’était pas mérité. Elle ne voulait plus de tout ça. Elle voulait réapprendre à aimer son corps, oublier les atrocités qu’on lui avait fait subir.

—    J’avais toujours cru que c’était toi…Je t’avais tellement détestée…

—    Ne te focalise pas sur le passé. Le présent est merveilleux et le futur le sera davantage.

C’était si simple à dire, pourtant elle avait envie d’y croire.

—    Tu m’as aimée depuis le début. Même quand tu me détestais, tu m’aimais. Parce qu’au fond, tu savais que ce n’était pas moi.

Elle le détestait autant qu’elle l’aimait. Elle détestait l’aimer et tous les sentiments qu’elle ressentait lorsqu’il était à proximité. Elle détestait ces fichus papillons qui s’emballaient dès que leurs regards se croisaient et pourtant aujourd’hui, elle appréciait tout ça.

—    Tu as pris la grosse tête, réussit-elle à rétorquer, esquissant un léger sourire.

Elle serra les lames dans sa main, le cœur battant plus vite que d’habitude. Lentement, elle se dirigea vers la fenêtre avant de les jeter. Elle ne les quitta pas des yeux, jusqu’à ce qu’elles disparaissent de son champ de vision.

Cassian vint la serrer contre lui, tentant certainement de la réconforter. Il déposa un baiser dans son cou avant de mordre son lobe d’oreille.

—    Je suis là maintenant. Tu n’as plus à te faire du mal.

SPY AGENCY [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant