L'oubliée

60. Ness

Je suis nue dans ses bras.

— Est-ce que... ça va ?

Je lève la tête et le regarde. Il a été si doux pendant tout l'acte, et il semble encore vouloir s'assurer que je vais bien. Je ne le mérite pas. Mais à cet instant, je me sens tellement en paix. Tellement aimée.

— Tout est parfait.

Il me serre encore plus fort et dépose un baiser dans mes cheveux. Je n'aurais jamais pensé être si bien un jour. Je suis amoureuse. Matheo, putain de Jedusor, m'a fait tomber folle amoureuse de lui. Et chaque petite attention qu'il a me fait tomber un peu plus.

— Mon cœur, je ne veux pas du tout te lâcher, mais on ne doit pas rater ce train.

— Non...

Je cache ma tête dans son cou. Je ne veux pas revenir à la réalité. Quelle réalité de merde. Il me caresse tendrement les cheveux.

— Un jour, notre réalité sera bien moins merdique.

Je hoche la tête sans y croire vraiment. Finalement, je me lève pour me préparer, et Matheo me suit rapidement.

Nous sommes dans le hall d'entrée. Personne ne nous accompagne à la gare aujourd'hui, alors c'est l'heure des au revoir. Narcissa a un échange silencieux mais émouvant avec Draco. Elle déteste l'idée que, la prochaine fois qu'elle le verra, il aura tué son directeur. Elle ne veut pas qu'il prenne de risques.

Elle semble sentir mon regard sur eux et se tourne vers moi. Cette femme m'a donné le peu d'amour que j'ai reçu dans ma vie. Je sais qu'elle s'est toujours tenue à distance, trop attachée à son lien avec Draco pour avoir un jour cessé d'espérer que je puisse en avoir un identique avec sa sœur. Mais ça ne se passe pas comme ça.

Je hoche la tête dans sa direction, et elle fait de même. Nous nous ressemblons sur bien des aspects, bien plus que je ne ressemble à ma propre mère, en réalité.

Lucius est absent, sans doute au Ministère, occupé à faire en sorte qu'il implose de l'intérieur.

Nous allions partir quand un bruit de pas résonna. Le Maître était là. Pourquoi ? Il fixait Matheo d'un regard que je ne parvenais pas à déchiffrer. Je n'aime pas ça.

— Suis-moi, petit serpent.

C'est pour moi. Un surnom qu'il utilise de temps en temps. Toujours sur un ton qui ressemble plus à une menace. Une façon de me rappeler que je ne suis rien à côté de lui.

Je le suis sans un mot. Matheo tente de m'arrêter, mais je le fais lâcher prise d'un simple regard. Nous entrons dans un petit salon. Il n'y a pas ma mère, seulement lui et moi.

— Utilise l'amulette à ton cou. Personne ne doit entendre cette conversation.

Sans un mot, j'active l'amulette qui protège des écoutes extérieures. De quoi il veut me parler, putain ?

— Votre mission va subir un changement.

Je m'en doutais. C'est pour ça qu'il nous a fait revenir. Il manquait des informations, mais pourquoi rendre cela aussi secret ?

— L'armoire à disparaître de la Salle sur Demande a bien été réparée, n'est-ce pas ?

— Oui, Draco a fait un travail fantastique avec elle.

— Bien. Comme prévu, il fera en sorte qu'un groupe de Mangemorts, y compris ta mère, puisse entrer dans l'enceinte du château. Il les conduira à Dumbledore. Et il l'achèvera devant eux.