57. Ness

38 3 0
                                    



J'ai mal. Mais eux aussi.

Ma mère est partie il y a un moment, me laissant seule avec trois sorciers. Ennemis de la cause, a-t-elle dit. Elle m'a demandé de ne pas les tuer tout de suite. Étonnant. J'ai pétrifié le premier, enfermé le second dans un cercle de flammes, et suspendu le dernier ligoté jusqu'au plafond. Ils ne peuvent rien faire.

Des pas résonnent dans le couloir. Je me tiens prête, pensant qu'elle revient déjà. Mais quand j'entends un hoquet d'horreur à l'entrée du cachot, je me retourne.

Mathéo.

Putain, qu'est-ce qu'il fait là ?

Ma chérie, je vois que tu t'es bien amusée, lance ma mère en revenant derrière lui. C'est assez pour aujourd'hui. Tu peux les éliminer.

Je la vois se tourner vers lui, un sourire cruel étirant ses lèvres. Et là, je comprends.

Ce n'est pas juste mon test. C'est aussi le sien. Ils nous testent tous les deux.

Non, murmure-t-il, presque inaudible.

Son regard implore. Il veut m'arrêter, m'empêcher de faire ce qu'il ne comprend pas. Il ne réalise pas que je n'ai pas le choix.

Voyons, Jedusor, tu as peur de salir ta chemise? Ces gens-là sont nos ennemis. Même la pitié est trop bonne pour eux.

Je tente de capter son regard, de lui faire comprendre sans parler. Pas de réaction. Pas d'émotion. S'il réagit, il échoue. Nous échouons.

Je me détourne et m'approche du premier prisonnier. Mais discrètement je formule le sort de manière inaudible.

« Legilimens. »
Je plonge dans son esprit, cherchant à lui transmettre un message clair. Mathéo, garde ton esprit fermé. Ne réagis à rien. Tout ça, c'est un test. On doit réussir. Tu dois regarder et te taire.

Avada Kedavra.

Le premier sorcier ne pouvait même pas réagir. Mon Petrificus Totalus faisait encore effet au moment de sa mort. Je me dirige vers le cercle de flammes et le fais disparaître. L'homme à l'intérieur titube, ses dernières forces visibles dans ses yeux.

Je vous en supplie, balbutie-t-il. J'ai une fille...

Certains enfants s'en sortent bien mieux sans leurs parents, rétorqué-je froidement. Avada Kedavra.

Le deuxième corps tombe. Je respire profondément, sentant la brûlure du regard de Mathéo dans mon dos.

Il doit se contenir.

Le dernier sorcier, suspendu, me fixe.

Je ne vous supplierai pas. Ce serait vain. Vous êtes la preuve que cette idéologie doit cesser.

Je m'avance sans répondre.

— Vous récolterez tout le mal que vous semez. Vous mourrez dans d'atroces souffrances.

Qu'il en soit ainsi. Avada Kedavra.

Et son corps sans vide se balance sur les cordes. Le silence retombe, oppressant. Trois vies, envolées. Je me retourne lentement, croisant le regard de ma mère. Mais elle ne me fixe pas. Ses yeux sont rivés sur Mathéo.

Il reste impassible, son masque d'indifférence parfait. Mais je vois ses yeux. Ils crient.

Tu l'as entraîné? demande ma mère.

Elle ne le quitte pas des yeux.

Je lui ai fait rattraper son retard, répondu-je calmement.

Alors, voyons ce qu'il vaut. Un duel.

Mon estomac se serre.

Non, je ne veux pas me battre contre celle qui deviendra ma femme.

— Ce n'est pas un duel à mort. C'est un duel à sang. Le premier qui fait couler celui de l'autre gagne.

Je lui lance un regard rapide. Il veut insister, refuser, mais je lui fais signe de se taire. Nous devons obéir. Toujours.

Il s'avance vers moi, et je murmure à son oreille :

Ne retiens surtout pas tes coups. Blesse-moi, s'il te plaît.

Il ne comprend pas. Il veut encore refuser. Je ne peux pas faire ça. Pas à lui. Je ne le blesserai pas.

Nous prenons place chacun à un bout du cachot.

Expelliarmus.

— Protego.

Il attaque en premier. Bien. Mais je garde ma baguette, elle me sera encore utile.

— Sectumsempra.

Je ne bouge pas. Pas de protection. Pas d'esquive. Le sort me frappe de plein fouet, ouvrant ma peau en multiples coupures. La douleur est intense, mais c'est ce que je voulais.

Je vacille. Mes forces m'abandonnent, et je m'effondre.

Ness! Putain, Ness! Je suis désolé. Aidez-la! crie Mathéo.

Il ne doit pas. Pas d'émotion. Je force mon regard dans le sien, froid, impassible. Quelques secondes suffisent pour qu'il comprenne.

— Je ne connais pas la formule, murmure-t-il. Je ne sais pas comment te soigner.

Je ris, un rire cassé, amer. Et le regard de ma mère qui ne nous quitte pas guettant chaque failles

Je ne t'ai jamais appris les sortilèges de guérison. Ils sont inutiles pour soi-même. Et toi, Mathéo, tu n'es pas un sauveur. Tu es l'héritier du maître. Un tueur.

Ma mère se lève, son visage sévère.

Bien. Je vais chercher quelqu'un pour te soigner. Même si, vu ta défense ridicule, tu mérites de souffrir encore un peu.

Elle sort, me laissant là, baignant dans mon propre sang, avec un Mathéo plus perdu que jamais.

L'oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant