59. Ness

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Nous repartons ce soir pour Poudlard. Depuis l'épisode des cachots, ma mère a simplement mis fin à l'entraînement, puis a quitté le manoir, nous laissant avec mon oncle et ma tante. Matheo n'a pas quitté mon chevet depuis cet instant. Il s'empêche même de dormir, comme s'il craignait que je ne disparaisse dès qu'il fermerait les yeux. Et quand, épuisé, il finit par sombrer, il me serre si fort qu'il pourrait presque me faire mal. Mais je sens que ça lui est nécessaire.

Tu es bien trop concentrée pour un réveil, murmures-t-il sans même ouvrir les yeux.

Il m'a sentie cogiter. Toujours.

Désolée.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? À quoi tu penses ?

— Pour l'instant, il n'y avait aucune vraie raison de nous faire venir. Il ne nous a rien dit sur la mission, rien ajouté. Ça cache quelque chose.

Il grogne légèrement, mais pas d'agacement. Plutôt d'une lassitude teintée de tendresse.

Je trouve que leur test des cachots était déjà bien suffisant. Ne rêve pas de catastrophes inutiles, princesse.

Et, sans ouvrir les yeux, il m'attire un peu plus contre lui et dépose un baiser sur mon crâne. Je déteste le contact physique, je l'ai toujours détesté. Mais avec lui, j'en réclame. Toujours plus. Alors je me cale contre son torse, et je le sens sourire contre mes cheveux avant d'y déposer un autre baiser.

Tu as bien dormi ?

— Oui.

Je ne lui dis pas que je dors mieux quand il est avec moi. Ça me répugne de le penser. Je ne suis pas une gamine en manque d'amour, bon sang. Ou peut-être que si, finalement ?

Moi, personnellement, je ne me lasserai jamais de dormir avec toi.

Le Matheo confiant. Je souris malgré moi, et une chaleur familière monte à mes joues. Non, non, non, arrête ! Comment je peux perdre le contrôle comme ça ? Honteuse, je cache mon visage dans son torse. Mais son rire moqueur me parvient malgré tout, vibrant contre ma peau. Alors, dans un élan d'instinct (et de fierté blessée), je le mords légèrement.

Erreur.

En un instant, il inverse la situation et se retrouve au-dessus de moi. Son regard est intense, et la position... trop intime. Une proximité que je n'ai jamais connue avec qui que ce soit.

Tu veux jouer à ça, princesse ?

Sa voix est basse, presque rauque, et il mordille doucement mon cou. Une décharge traverse tout mon corps. Je sens la tension s'élever entre nous, palpable, étourdissante. Il relève la tête et plonge son regard dans le mien, si proche que je peux sentir son souffle.

C'est à moi.

Il a toujours fait le premier pas. Toujours. Mais cette fois, c'est à moi. Je m'avance et presse mes lèvres contre les siennes, brisant enfin cette attente insupportable. Le baiser est intense. Profond. Brûlant. Essentiel.

Il grogne doucement contre mes lèvres, et je m'écarte légèrement, à bout de souffle.

— Est-ce que ça va ? demande-t-il, sa voix adoucie par une inquiétude sincère.

Comment lui expliquer le tumulte dans ma tête, ce chaos de pensées et de sensations ? Avant que je ne puisse réfléchir, les mots sortent d'eux-mêmes :

— Je n'ai jamais... jamais...

Il rit doucement, mais ce n'est pas moqueur. Il embrasse mon front avec une infinie tendresse.

Nous n'avons aucune obligation, mon cœur, murmure-t-il. J'aime juste être là, avec toi, dans ce lit.

Je hoche timidement la tête, émue par sa douceur.

C'est Matheo. Lui seul a brisé toutes mes barrières. Moi, qui me suis toujours protégée du monde, il est entré dans ma vie et a tout chamboulé. Ce que je pensais ressentir pour Cedric n'était rien à côté de ça. Je lui fais confiance. Une confiance absolue.

Je veux t'offrir ma virginité, dis-je enfin, la voix plus assurée que je ne l'aurais cru possible.

Tu es sûre ? murmure-t-il, son regard se faisant plus sérieux.

Je hoche la tête, une assurance que je ne pensais pas posséder s'emparant de moi.

— Oui.

Un sourire adoucit ses traits.

Je te veux toi, Matheo.

L'oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant