Innocence volée (En Correction)

#1.

On ne peut expliquer notre vie quand nous ne l'avons pas vraiment vécue. Un matin, on se réveille et on se rend compte que nous avons 25 ans, nous sommes diplômées, mais finalement, nous ne sommes pas si heureux que ça. Vous savez faire des études pour se trouver une occupation, pour se dire "je suis capable de" et finalement se demander pourquoi on a fait ça ?
Je voulais venir en aide aux personnes, je voulais aider parce que j'en étais capable, et que je n'avais jamais eu l'aide nécessaire pour pouvoir me sortir de cette galère, mais quand votre travail devient un calvaire et une épreuve chaque jour, c'est difficile de se lever pour changer le monde ! En réalité, mes études étaient un peu une échappatoire à ma vie, à ma destinée.

J'ai passé ses dix dernières années à essayer de me rappeler la dernière fois que j'ai été heureuse, la dernière fois que j'aie ri ou même la dernière fois que j'ai porté une robe, et pour honnête, j'étais bien jeune pour que je m'en souvienne réellement... De mémoire, c'était un peu avant mes 14 ans, un peu avant que je rencontre le diable, le démon, enfin, appelait le comme vous voulez pour moi, c'était Satan !

La vie est drôlement mal faite par fois, certaines choses que vous voudriez oublier reste ancré dans votre mémoire, vous savez ces souvenirs que vous ne pouvez pas effacer, on a beau essayé de les chasser de notre esprit, de notre mémoire, il y aura toujours quelque chose qui viendra nous rappeler ce que nous ne voulons pas !
Et moi, je me souviens de cette nuit comme si c'était hier. À mon âge, ma poitrine était déjà bien imposante, et mes formes me rendaient plus adulte.
Ce soir-là, j'avais une nuisette pour pyjama, était-ce un crime ? Nous étions en été, il faisait très chaud, je me rappelle de chaque détail de cette nuit, de chaque odeur dans la maison, de chaque bruit, et même de cette putain de chanson qui passait à la télé. Je me souviens de lui avoir fait confiance, je me souviens de ses paroles, de ses gestes brusques, violents, mais aussi de ses caresses dont je ne voulais pas, je me souviens de mes larmes aussi, de mes cris que je ravalais pour ne pas être punie davantage, j'aurais voulu oublier sauf que cette nuit-là reste présente.

Oui, un jour, on se réveille et on se rend compte que nous avons 25 ans, que nous ne sommes pas vraiment heureux, que nous avons pourtant réussit au niveau de nos études, mais qu'au final nous sommes toujours bloqué à cette même époque de notre vie, cette époque qui nous a par la suite empêché de vivre et profiter pleinement de notre jeunesse.

Vous êtes-vous déjà demandé réellement ce qu'aurait pu être votre vie s'il n'y avait pas eu cet événement ? Est-ce que la mienne aurait été si différente si j'avais eu le courage, la force et l'intelligence d'aller porter plainte une fois, une seule fois ! Je ne sais pas, je n'en suis pas sûre.

Comment voulez-vous vivre avec cette peur, cette angoisse constante !? Avez-vous déjà eu cette sensation étrange d'être toujours suivis, épiée ou même observée ! Comment vivre alors que vous devez faire attention à chaque mot, chaque phrase que vous dites pour ne pas laisser croire quelque chose à autrui, quelque chose de mal interprétée.
J'ai 25 ans et pourtant, je n'ai pas l'envie de prendre soin de moi, ni de me maquiller tous les matins, encore moins de faire les magasins pour acheter les derniers vêtements tendances ou les dernières chaussures. Je déteste me regarder ou être vue alors je me cache derrière ces vêtements trois fois trop grands pour moi, mais qui font barrière à toutes les mauvaises personnes ayant de mauvaises pensées.

Ma vie s'est arrêtée lorsque j'avais 14 ans, je n'ai pas connu de premier amour, encore moins de premier baiser, et ni réellement de première fois. Je ne suis que l'ombre de moi-même puisqu'il m'a tout pris. Cette nuit-là, il n'a pas seulement pris ma virginité, mais il a embarqué ma jeunesse, mon insouciance, ma joie de vivre, ma personnalité, et surtout mon âme.
Chaque nuit, j'y repense, j'aurais simplement voulu avoir la force et le courage de lui dire stop, je n'ai pas réussi ni à le repousser, ni à l'empêcher...