Pourquoi est-ce un homme qui se tient devant moi et non une femme ? Pourquoi Julia ne m'en a-t-elle pas informé ?
Cela semble impossible, elle ne ferait pas une telle chose, elle qui est ma meilleure amie avant tout.
Je ressens une décomposition interne, mon cœur bat la chamade, une chaleur intense envahit mon être à sa vue qui s'approche. Non, pas ça...
Que dois-je faire ? Prendre la fuite ou rester paralysé devant lui ?
J'essaie désespérément de fuir, mais en vain, rien ne se produit, je reste immobile comme une enfant réprimandée par son père, les yeux baissés. Les jambes tremblantes, je suis figé sur place, comme la petite fille que j'étais autrefois...
Ce n'est pas lui, ce n'est pas lui ...
Je tente en vain de me répéter ce mantra dans ma tête, mais cela ne change rien, je ne me sens pas mieux.
- Salut moi c'est Thomas.
Dès que je le vois tendre la main vers moi, c'est instinctif, mes réflexes d'autrefois ressurgissent et je me retrouve à reculer d'un pas pour éviter tout contact. C'est peut-être difficile à saisir, mais pour moi, il représente un danger. Je me sens oppressée en sa présence, piégée, sans savoir comment réagir dans cette situation.
- Je suis désolé, ce n'était pas mon intention de te faire peur.
Sa main se replace dans la poche de son jogging et je le vois se rapprocher de Julia. Elle ne me jette même pas un regard, et au fond j'essaie de comprendre son choix tout en lui en voulant de cette faute, cette sorte de trahison.
Je reprends enfin mes esprits, m'éloignant de cet homme. Je ne lui ai pas adressé la parole, n'ai pas serré sa main. Mon regard se pose sur ma meilleure amie, mêlant déception et colère.
- Bureau et tout de suite. Dis-je d'une voix plus dure que je ne l'aurais voulu.
Elle ne réplique pas, me suit. J'essaie de contenir cette colère qui bouillonne en moi, mais c'est impossible. Si seulement elle m'avait prévenue, mais non ! Elle m'a menti en utilisant le pronom « elle », alors qu'il s'agissait finalement d'un « lui ».
La porte de son bureau se referme derrière nous, et là, malheureusement, j'explose.
- Comment as-tu osé, Julia ? Un mec ici pour bosser avec nous ? Non mais tu as vraiment perdu la tête ?
Je fais les cent pas dans la pièce. Elle tente de me calmer.
- Laisse-moi t'expliquer et calme toi.
Calme toi ? Elle ose me dire ça !
- Comment puis-je me calmer alors que mon pire cauchemar est en train de se réaliser ?
Elle reste debout près de la porte.
- Je n'ai trouvé personne d'autre, Kiara, crois-moi. Sinon, j'aurais tout fait pour éviter cette situation.
- Alors évite là, il n'est pas trop tard !
- Non Kiara, je ne le ferais pas.
- Julia ...
- Non, c'est mon bébé, mon entreprise Kiara. Je ne te laisserai pas me dire comment la gérer. J'ai fais des efforts, j'ai accepté toutes tes exigences à l'appartement, même ici au boulot. Mais ça, non. J'ai besoin de lui et de toi aussi.
Depuis bientôt 6 ans, Julia a supporté mon mode de vie sans jamais se plaindre. Cependant, je ressens que cela devient pesant pour elle. Je suis conscient(e) qu'elle a un copain depuis environ 6 mois, mais elle ne souhaite pas me le présenter, craignant ma réaction. Bien qu'elle m'en ait parlé brièvement, je n'ai jamais posé de questions sur sa relation avec lui. Je réalise que Julia a toujours tout accepté sans rien demander en retour, mais maintenant, cela semble trop exigeant. Je sais que c'est à moi de faire un effort, mais la tâche est difficile. Chaque geste d'un homme me ramène à lui, chaque fois j'essaye de prendre sur moi mais la crise de panique m'embarque dans mes propres ténèbres et j'ai peur.
- Kiara, je comprends que cela soit difficile pour toi, mais je te prie de bien vouloir essayer. S'il te plaît, fais un essai d'au moins un mois.
- Une semaine.
- Deux semaines, et ensuite nous évaluerons la situation.
Je ne peux rien refuser à Julia, surtout lorsqu'elle me regarde avec ses yeux de petite fille triste.
- Si je constate que cela ne fonctionne pas, je te jure que je chercherai quelqu'un d'autre !
- Vraiment ? Promis ?
- Oui, promis. Mais essaie au moins de communiquer avec lui !
Elle quitte son bureau et va probablement rassurer le nouveau. Comment s'appelle-t-il déjà ? Ah oui, Thomas, il me semble !
Je reste assise, tentant de me calmer encore un peu.
"Respire, Kiara, respire," me dis-je.
C'est plus facile à dire qu'à faire, surtout que je vais passer l'après-midi avec...
Je m'interdis de le comparer à lui... Depuis, je n'ai plus jamais laissé un homme pénétrer dans mon espace vital. Je ne suis pas sortie, je ne suis jamais allée au cinéma avec un garçon, et encore moins laissé quelqu'un s'approcher. Maintenant, je n'ai pas d'autre choix que de lui parler et de l'avoir à mes côtés pour qu'il apprenne. Je prends un médicament contre le stress, j'en ai vraiment besoin. Après tout, affronter la situation est comme se jeter dans la gueule du loup pour moi.
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Innocence volée (En Correction)
RomanceOn ne peut expliquer ce que l'on ressent, honte, dégoût, colère, haine voilà les émotions, mes sentiments. J'étais si jeune et impuissante, j'étais sa chose, son objet, sa marionnette, sa poupée .... On ne peut décrire ce que l'on ressent, on essa...