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La salle devrait être fermée aujourd'hui et, comme d'habitude, je vérifie que la porte est bien verrouillée. Entendant des pas se diriger vers la salle de boxe, mon cœur s'emballe. Bien que je sache me défendre, face à une personne, je perds tous mes moyens, la peur l'emportant sur mon courage.

Les pas se rapprochent rapidement dans ma direction et je ne sais pas comment réagir : dois-je fuir ou rester et faire face à cette personne ?

La porte s'ouvre, mes yeux se ferment et je tente de me persuader que tout ira bien, mais l'anxiété l'emporte sur moi.

- T'es qui toi ?

Cette voix masculine me fait sursauter. 

"Respire, Kiara, respire," me dis-je, mais ces mots ne m'apaisent pas et aucun son ne parvient à franchir mes lèvres.

- Comment es-tu entré ici ?

Je dois lui parler, sinon la distance entre nous diminuera.

- Euh, comme toi, je suppose, avec la clé.

- Oui, mais comment as-tu obtenu cette clé ? Laisse-moi deviner, tu es une autre de ses conquêtes, n'est-ce pas ?

Quoi, mais pour qui se prend-il, celui-là ? J'ai eu ma clé de la part de Julia, ce qui signifie que... Non, je chasse cette idée et cette image de ma tête et je me force à lui répondre.

- Je ne comprends pas de quoi tu parles, ni de qui d'ailleurs. 

- C'est ça ouais ! 

- Sérieusement c'est la vérité, j'ai eu la clé par mon amie.

- Je lui avais dit d'arrêter de donner sa clé, me dit-il en déposant ses affaires sur le banc à côté des miennes. 

Après avoir terminé, il s'assoit en face de moi à nouveau. Je reste immobile, tentant de calmer mon rythme cardiaque et cherchant désespérément une échappatoire, d'autant plus qu'il me regarde d'une manière que je trouve déplaisante.
Il n'y a pas d'autre solution, je dois sortir d'ici. Pour cela, je n'ai pas le choix, je dois rassembler mon courage et partir, tout en récupérant mon sac qui est à côté de lui.

Je parviens enfin à bouger et j'avance vers le banc, quand soudain, il me saisit le bras. Un geste que personne, pas même Julia, ne m'avait infligé depuis longtemps. Mon réflexe ne lui plaît guère, car avant même qu'il ne le réalise, mon poing a déjà rencontré sa tête, le forçant instinctivement à lâcher prise. Ignorant ses insultes incessantes, je me précipite vers la sortie, déterminée à m'éloigner le plus rapidement et le plus loin possible de lui.

Une fois dans la voiture, je l'ai aperçu à travers la vitre. Il me fixait et la panique m'a envahie, mes mains tremblaient tant que je n'arrivais pas à démarrer la voiture. Juste au moment où il s'approchait, le moteur ronronna enfin et je pris la route. Il fallait que je me calme, mais ma respiration était saccadée. Je ne pouvais m'empêcher de fixer mon bras là où il avait posé sa main; une chaleur s'était propagée suivie d'une sensation de froid et de picotements. Je ne savais plus, mais je devais effacer toute trace de son contact.

Lorsque je rentrai, Julia n'était pas encore arrivée. Je me dirigeai vers la salle de bain, pris une douche et frottai si fort mon bras pour effacer toute trace de son contact que ma peau devint rouge et irritée. Son toucher avait ravivé mes pires cauchemars, me ramenant en quelques minutes à mes 14 ans. Je ne pris même pas la peine de dîner et allai me coucher, tentant d'oublier cette terrible journée.

Vers 2 heures, je me réveille en sursaut, en sueur, à cause d'un cauchemar différent des autres cette fois. Il m'avait retrouvé et avait recommencé. jJe n'avais plus quatorze ans, car c'était maintenant.
J'avais l'impression qu'il était venu pendant mon sommeil et qu'il avait effleuré ma joue. J'ai également senti son souffle chaud sur mon cou et il me chuchota que j'étais toujours à lui...
Je souhaitais vérifier si Julia était rentrée, mais c'est elle qui est entrée la première dans ma chambre.

- Hey ça va ?!

- Non pour être honnête.

- Tu souhaites en discuter ? Je racontais rarement mes cauchemars à Julia, mais cette fois, je voulais lui décrire ce qui s'était passé dans la salle et pourquoi ce cauchemar était si différent.

- J'avais l'impression qu'il était dans ma chambre, Julia. J'ai senti son souffle sur mon cou, ses mains effleurer ma joue et ses mots, il m'a dit que je lui appartenais toujours. Julia, j'ai vraiment cru qu'il était là, je te jure, c'était terrifiant.

- Viens ici, ma chérie. Tout va bien, je suis là, tu n'es plus seule désormais et il n'est pas ici. Tout est sécurisé avec tes cinquante verrous à la porte.

Elle exagère peut-être, mais il est vrai que j'ai demandé à Julia de renforcer la porte avec au moins quatre verrous pour me sentir vraiment en sécurité.

- Ce n'est pas tout Julia.

- Qu'est-ce qui s'est passé d'autre dans ce cauchemar ?

- Non, ce n'est pas dans mes cauchemars, bien que cela pourrait l'être. En fait, c'était à la salle Julia, un homme est entré et m'a touché le bras.

- Comment ça il t'a toucher ? Et qui est-ce ?

- Je ne sais pas, je n'ai pas engagé la conversation, tu sais. Je voulais juste partir, mais avant que je puisse le faire, il m'a attrapé par le bras, alors je l'ai frappé.

- Tu l'as frappée ? Mais pourquoi ?

- Je ne sais pas, je pensais qu'il était comme lui, j'ai eu peur et je suis partie.

- Oh ma chérie, viens ici.

Julia m'enlace comme une mère le ferait avec son enfant, caressant mes cheveux pour me calmer.

- Julia dort avec moi cette nuit s'il te plaît.

- Décale-toi un peu, s'il te plaît. Par contre, si tu ronfles, je te réveillerai.

- Merci ma Julia. Dors bien.

- Je t'aime aussi Kiara. Bonne nuit.

Je souris naïvement en l'entendant dire ces mots, et même si je ne parviens pas à le lui exprimer aussi clairement qu'elle, je sais qu'au fond, elle en est consciente.

Innocence volée (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant