Il est vrai que mon après-midi aurait été plus agréable si ma meilleure amie m'avait épargné cette rencontre désagréable, pardonnez l'expression. Pour moi, les hommes représentent un danger.
Je reconnais que je juge souvent les gens trop rapidement sans vraiment les connaître, mais je ne parviens pas à m'entendre avec les hommes. Malheureusement, je les mets tous dans le même panier, celui des monstres.
- Ça a été, Kiara ?
- Je pense que tu connais déjà ma réponse, Julia.
- Oui, mais j'aimerais que pour une fois tu sois objective.
- Oui, il semble bien travailler, si c'est ce que tu veux savoir.
- Pourrais-tu faire un effort de communication avec lui, s'il te plaît ?
Un effort de communication, bien sûr, je lève les yeux au ciel et décide que cette conversation ne mènera nulle part, donc je m'en vais.Où vas-tu ?
- Ne m'attends pas pour dîner ce soir, je serai à la salle de boxe.
- D'accord, je ne serai pas là non plus, je dîne dehors.
- Parfait. Bonne soirée alors.
Je ne suis pas vraiment de bonne humeur, je reconnais que je n'ai pas été très tendre avec elle aujourd'hui. Je sais précisément où elle sera, mais je me demande combien de temps encore elle va continuer à me cacher sa relation. Enfin, à ne pas m'avouer ouvertement qu'elle est avec son petit ami quasiment tous les soirs.
Il est vrai que Thomas semble gentil et honnête, mais n'oublions pas qu'il faut toujours se méfier des apparences.
Je n'ai pas toujours été aussi distante et méfiante envers les hommes; au contraire, étant jeune, je jouais principalement avec eux. Ma mère avait toujours rêvé d'avoir une fille, une petite princesse, mais les espoirs qu'elle fondait en moi se sont dissipés le jour où il m'a tout pris... J'ai cessé d'être la princesse de ma mère, j'ai cessé d'être moi-même tout simplement.
Malgré le fait que je jouais souvent avec les garçons, à la grande déception de ma mère, je faisais l'effort de m'habiller en fille pour les occasions spéciales. Mais depuis ce jour, je suis devenue un fantôme parmi les vivants.
Avant, cela me faisait pleurer quand j'y pensait, mais aujourd'hui, je n'ai plus que ma colère et ma rancune à offrir. La boxe m'a aidée à me relever dans un moment difficile de ma vie; j'ai compris que chaque coup qui me faisait chuter me rendrait plus forte, et c'est exactement ce qui s'est produit. J'ai appris à vivre avec mes chutes et mes blessures. J'ai plus ou moins appris à boxer seule; quand j'ai demandé un sac de frappe à mes parents, ils ont été surpris mais ne m'ont jamais demandé pourquoi. Je pouvais passer des journées entières à frapper, surtout après les nuits où il venait, et je pleurais en silence.Il est presque 20h lorsque j'arrive à la salle de boxe. Le lundi, celle-ci est normalement fermée, mais je peux y accéder car Julia connaît le propriétaire. D'une manière ou d'une autre, elle a obtenu une clé pour que je puisse m'entraîner.
Aujourd'hui, plus que jamais, j'ai besoin de me défouler et de frapper dans un sac. Cette colère envers ces hommes persiste, et le fait de devoir collaborer avec l'un d'eux ravive des souvenirs que je n'arrive pas à effacer.
Je traverse les vestiaires pour me changer. Une fois prête, j'apprécie ce moment seule dans la salle vide et silencieuse.
Je dépose mon sac sur le banc dans la salle, puis je m'allonge au centre du ring.
Je ferme les yeux et j'écoute le silence, je sens l'odeur du cuir mélangée à celle de la transpiration. Je m'imagine parmi toutes ces personnes qui s'entraînent, riant et m'entraîner avec eux, vivant simplement une vie comme tout le monde.
Depuis l'âge de 14 ans, je lutte contre moi-même. J'essaie de profiter des moments que la vie m'offre, mais je sais que je suis différente, je sais que je ne suis pas vraiment heureuse.
Je me lève finalement et quitte le ring pour me diriger vers le sac de frappe.Je mets mes bandes de protection, puis j'enfile mes gants et je prends position pour frapper. Mon échauffement commence lentement, puis j'accélère le rythme et intensifie la puissance de mes coups. Jusqu'à ce que chaque coup que je frappe me rappelle cette nuit. Je n'ai pas réussi à lui en donner un seul, cela me rappelle combien j'ai été faible et impuissante face à ce monstre, et surtout, cela me rappelle qu'il est toujours en liberté.
Depuis trente minutes, je frappe ce sac et cette poire, tentant de visualiser un visage à chaque coup porté, mais le seul que je parviens à imaginer est le mien. Le mien lorsque j'avais 14 ans. Je me déteste. Je déteste la petite fille que j'étais, si seulement j'avais été un peu moins mature pour mon âge. Je frappe, je frappe, je frappe encore, jusqu'à ce que mes bras soient épuisés.
Je fais une pause pour boire et me reposer cinq minutes avant de continuer mon exercice, quand un bruit de porte me fait sursauter.
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Innocence volée (En Correction)
RomanceOn ne peut expliquer ce que l'on ressent, honte, dégoût, colère, haine voilà les émotions, mes sentiments. J'étais si jeune et impuissante, j'étais sa chose, son objet, sa marionnette, sa poupée .... On ne peut décrire ce que l'on ressent, on essa...