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Il ne reste que 10 minutes avant le début de mon cours, et j'essaie au mieux de m'adapter à sa présence. Même si l'air que je respire est le même que le sien, je dois faire avec et je ne peux m'enfuir... 

Je prépare mon café lorsque j'entends ses pas s'approcher. L'angoisse m'envahit, la peur me paralyse, et ma tasse m'échappe des mains pour se briser au sol. Autour de moi, le monde s'efface, seul persiste le son du verre brisé. Je reste immobile, pétrifiée par sa présence. La collaboration me semble un défi insurmontable... Je tente de me concentrer sur ma respiration, mais c'est la sienne que j'entends. Il est là, tout près, encore une fois. Je ferme les yeux plus fort, mais je l'entends toujours. Il faut que cela cesse, il doit partir, pas ici, pas maintenant...

- Ca va ?

Je l'entends me parler, mais je ne peux ni le regarder ni lui répondre. J'ouvre à nouveau les yeux et le vois faire un pas vers moi, se rapprochant davantage. Levant les yeux vers lui, je vois sa main s'approcher de mon épaule. Non, pas ça, il ne peut pas me toucher, personne ne le peut. Je perds mon souffle, en proie à une panique totale. J'ai besoin d'aide, je ne pourrai pas supporter ce contact, je ne peux pas...

- Non, non non...

- Kiara, qu'est-il arrivé ?

Soulagée, Julia se précipite vers moi comme si elle voulait me protéger de cet homme qui, à mes yeux, est un monstre... Son arrivée me sauve, et elle fixe Thomas, attendant des explications.

- Elle a laissé tombé sa tasse quand je me suis approché d'elle.

Julia me regarde avec compassion, comme si elle cherchait à se faire pardonner de ce qu'elle m'inflige. Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, du moins pas plus que je ne le fais déjà...

- Je n'ai rien c'est bon.

Je me relève sans avoir remarqué que j'étais tombée, mes jambes tremblent et peinent à me soutenir, paralysée à la vue de cet inconnu qui va devoir collaborer avec moi. Julia le remarque et tente d'éloigner Thomas le plus possible.
Je me redresse difficilement, tentant de rassembler mes pensées, tandis que Julia s'approche pour m'aider à me remettre complètement debout.

- Kiara, je te demande simplement une après midi finalement.

Je sais que Julia compte beaucoup sur moi, et je suis également consciente que sa situation financière est difficile. Je ne peux pas la laisser seule avec ses problèmes; elle a toujours été là pour moi, et je lui dois bien cela. Je dois faire un effort pour elle.

Une fois que j'ai repris mes esprits et organisé mes idées, je me dirige vers mon cours, prête à y faire face tout l'après-midi ...
Voilà comment les choses se passent : j'essaie de l'éviter autant que possible, même si Julia m'a demandé d'évaluer un peu son travail. Après tout je ne peux pas me concentrer sur mes cours, ma respiration, et sur lui en même temps.

Il me lance de nombreux regards, me demande fréquemment si c'est la bonne manière de faire sans autre alternative, mais je ne réponds pas par des mots, je me contente de hocher la tête. Parfois, il soupire, lève les yeux au ciel ou me lance des regards sombres, mais je ne dis rien et ne fais rien pour l'aider. Le dernier cours a enfin lieu et il range le matériel avec moi.

- Ça a été ? me demande-t-il de nouveau. 

Cela devient une habitude chez lui ! Je hoche la tête pour répondre et me dépêche de retourner aux vestiaires avant de revenir au bureau. Une fois à la porte, Julia discute avec lui de son après-midi.

- Ça a été, Thomas ?

- Oui, je pense... enfin, je ne sais pas. Je sais que c'est seulement mon premier jour, mais je ne m'attendais pas à être jugé aussi sévèrement !

- Écoute, la situation avec Kiara est compliquée, elle est différente, mais cela ne signifie pas qu'elle ne t'apprécie pas ou qu'elle pense que tu travailles mal. Je vais parler avec elle pour comprendre son point de vue et nous en discuterons demain.

- Bonne soirée, merci Julia.

- Bonne soirée Thomas. 

Il sort juste au moment où je m'apprêtais à partir, bravo Kiara, au moins maintenant il sait que tu écoutes aux portes ! Il passe si près de moi qu'il me frôle, et une fois de plus, je suis saisie de panique... Je respire profondément, il s'en va, et je peux enfin respirer à nouveau.

Innocence volée (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant