Innocence volée (En Correction)

#19

Je ne supporte pas ce regard, celui qu'elle pose sur moi. Pour quelle raison est-elle réellement revenue ?
Julia et Thibault présentent leurs excuses et partent en souhaitant la bienvenue à ma sœur pour le dîner de ce soir, en nous disant qu'ils nous attendent. Génial, moi qui ne voulais pas y aller !

- Ils semblent sympas !

- Pourquoi es-tu ici, Karen ?

- Pour te voir, Kiara.

- Tu n'as jamais été douée pour me mentir, alors dis-moi, pourquoi es-tu venue ?

- Tu m'as manqué, Kiara.

- Et ensuite ?

Je savais que Karen me cachait quelque chose. Je voulais simplement qu'elle me révèle la véritable raison de sa visite.

- Je suis inquiète pour toi, Kiara, voilà, es-tu satisfaite maintenant ?

-Pas vraiment, je n'ai pas besoin que l'on s'inquiète pour moi.

- Si, et je pense avoir bien fait.

- Pourquoi cela ?

- Regarde-toi, Kiara, tu as vu à quel point tu es... Elle désigne mon corps, ma tenue et ma tête d'un mouvement de main. Si triste...

- Karen, rentre à la maison.

- NON.

C'était la première fois que ma sœur criait sur moi, son "non" était si autoritaire et si ferme.

- Non, je veux savoir ce qui s'est passé pour que la famille se déchire ainsi.

- Alors demande à nos parents.

- C'est drôle parce qu'ils m'ont dit de te demander.

- Alors tu n'as pas à savoir, Karen.

-Je veux savoir, et je le découvrirai tôt ou tard, Kiara. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je sais que les parents t'en veulent, et que Kévin et Kaleb sont aussi partis à cause de cet événement.

Mes frères sont partis, je ne savais pas ça ! J'ai rompu tout contact avec eux après mon départ, mais ils n'ont pas non plus cherché à renouer. Mes frères me manquent, mais ils m'ont aussi tourné le dos.

- Pose tes affaires, on y va.

- Tu ne savais pas, n'est-ce pas ?

- J'ai dit de poser tes affaires, Karen.

Elle ne discuta pas davantage et posa ses affaires. Je pris mes clés de voiture et l'emmenai avec moi ; je ne voulais pas rester là, dans l'appartement, avec elle.

Pendant le trajet, nous restions silencieuses toutes les deux. Je me demandais si elle se portait bien, ce qu'elle devenait, et surtout si elle était heureuse.

- Oui, je vais bien, Kiara.

- Comment sais-tu que je me posais cette question ?

- Souviens-toi, avant, sans parler, on savait ce que l'autre pensait.

Elle n'avait pas tort, j'étais très proche de ma petite sœur. La séparation a été la plus dure et j'ai pleuré longtemps, mais la revoir me rend heureuse malgré tout.

- Alors, que fais-tu ? Comment vont tes études ?

- Mes études se passent bien. Ma vie est un vrai désordre, si tu veux tout savoir, mais je vais bien.