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Nous voici, deux jours après que j'ai pris rendez-vous avec la psychologue, et cela fait également deux jours que Julia n'est pas vraiment revenue à l'appartement, à part pour récupérer quelques affaires. Devrais je m'inquiéter ou ses absences nocturnes ne sont-elles que temporaires ? Nous avons tenu notre soirée film comme prévu, et elle a mentionné qu'elle serait probablement de plus en plus absente. Je n'ai pas réagi à cette nouvelle, et mon absence d'émotion l'a visiblement perturbée, puis elle est allée se coucher.

Je suis aussi stressée que lorsque j'ai dû repasser mon bac une seconde fois, ou mon permis de conduire une quatrième fois !!! Bien qu'aucun diplôme ou permis ne soit en jeu à l'issue de cette consultation, l'idée de devoir simplement parler me remplit d'angoisse.

Julia m'a laissé l'après-midi libre pour ce rendez-vous, qui semble plus important pour elle que pour moi, à vrai dire... J'ai l'estomac noué et je sens le stress monter crescendo...

Me voilà de nouveau devant cette imposante porte en bois, me sentant toute petite face à elle. Une porte ne devrait pas m'effrayer, ni m'impressionner, et pourtant, elle m'inspire une terreur sans nom. Je l'ai déjà franchie une fois, donc cela ne devrait pas être aussi difficile une seconde fois...

Je respire profondément, je pose ma main sur la poignée ornée d'une tête de lion, symbole de force intérieure, souvent associé à une image positive de la confiance en soi ou du pouvoir personnel. Ironiquement, je n'arrive même pas à pousser cette porte, quelle confiance en moi ! Je choisis de renoncer, c'est plus simple. Alors que je me retourne pour partir, quelqu'un sort du cabinet... Le destin... Je saisis l'occasion pour entrer, sachant que je n'aurais pas eu la force de la pousser moi-même. Et me revoilà face à la secrétaire.

- Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour, j'ai rendez-vous à quatorze heures avec Me Wispelaére.

- Votre nom ? J'ai envie de dire agréable comme une porte en bois !

- Queen, Kiara Queen.

- Très bien, vous pouvez y aller. Veuillez patienter dans la salle d'attente, Me Wispelaére viendra vous chercher.

C'étaient probablement les cinq minutes les plus interminables de ces dernières années. Cinq minutes durant lesquelles je me suis interrogée sur le déroulement de cette séance, cinq minutes à imaginer tous les scénarios possibles et inimaginables, cinq minutes à maudire Julia de m'avoir persuadée de venir, me libérant pour mon après-midi, et enfin, cinq minutes à me ronger les ongles.

- Mademoiselle Queen.

Je me lève et pénètre dans ce que j'appellerais la salle de torture, au vu de ce qui m'attend, je ne peux la nommer autrement.

Contrairement à ce que j'avais imaginé, la pièce est lumineuse, dépourvue de bureau, meublée seulement de deux fauteuils face à face et d'une petite table basse faisant office de bureau.

Le bois domine l'espace, une fausse cheminée trône à l'extrémité de la pièce et un piano blanc est installé à côté. Trouver un piano ici est pour le moins surprenant !

Alors que j'examine les lieux, elle m'observe aussi. C'est curieux, j'avais envisagé qu'un canapé trônerait au centre de la pièce, comme dans les films, mais cette salle déroge à la règle. Mon regard continue de parcourir l'espace quand je remarque le miroir derrière elle. Impossible, je ne veux pas me voir, je ne suis pas prête à cela.

- Installez-vous confortablement, Kiara. Puis-je vous appeler par votre prénom ?

Je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? Pour me détendre, elle doit me mettre à l'aise, et m'appeler par mon prénom semble être une bonne approche. Je hoche la tête en signe d'assentiment. Cependant, je ne suis pas du tout à l'aise à cause de ce miroir derrière moi. Je dois lui demander de le couvrir ; je ne veux pas, je ne peux pas me voir.

Innocence volée (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant