Aeternam Galaxia

➳ Chapitre 17 : Jennifer

Je ne vois que des images floues qui se succèdent devant mes yeux sans que je n'arrive à les interpréter. J'ai l'impression d'être encore dans l'eau. Tout tangue. Je ressens une douleur lancinante au niveau de mon abdomen qui se propage dans tout mon corps. Je veux bouger, mais je n'y arrive pas. J'ai les muscles tout engourdis. J'essaie de me concentrer, comprendre ce qui se passe, où je suis, mais il m'est impossible d'aligner deux pensées cohérentes. Je veux garder les yeux ouverts, mais je sens qu'ils se ferment progressivement. J'ai les paupières lourdes et je ne supporte plus cette horrible douleur. Je veux qu'elle cesse. Je n'en peux plus, je n'en peux, je n'en peux plus...

- Jennifer ? Jennifer ?!

    Quelqu'un me secoue fortement l'épaule. J'entrouvre péniblement les yeux et découvre le visage de Tyler penché au-dessus du mien.

- Ouf, j'ai cru que tu te réveillerais jamais. Tu m'as fait peur, tu sais ?

    Je ne l'écoute qu'à moitié, toute mon attention semble être centrée sur la douleur toujours bien présente. Je tente de me relever en position assise, mais je m'arrête aussitôt en gémissement. J'ai beaucoup trop mal.

- Attends, je vais t'aider si tu veux, me propose Tyler.

    Je hoche la tête et il place délicatement l'une de ses mains sous mon dos et l'autre devant mes épaules avant de me tirer vers le haut. J'étouffe un cri en me mordant la lèvre inférieure, tellement fort qu'un filé de sang coule le long de mon menton.

- Désolé... Ça va ? (Je lui lance un regard en haussant un sourcil.) Hum, non évidemment, question stupide.

    Je regarde autour de moi. Nous sommes dans une petite pièce, ou plutôt une cellule de quelques mètres carrés. Il n'y a absolument rien, même pas une chaise ni une fenêtre. Nous sommes assis à même le sol de couleur noir, ressemblant à de l'obsidienne. La seule entrée ou sortie se trouve devant nous. On dirait une sorte de membrane translucide bleuâtre.

- Ils ont dit que c'était électrifié, me prévient Tyler.

     Et effectivement, en regardant bien attentivement, on peut apercevoir de légers éclairs traverser la surface lisse, comme si un courant y circulait.

- Où sont les deux autres ? je lui demande alors.

- Aucune idée, ils les ont emmenés ailleurs. Ils n'ont parlé que dans leur langue presque tout le temps, alors en gros tout ce que je sais, c'est que cette espèce de... mur translucide est électrifié et qu'ils ne nous ont pas mis dans des cellules séparées parce que, d'après eux, même dix humains n'équivalent pas à un Haera. Donc on a aucune chance de sortir.

- Alors la gamine et l'homme doivent être séparés ?

- Sûrement.

    Nous ne parlons plus pendant de longues minutes. De temps en temps, Tyler lance des regards inquiets sur ma blessure, que je n'ai d'ailleurs toujours pas regardé. J'ai trop peur de la voir. A chacune de mes respirations haletantes, j'ai l'impression qu'un second cœur bat dans mon abdomen. J'ai constamment la sensation que des milliers d'aiguilles me transpercent en même temps le ventre. Je suis en sueur. En ce moment, j'ai juste envie de mourir, que cette vie de merde s'achève immédiatement.

Ça m'ait déjà arrivé d'avoir ce genre de pensées, mais à chaque fois, il me suffisait de regarder Zacharie pour avoir encore le courage de continuer. Sauf qu'aujourd'hui, Zack n'est pas là. Il n'est pas avec moi parce que j'ai décidé sur un coup de tête de m'embarquer dans quelque chose qui me dépasse. Sans penser à lui. Maintenant, je vais le payer de ma vie, parce que j'en suis sûre, je vais crever dans cette cellule. Bizarrement, je me dis que ce n'est pas si mal, que si jamais je ne meurs pas dans les prochaines heures, je m'achèverai moi-même.