Aeternam Galaxia

➳ Chapitre 9 : Yoran

Il s'appelle Dylan. Nous lui avons laissé son nom humain. Il est le cobaye pour les nouveaux arrivants de la secte. Ils s'entraînent à l'hypnotiser pour réussir du premier coup le moment venu.

Grand, roux et mince comme un fil, le jeune homme est tenu captif depuis quasiment le début de la guerre. Mais il n'a pas à se plaindre, nous nous occupons très bien de lui. Mieux il se porte et mieux il nous sert. Il doit avoir une vingtaine d'années. Pour nous, cet âge correspond à celui d'un enfant, pourtant, il a le physique d'un adulte. Il comprend parfaitement notre langue grâce à l'implantation de traducteurs neuraux dans son cerveau, et nous le comprenons également grâce à ce même système.

Aujourd'hui, on m'a chargé d'aller le chercher dans sa cellule. Enfin, si l'on peut appeler une ocraoc toute équipée avec seulement une porte blindée et quelques gardes comme ça.

Une fois que j'ai récupéré Dylan, je l'emmène à l'école de la Secte - que j'ai d'ailleurs quitté depuis peu de temps.

Les élèves se mettent à l'hypnotiser chacun leur tour pendant près de trois heures. Moi, je patiente dans le couloir, devant la salle de classe. Je dois ensuite le ramener dans sa « cellule » et revenir ici pour récupérer Seya, l'autre jeune apprentie de mon maître.

Quand la porte s'ouvre enfin, Dylan sort de la salle, chancelant sur ses pieds, l'effet d'une hypnose trop intense. Je glisse un bras sous ses épaules pour le soutenir.

Sur le chemin du retour, je sens quelques choses couler sur mon bras. Une larme. La sienne. Là, il dit à voix haute, en haera : « Non... si je laisse couler mes larmes, j'aurai certainement de l'eau jusqu'au cou ». Et aussitôt ces paroles prononcées, il ravale un sanglot et se rembrunit.

Cette scène ne m'a pas quitté de la journée, malgré tous les efforts de Seya pour me distraire. Est-il si malheureux que ça ? Pourtant, je ne l'ai jamais vu pleurer avant. Pour me rassurer, je me dis qu'il doit certainement être très fatigué. Mais au fond de moi, je sais bien qu'il ne s'agit pas de ça, que c'est beaucoup plus compliqué qu'un simple coup de fatigue.

- Yoran ! Qu'est-ce que t'as à la fin ? me demande une voix de petite fille.

C'est Seya qui vient de couper court à mes pensées.

Nous sommes dans ma chambre. Je suis allongé sur le ventre, dans mon lit, et elle est assise par terre. Ses yeux verts me fixant avec une expression indéchiffrable.

- Je t'ai déjà dit que tout allait bien.

Sa moue ne manque pas de me faire comprendre qu'elle n'en croit pas un mot. Elle se lève brusquement, vient s'asseoir à côté de moi et prend rapidement mes mains dans les siennes. Sachant ce qu'elle va faire, je recule contre le dossier du lit pour lui échapper. Mais je ne parviens pas à la faire lâcher prise assez vite. Son esprit a déjà fouillé le mien et en est ressorti aussitôt.

- Tu n'as pas le droit de faire ça ! m'écrié-je. Saba nous a interdit d'utiliser ce don contre les autres membres de la Secte !

Elle hausse les épaules.

- Tu n'es pas encore un membre à part entière à ce que je sache. Et puis... les règles sont faites pour être transgressées, non ?

- Qu'as-tu vu dans mon esprit ? la questionné-je

- La fille que tu as hypnotisée et Dylan. Je n'ai pas eu le temps de voir quoi que ce soit d'autre.

- Tant mieux !

- Allez, ne soit pas fâché, dit moi plutôt ce qui te perturbe.

- Seya, ça ne te regardes pas.