➳ Chapitre 41 : Yoran

2.9K 329 28
                                    

Les humains de garde du camp viennent à notre rencontre bien avant que nous n'atteignons ce dernier. Sans un mot, ils nous escortent jusqu'à la grotte. Le soleil commence déjà à se lever derrière les montagnes, et la rosée du matin tombe doucement sur nos vêtements et les plantes tout autour de nous. Les gouttelettes d'eau qui reflètent les premiers rayons, et le chant des oiseaux qui virevoltent non loin de nous donnent un aspect presque irréel à la scène. Je n'ai jamais vu ça de ma vie, Ortos ne ressemble pas beaucoup à la Terre. En fait, la quasi-totalité de sa surface est recouverte de villes, sauf un continent qui reste vierge de toute construction, afin d'assurer la création suffisante d'oxygène par les plantes.

A l'entrée de la grotte se tiennent Christophe et Brooke, l'air tout aussi agacé l'un que l'autre. Dès qu'elle voit sa cousine, Brooke se précipite sur elle et lui empoigne fortement le bras.

- Faut qu'on parle, lui dit-elle les dents serrées tout en l'entraînant à l'intérieur du camp.

Jennifer lève les yeux au ciel, mais s'exécute sans protestation. Christophe lui prend le pistolet des mains lorsqu'elle arrive à sa hauteur, puis reporte son attention sur nous. Comme il ne se décide pas à parler, j'entame la conversation :

- Nous avons fait ce que tu nous as demandé.

- Je sais, j'ai envoyé quelques personnes vous observer de loin, mais je suppose que vous vous en doutiez.

J'acquiesce calmement et il soupire.

- Le marché était que vous décimiez seuls tous les habitants de ce camp, mais Jennifer est intervenue et en a tué un.

Je m'apprête à lui expliquer que nous n'y pouvions rien, mais il m'interrompt en levant une main.

- Mais commençant à connaître Jennifer, je me doute bien que vous ne vous étiez pas concertés, et qu'elle a pris cette décision seule. Par conséquent, un marché est un marché, et on peut me reprocher beaucoup de choses, mais certainement pas celle de ne pas tenir parole. (Il marque une pause) Par contre, l'Haera que vous avez ramené, on va la droguer et l'enfermer, et ça jusqu'à nouvel ordre. Je tiendrais un conseil pour savoir ce qu'on va faire d'elle.

J'hésite à protester, mais je m'abstiens, comprenant que ce ne serait pas dans mon intérêt de m'opposer à ses décisions. Sur ces paroles, il s'écarte sur le côté, nous laissant le champ libre pour entrer dans la grotte.

- En revanche, vous vous doutez bien que même si vous êtes libre de circuler librement ici, vous ne serez pas sans surveillance, nous précise-t-il en referment la marche derrière nous.

- Nous n'en demandons pas tant, lui répond poliment Zorak.

- Et aussi que, si jamais ces Haeras meurtriers qui en veulent après vous nous approchent de trop près, je n'hésiterais pas à vous échanger volontiers pour qu'ils nous laissent tranquilles.

Nous nous échangeons quelques regards entendus.

- Vu ce que nous avons découvert, ils tueront tout de même tous les humains de ce camp pour être sûrs que leurs secrets restent bien gardés.

Je m'arrête lorsque je comprends que Christophe ne nous suit plus, aussitôt imité par Seya et Zorak. Il nous observe les yeux plissés et les sourcils froncés.

- Quels secrets ?

- Si on s'installait quelque part pour discuter un peu ?



Ça doit bien faire une bonne demi-heure que nous sommes assis sur le sol, au bord du lac. Un homme m'a littéralement arraché Karani des bras pour l'enfermer à l'endroit même où nous étions détenus, encore deux jours plus tôt. Je n'ai pas revu Jennifer depuis tout à l'heure, je suppose qu'elle doit se trouver dans une autre cavité, à se disputer avec Brooke. En tout cas, elle n'est pas parmi la vingtaine d'humains non loin de nous, qui nous dévisagent avec une expression de peur pour certains et de haine pour d'autres.

Aeternam GalaxiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant