Aeternam Galaxia

➳ Chapitre 22 : Jennifer

Nous quittons la salle de contrôle au pas de course. Yoran s'arrête brusquement devant une porte close.

- Qu'est-ce que tu fous ? lui demandé impatiemment.

- Si je ne me trompe pas...

Il ouvre la porte en appuyant sur un bouton avant de s'engouffrer à l'intérieur de la pièce. Nous le suivons, non sans pousser plusieurs jurons au passage.

- ... c'est la salle où ils stockent toutes leurs armes.

Effectivement, de multiples armes sont accrochées aux murs et plusieurs grandes caisses noires en sont également remplies à ras bord. Yoran décroche une sorte d'arme de poing en forme de demi-lune, dont les deux pointes sont reliées entre elles par une barre métallique laissant ainsi un endroit par où la tenir. Il me la tend.

- Prends celle-ci. Elle peut envoyer des tirs plasmas et former un bouclier.

Pour appuyer ses mots, il me montre comment la tenir et où appuyer pour déclencher le champ de force et pour tirer. Ensuite, il donne la même arme à Tyler et à Seya, tandis que Zorak et lui s'emparent de ce qu'ils appellent des fusils, mais que je considérerai plus comme des canons placés sur leur avant-bras, sortis tout droit d'un film de science-fiction.

Ce coup-ci, nous voilà enfin prêts à partir. Au début, j'arrive à suivre, mais petit-à-petit ma blessure à peine cicatrisée recommence à me faire souffrir et je me mets à clopiner. Les autres ne semblent pas le remarquer et continus leur route en me distançant peu à peu. J'accélère le pas en grimaçant, pas question de demander de l'aide et qu'on me porte encore une fois. Je suis forte, je peux prendre le dessus sur la douleur et m'en sortir seule.

Le groupe est à une vingtaine de mètres devant moi. Il tourne à gauche et je fais de même quinze secondes plus tard. Je m'immobilise. Devant moi, il n'y a personne. Plusieurs couloirs donnent sur celui-ci, ils ont dû bifurquer à un moment ou à un autre. Je me reprends rapidement et vais jusqu'au bout du corridor en regardant dans chaque couloir. Toujours personne. Je suis tentée de crier pour les avertir que je me suis perdue, mais je m'abstiens, de peur que ça n'alerte aussi les Amoqs Haeras. Je commence à paniquer. Mais qu'est-ce que je vais faire ?

Je prends au hasard à droite, puis à gauche et continue comme ça jusqu'à être épuisée. Je sens les larmes me monter aux yeux. Je me laisse glisser le long d'un mur. En cet instant, j'ai vraiment envie de baisser les bras. Je me mords la lèvre inférieure en essayant de me retenir de pleurer, mais une larme rebelle glisse lentement le long de ma joue. Je ne veux pas mourir là. Quitte à y passer, je veux mourir libre, et non pas enfermer dans cet endroit. Au prix d'un effort surhumain, je parviens à me ressaisir et à ordonner mes pensées. Je me concentre et essaie tant bien que mal de me souvenir du plan de la base. Je réussis assez facilement à trouver mon erreur. J'ai pris la première à droite après m'être perdue, au lieu de la deuxième.

Je retourne sur mes pas et prends cette fois-ci le bon chemin. Je continue ma route pendant un moment jusqu'à arriver à une intersection. Bon, droite, gauche ou tout droit ? Je me repasse mentalement le chemin que j'ai parcouru et tente de le superposer au plan... Mais c'est un échec, impossible de me souvenir de la suite du chemin à emprunter. Je suis tirée de mes pensées par le son régulier d'un groupe au pas de course. Ils m'ont retrouvée ! pensé-je en souriant, soulagée. Oui, ils m'ont retrouvé, mais ce ne sont pas vraiment ceux que j'espérais.

Au moment où je vois le premier Haera, je me retourne et prends mes jambes à mon cou. Un éclair ardent frôle mon oreille et va s'écraser sur le mur d'en face. Je bifurque brusquement à gauche, manquant presque de tomber. Pour les semer je ne m'arrête pas de changer de direction, sans réfléchir réellement à l'endroit où me mèneront mes jambes. Ma gorge me brûle, je manque de souffle, je ne vais pas pouvoir maintenir cette allure très longtemps. De plus, la montée d'adrénaline que j'ai eu face aux Hélios commence à s'estomper, entraînant la réapparition de la douleur dans mon abdomen.