➳ Chapitre 44 : Jennifer

2.9K 333 17
                                    

Tous les réfugiés sont assis en cercle, autour du feu, et attendent que tout le monde soit servi pour pouvoir commencer à manger. Seya, Yoran et Zorak sont un peu plus loin. Ils ont bien compris face aux regards noirs de tous les humains qu'ils n'étaient pas conviés à venir manger avec nous. Ils me font un peu de peine comme ça, seuls, dans leur coin. J'ai fini par me faire à l'idée qu'ils ne sont pas comme les autres membres de leur espèce, même si je garde tout de même une certaine méfiance envers eux.

Je n'arrête pas de me frotter les yeux, encore très fatiguée de la nuit dernière malgré ma sieste de tout à l'heure. Patrick me tend mon assiette et je la saisis machinalement. Je commence à manger. La viande de cerf est forte en goût et je ne suis pas vraiment sûre d'aimer ça, mais c'est évidemment mieux que rien. Un murmure apaisant s'élève doucement dans la grotte une fois que tout le monde est servi. Les discussions en tout genre vont bon train, on ne croirait pas que dehors la Mort rôde et qu'ici sont réunis quelques-uns des derniers survivants de notre espèce.

Les bergers allemands mangent calmement les os du cerf, non loin de nous. A les regarder comme ça, ils ne ressemblent pas à une meute de tueurs d'aliens. D'ailleurs, ils ne se sont pas attaqués à nos trois Haeras. Quand ils les ont vus pour la première fois, ils se sont contentés de grogner, puis comme ils sentaient bien que personne ne s'inquiétait plus que ça de leur présence, ils se sont calmés. Apparemment, en plus de n'être agressifs qu'après les Haeras, ils attaquent uniquement si on leur en donne l'ordre. Vu la cote de Yoran, Zorak et Seya auprès des réfugiés, j'espère que personne n'aura la mauvaise idée d'envoyer les chiens contre eux.

L'un d'eux, qui à l'air assez jeune, se dirige vers moi. Je reconnais aussitôt Arès, le berger qui est venu me voir dans les mêmes conditions, il y a quelques jours. Il essaie de me lécher le visage, mais je l'évite soigneusement et le repousse un peu pour pouvoir lui caresser la tête. Alors que je le gratte derrière une oreille, il appuie sa tête contre ma main, comme pour me demander de le gratter plus fort. Je souris, décidément je l'aime bien ce chien.

- Tu devrais t'en occuper, fait une voix masculine.

Je relève la tête. C'est Daniel, assis en face de moi, qui a parler.

- Pardon ?

- Il t'aime bien, tu l'aimes bien, et c'est rare de voir une entente comme ça entre une personne et un chien qui ne se connaissent quasiment pas. Je pense qu'il apprendrait plus rapidement et qu'il serait plus efficace au combat si c'était toi qui t'occupais de son éducation.

Mes yeux vont de Daniel au chien sans qu'un mot ne se décide à franchir mes lèvres. Je ne sais tout simplement pas quoi répondre, ça me surprend beaucoup que Dan me demande une telle chose, je ne m'y attendais pas du tout. Et puis...

- Je saurais pas comment m'y prendre, je vais me planter.

- Mais non, le dressage c'est comme tout, ça s'apprend. Et si tu ne le fais pas pour moi, fais le pour lui, insiste Dan.

Je regarde Arès qui me fixe droit dans les yeux. Si ce n'était pas un chien, j'aurais presque l'impression qu'il veut me forcer la main.

- Bon, c'est d'accord, concédé-je finalement.


A la fin du repas, Daniel me prend à part afin de m'informer que si j'étais d'accord, il était près à me former au dressage à hauteur d'une ou deux heures par jour à partir de demain. Excitée à l'idée de faire enfin quelque chose de mes journées, j'accepte sans la moindre hésitation. Mon futur professeur me conseille également de passer le plus de temps possible avec Arès, sans pour autant trop l'isoler de la meute. Le but étant de tisser un lien durable avec "mon" chien, tout en évitant de l'empêcher de tisser ce même lien avec sa meute.

- Il ne faut pas que vous vous enfermiez dans cette bulle du maître et du chien sans rien autour, sinon Arès risquerait d'obéir uniquement à toi, ce qui n'est pas non plus notre objectif. Il pourrait aussi s'isoler de la meute, ce qui réduirait son efficacité en combat, d'autant plus qu'on favorise les attaques en groupe, coordonnées.

Je hoche pensivement la tête. Dresser ce chien risque de ne pas être  de tout repos, mais je suis de plus en plus motivée à accomplir cette  mission. Après une tape amicale sur mon bras, Dan part en direction de  Flora, mettant fin à la discussion.

Je sens un bras s'abattre lourdement sur mes épaules.

- Te voilà mère, me lance Brooke avec un grand sourire.

Je rigole en acquiesçant.

- Bien malgré moi.

- Pourquoi ? Ça te plaît pas de t'occuper d'Arès ?

-  Bien sûr que si, mais ça va être du boulot.

- Personne n'a dit que ce serait facile.

Brooke me laisse ensuite afin de rejoindre Daniel qui repart à la chasse. De mon côté, je me dirige à l'autre bout de la cavité principale après avoir pris des vêtements propres dans la réserve personnelle de ma cousine. En empruntant des chemins étroits peu éclairés, je finis par atteindre le bassin naturel qui nous sert à nous laver. Il se remplit à partir d'un autre affluent ne se jetant pas ensuite dans le lac, ce qui évite que l'eau que nous buvons soit la même que celle dans laquelle nous nous lavons. C'est plutôt pratique en soit.

Je saisis la pancarte en bois sur laquelle est indiquée "libre" sur une face et "occupé" de l'autre, et la retourne du bon côté avant de la poser sur le sol plusieurs mètres avant le bassin. Il fait assez sombre, volonté des réfugiés pour éviter que quelqu'un puisse les voir de loin avant d'avoir atteint le panneau. L'endroit n'est éclairé que de quelques bougies. Des gels douche et des shampooings sont éparpillés un peu partout autour du bassin et je manque de trébucher sur l'un d'eux. L'odeur d'humidité semble plus forte ici qu'à n'importe quel autre endroit de la grotte, peut-être est-ce dû au fait que c'est le plus étroit.

Je choisis le coin le plus sombre pour me déshabiller puis m'approche de l'eau. Elle est glacée -comme d'habitude- et je sais que je ne pourrais pas y rester aussi longtemps que je le voudrais, à moins d'en ressortir en hypothermie. Je me dépêche donc de me laver aussi rapidement que je le peux. Je ressors frigorifiée de l'eau et prend une serviette sur une pile près du bassin. Ensuite, je me rhabille tout aussi vite. Il faudra que j'aille nettoyer mes vêtements sales dehors, dans un ruisseau non loin de la grotte.

A peine je pose un pied dans la cavité principale que Zorak m'attrape par le bras pour me parler à l'écart.

- Je n'ai pas oublié ce que je t'ai dit la dernière fois, me dit-il à voix basse. J'irais chercher ton frère et tes amis au camp. Mais il va falloir que tu m'aides à sortir de cette grotte sans encombre, soit en convainquant Christophe de me laisser partir, soit en m'aidant à sortir discrètement.

Je ne réponds pas immédiatement, pesant le pour et le contre de ce qu'il me demande. Déjà, est-il sincère ou va-t-il se servir de moi pour s'échapper ? Et si je décide de l'aider, est-ce qu'il vaut mieux prévenir Christophe au risque important qu'il dise non et se méfie encore plus de Zorak par la suite, ou vaut-il mieux préparer une évasion en douce ?

Je me rends compte alors que je connais déjà la réponse à ces questions, puisque tout ce qui compte, c'est que je ramène Zack auprès de moi. Et pour ça je serais capable de tout, aussi bien de mentir que de mettre en danger toutes les personnes présentes dans cette grotte.

***************************************************

Au moins 3 semaines que j'ai pas écrit de chapitre, mais normalement là c'est bien reparti pour être un peu plus régulier, même si avec la rentrée qu'approche les deux ou trois prochains chap' auront sûrement quand même un peu de retard, mais moins que celui-ci ^^

Je vais essayer de m'organiser pour continuer aussi Falcon et reprendre la Dynastie du Sang, surtout que j'ai deux trois idées de nouvelles fictions, mais j'aimerais d'abord finir une de ces deux là avant d'en commencer une autre.

A part ça déjà 33K vues, 3K votes et quasiment 1k abonnés, merci à tous !

Aeternam GalaxiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant