Je secoue Seya par l'épaule afin qu'elle se réveille. Je ne me suis pas endormi une seule seconde, trop préoccupé que j'étais par notre mission nocturne. Autour de nous, tout le monde dort d'un sommeil profond, enfin... c'est ce que j'espère. Je suppose que quelques gardes sont de veille, voire même que certains scientifiques sont encore debout. Au moins, je suis sûr que Karani n'en fait pas partie, puisqu'elle est allongée sur un lit à quelques mètres de moi.
Seya se redresse en position assise. Les rayons de la lune qui traversent la fenêtre au-dessus de son lit viennent éclairer son visage. Au début, elle baille et semble un peu perdue, puis tout lui revient en bloc et son regard déterminé vient chercher le mien. On enfile rapidement nos chaussures. Je vérifie que personne n'est réveillé, puis sors un couteau de ma poche. C'est celui dont je me suis servi pour couper ma viande au repas, j'ai eu la bonne idée de le garder. J'appuie sur le bouton du manche et la lame laser apparaît. Désormais, nous pouvons commencer.
Je vois bien la réticence de Seya à tuer ces gens pendant leur sommeil, mais nous n'avons pas le choix, se sont eux ou nous. Un instant, j'ai peur qu'elle abandonne notre mission, mais comme pour me contredire, elle s'approche du lit d'un homme, se penche au-dessus de lui, puis lui tord le cou d'un mouvement sec. Un craquement retentit dans le dortoir. Personne ne se réveille, tous inconscients de la mort qui rôde autour d'eux. Et cette mort silencieuse, froide et à peine voilée, c'est nous.
A mon tour, j'avance lentement vers le lit d'une femme. La lumière qui entre dans la pièce est juste assez suffisante pour que je puisse voir où je mets mes pieds. Une fois au-dessus d'elle, je plante le couteau directement dans son cœur, sans réfléchir une seconde. Je sais bien que si je me pose trop de questions, je n'arriverais pas à aller jusqu'au bout. Elle ouvre brusquement les yeux dans un sursaut, et son regard chargé d'incompréhension croise le mien. Je ressens un pincement au cœur lorsque ses muscles se décontractent et que son dernier souffle de vie quitte son corps.
Enfermant dans un coin de mon crâne mes émotions, comme me l'a appris la Secte, je passe à la personne suivante -un homme à peine plus âgé que moi- et lui inflige le même sort. Au fur et à mesure que je laisse de cadavre derrière moi, je deviens de plus en plus hermétiques à tout ressentiment, laissant place à la froideur inquiétante du tueur que j'ai mis tant d'années à maîtriser. Telle une ombre fantomatique, je me déplace silencieusement et avec agilité entre les lits et leurs occupants. A nous deux, Seya et moi avons déjà assassiné cinq personnes, plus que six dans le dortoir, ensuite, on partira à la chasse aux rescapés.
Comme prévu, j'épargne Karani et continue mes actes morbides, en me rapprochant de plus en plus des lits situés vers la porte de sortie. Le calme qui enveloppe le dortoir n'est perturbé que par le bruit des respirations des dormeurs, ainsi que les "clac" répétés des nuques brisées par Seya. Le sang de mes victimes entache mes mains et mes avant-bras, je le sens dégouliner contre ma peau pour terminer sa course sur le sol ou les draps. Il ne reste plus que deux personnes à tuer. Je fais signe à Seya de se charger de la dernière femme, tandis que je m'occupe de l'homme qui a raconté son histoire durant le repas. Mais évidemment, la chance n'est pas vraiment au rendez-vous.
- Qu'est-ce que vous faites ?
Je me retourne brusquement en même temps que Seya. Karani est réveillée et nous regarde, les yeux remplis d'interrogations. Puis son regard se pose sur les lits tachés de sang tout autour d'elle et avant même que je ne puisse réagir, elle pousse un cri d'effroi. Ensuite, tout s'enchaîne très vite. L'homme et la femme se réveillent en sursaut, et nous avons tout juste le temps de les assassiner avant qu'ils ne comprennent ce qu'il se passe. Karani se lève et se précipite vers la fenêtre. Elle n'arrive pas à l'ouvrir assez vite et je l'attrape en la serrant contre moi pour bloquer ses bras. Elle hurle à pleins poumons, appelle à l'aide, se débat comme une furie... L'espace d'un instant, emporté dans mon élan d'assassin, j'envisage sérieusement de la tuer. Heureusement, Seya est là pour la frapper avec une latte sur la tête. Karani s'évanouit dans mes bras et je la pose doucement sur le sol. Mais c'est déjà trop tard, deux gardes ouvrent la porte du dortoir d'un grand coup de pied, armes plasma au poing.
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Aeternam Galaxia
Science FictionLa Terre. Planète dominée par l'espèce humaine depuis des milliers d'années. Mais ceci est en train de changer... En 2029, la Terre est bien différente de celle que nous avons pu connaître par le passé. Extraterrestres et humains se combattent sans...