Aeternam Galaxia

➳ Chapitre 57 : Yoran

Je patiente à l'entrée de la grotte tandis que les derniers membres du groupe d'expédition font leurs adieux au reste des survivants. Je croise un instant le regard énigmatique de Karani qui détourne précipitamment les yeux. Je porte alors mon attention sur Jennifer, qui s'est approchée de Flora.

- Promets-moi de veiller sur Zack s'il arrive ici avant mon retour, lui demande-t-elle, un plie soucieux barrant son front.

- Je te le promets Jenny, ne t'en fais pas.

Après une brève étreinte avec son amie, Jennifer me rejoint, un sourire forcé sur les lèvres.

- Prêts ?

- Oui, et toi ?

Elle acquiesce, mais tout son être me transmet une toute autre vérité.

- Nous serons vite de retour, ne t'inquiète pas, tenté-je de la rassurer.

- Comment peux-tu en être sûr ? Si ça se trouve, je vais y rester et quand Zack arrivera, je ne serais plus là. Je ne devrai pas partir.

- Je m'assurai personnellement que tu reviennes ici saine et sauve. Tu peux choisir de rester, mais souviens-toi pourquoi tu voulais venir, lui rappelé-je.

- Je ne serre à rien ici, et me morfondre ne fera pas arriver Zack plus vite, fait-elle en hochant la tête d'un air pensif.

-Exact.

Elle me lance un léger sourire accompagné d'un regard reconnaissant et passe devant moi, suivie de près par Arès qui la suit à la trace.

- Bon, si tout le monde est prêt, allons-y ! s'exclame Christophe d'une voix forte. J'aimerais bien que nous arrivions sur l'autre versant de la vallée avant la tombée de la nuit.

Je me baisse et ramasse le sac de vivres que je suis sensé porter. Ensuite, je m'engage sur le chemin de terre, boueux à cause de la pluie, à la suite de Jennifer. Le niveau sonore des discussions diminue rapidement, jusqu'à n'être quasiment plus qu'inaudible à moins de participer soit même à la conversation. La tension est palpable, tout le monde reste sur ses gardes, bien que chacun ne semble pas particulièrement angoissé. Notre groupe, composé uniquement de Christophe, Tyler, Jennifer, Eric, Dan, Karani, Seya et moi avance d'un bon pas, malgré le sol glissant qui nous pousse à marcher précautionneusement. Une fois le rythme bien ancré dans mes jambes, je garde le regard fixé devant moi, sur les cheveux bruns bouclés de Jennifer qui dansent dans son dos de manière hypnotique.

Nous arrivons à un bâtiment inhabité qui paraît avoir été ravagé par un ouragan. Les murs sont recouverts de lierres grimpantes et la plupart des vitres sont cassées. Un comptoir, fendu au milieu par un arbre venu s'encastrer dans le mur du fond, prend la partie gauche de la pièce. L'autre côté est jonché d'étagères renversées et d'objets en tout genre étalés sur le sol, auxquels je ne prête pas plus d'attention. Un vent léger souffle et siffle autour de nous, s'insinuant au travers des trous béants laissés dans la toiture, les fenêtres et les murs, emportant au passage ces feuilles blanches dont les humains se servent pour écrire.

Un oiseau noir s'envole avec fracas, accompagnant sa fuite d'un croassement lugubre à l'égard de ceux qui viennent de le déranger chez lui. Absorbé par la vue de l'animal à plumes se dirigeant à tire d'aile vers le ciel visible à travers les lambeaux de toit, je manque de trébucher sur Jennifer, accroupie au sol. Je laisse les autres me dépasser et m'agenouille auprès d'elle. Entre ses mains recouvertes de gants noirs déchirés par endroits, elle tient une pierre à la base translucide dont seule la pyramide terminale est colorée d'un violet profond.