➳ Chapitre 75 : Yoran

1.7K 220 8
                                    

La nuit n'est pas encore tombée, mais Seya, Karani et moi décidons de monter tout de même à l'étage. Karani a repéré une chambre avec un grand lit et un plus petit, de quoi nous permettre de dormir tous les trois dans la même pièce. Seya s'étale sur le petit matelas. Je pense que l'inaction nous a davantage fatiguée que la marche elle-même. Karani ôte ses bottes et s'allonge à son tour. Quant à moi, je ferme le rideau avant de la rejoindre. Je préfère laisser la porte ouverte, afin de pouvoir entendre les humains au cas où ils aient un problème. Pendant près d'une heure, nous nous reposons sans toutefois réussir à nous endormir. Karani finit par se redresser en position assise.

- Tu as la tablette ? me questionne-t-elle.

Je hoche la tête et tends juste le bras pour récupérer le rectangle de verre dans le sac à dos, à côté du lit. Je le lui donne. Elle pianote dessus jusqu'à afficher la représentation en trois dimensions de la tablette en pierre. Elle l'observe en silence pendant un moment.

- Tu sais que les humains ont réussi en partie à la traduire ? je lui demande.

- C'est maintenant que tu me le dis ? fait-elle en me lançant un regard incrédule.

- Je ne te faisais pas confiance avant, je n'allais pas t'en parler.

- Mais c'est une information capitale !

- Pour les Amoqs Haeras.

Elle soupire bruyamment.

- Je déduis au vu de ta réaction que vous ne saviez pas ce qui est gravé dessus.

- Non..., avoue-t-elle. Nous avons passé des mois à la chercher, suivant les différents indices dispersés au fil des siècles. Ça faisait maintenant des semaines que nous l'avions dénichée et que nous essayions de la déchiffrer. Nos meilleurs linguistes étaient dessus, et doivent encore y être d'ailleurs. Ils avaient réussi à traduire quelques mots, mais rien qui ne puisse nous permettre de comprendre le fond même du message.

- La tablette était cachée, tu dis ?

- Oui, comme la plupart des reliques que nous recherchons, elles ont volontairement été déplacées régulièrement. Nous pensons que c'était une volonté des Tolkiems, qui intervenaient auprès des humains pour qu'ils les emmènent ailleurs et les protègent. Certainement se faisaient-ils passer pour leurs dieux, afin de s'assurer qu'aucun ne s'en empare.

Je hoche lentement la tête. Bien que les Tolkiems étaient des non-violents, ils n'étaient pas des êtres parfaits pour autant. Ils avaient apparemment souvent recourt à la manipulation pour arriver à leur fin. C'est d'ailleurs ce qui avait profondément agacé notre espèce, il y a de ça trois générations, au point de faire basculer Haeras et Tolkiems dans un conflit armé.

Même si le Gouvernement a dès le début admit que l'anéantissement des humains était lié à une prédiction Tolkiem, je commence désormais à douter de la version officielle. Cette dernière ne colle pas avec la recherche de "reliques" qu'a évoqué Karani.

- Qu'est-ce que tout ceci cache, au juste ? lui demandé-je.

- C'est-à-dire ? me répond-elle prudemment.

- Tu sais parfaitement où je veux en venir. Pourquoi cherchiez-vous des reliques humaines ou tolkiems ? En quoi cela concerne le Gouvernement ? Pourquoi notre peuple n'est-il pas au courant que ce genre d'opération est organisé ici ?

Elle semble hésiter.

- Karani, tu n'es plu avec eux désormais, ils ne peuvent plus t'imposer de garder le silence.

Je pose une main sur son bras pour la mettre en confiance. Elle l'observe, mais ne me repousse pas.

- Je sais bien, c'est un vieux réflexe, c'est tout. On m'a menacée et conditionnée à ne rien dire.

Aeternam GalaxiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant