➳ Chapitre 78 : Jennifer

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// Ce chapitre est le dernier du premier tome d'Aeternam Galaxia. Il comprend des spoilers sur la fin de Falcon (une nouvelle reliée à l'univers d'AG), dont je n'ai pas encore posté les derniers chapitres. Si vous lisez Falcon ou comptez la lire, vous vous exposez donc à quelques spoilers.//


Je n'arrive pas à savoir depuis combien de temps je suis enfermée dans cette cellule. Si j'écoutais mon ressenti, je dirais que cela fait plusieurs jours. Mais ma raison ne cesse de me répéter que ça ne fait pas plus de quelques heures. Le temps semble distendu. J'ai le sentiment d'être déconnectée de la réalité.

Assise sur le sol froid, la tête collée au mur, je repense à tous les évènements des derniers mois qui m'ont amenée ici. Le jour où Zorak et Eramo sont apparus, les trois semaines passées avec Kayna, Alizée et Mickaël, ma rencontre avec Tyler, mon départ précipité de mon refuge pour retrouver Zorak, la découverte de Brooke et de mon second lieu d'asile... Et bien évidemment, ma rencontre avec Yoran, qui n'a eu de cesse de me sauver la vie.

Bien que désormais habituée au miracle, je n'en attends pas aujourd'hui. Je me doute que l'escouade nous a conduits à Grenoble, où se trouve une importante base ennemie. Il ne s'agit plus de s'enfuir d'une base mineure comme celle de Madagascar, mais d'un bunker futuriste grouillant d'aliens surentraînés.

Pourtant, je ne ressens aucun désespoir. Je sais que ma cavale est terminée et que je ne reverrai plus jamais Zack. J'espère simplement qu'il est encore en vie, quelque part, et que Zorak prend soin de lui. Je ne vivais qu'en sursis sur cette terre, depuis le début de la guerre, et c'est fini. Une page se tourne. Je me demande ce que les Amoqs Haeras vont faire de moi. Une exécution spectaculaire pour griser leurs troupes ? Un repas servi aux Hélios ? Un nouveau rat de laboratoire ? Yoran m'a parlé de ce Dylan, un humain qui servait aux enfants de la Secte à s'entraîner à l'hypnose. Peut-être qu'on m'enverra là-bas.

Au moment où nos geôliers nous ont séparés, Tyler m'a dit qu'il m'aimait. J'ai été incapable de lui répondre. A ce moment-là, comme en cet instant, je ne ressentais déjà plus rien. Je ne suis même pas sûre de l'avoir aimé ne serait-ce qu'un seul jour. Certes, je suis profondément attachée à lui, mais je me dis maintenant que ce n'était qu'une manière alambiquée d'oublier mon quotidien difficile.

- Eh toi, là !

Je regarde autour de moi d'où peut venir cette voix étouffée.

- En face de toi, m'indique la voix à l'accent étranger.

Je plisse les yeux, tentant de voir à travers la membrane bleutée de ma cellule. Je distingue une silhouette dans celle d'en face.

- Ça me fait du bien de voir quelqu'un ! Ils ont emmené l'ancien détenu il y a plusieurs jours déjà... Enfin, je crois. Le décompte du temps n'est pas facile ici.

Comme je ne réponds pas, la voix -que je reconnais maintenant comme étant celle d'une femme- continue sur sa lancée.

- Ils ont des tours de garde, le changement s'effectue toutes les quatre heures environ. Ils mettent dix minutes à revenir. C'est pour ça que n'ai pas pu te parler avant, ils nous auraient fait taire. Il ne nous reste plus que huit minutes avant qu'ils ne reviennent, m'explique-t-elle.

- Donc ça fait au moins quatre heures que je suis ici, commenté-je d'une voix pâteuse.

- Ah ! T'es bien française. J'ai eu un doute, comme tu ne me répondais pas.

- Toi par contre, tu ne l'es pas, supposé-je.

- Non, je suis espagnole.

- Et qu'est-ce que tu fais ici ? Du tourisme ? plaisanté-je sans savoir où j'en trouve la force.

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