Aeternam Galaxia

➳ Chapitre 30 : Jennifer

Cédric me conduit dans la cavité principale. Je remarque tout de suite un attroupement de personnes, à son centre, une tête blonde dépasse. À mon arrivée, le petit groupe se disperse, laissant place à un homme encore plus imposant que Cédric. Celui que je déduis être Christophe a des yeux bleu-gris, des cheveux blonds cendré et une musculature digne des plus grands sportifs. Il me scrute de toute sa hauteur, sans détacher ses yeux des miens. Intimidée, je finis par baisser le regard. J'avance lentement vers lui, certainement trop lentement puisque Cédric commence à me pousser dans le dos du bout des doigts. Je déglutis et me force à avancer plus rapidement. La montagne de muscle reste immobile, le visage inexpressif, jusqu'à ce que j'arrive à sa hauteur, enfin... façon de parler. Là, un sourire sincère se dessine sur ses traits. La tension diminue un peu tandis qu'il prend la parole :

- Content de rencontrer une gamine assez vaillante pour avoir survécu jusqu'à présent ! Je m'appelle Christophe.

Il me tend la main et je la prends après une légère hésitation. 

- Jennifer, dis-je d'une petite voix timide.

- Jennifer... Joli prénom ! On m'a expliqué qu'il y avait un petit problème au sujet de trois Haeras que nous détenons, continue-t-il d'un ton enjoué, que je trouve très étrange face à la situation.

Je hoche la tête, incapable de faire quoi que ce soit d'autre.

- Viens, allons en discuter en privée.

Il se dirige vers la sortie et je jette un regard à Cédric qui me fait signe de suivre son chef, alors je m'exécute. Dehors, l'air frais de ce début de soirée vient me picoter la peau. Je prends de grandes goulées d'air pour essayer de calmer ma nervosité. L'entrée de la grotte est bien protégée des regards indiscrets par de hauts arbres datant certainement d'avant la guerre, et également par de larges buissons ayant sûrement poussé sur le chemin qui servait à s'y rendre. Au-dessus de nos têtes, une grande falaise s'étend sur au moins une cinquantaine de mètres de haut, j'ai rarement eu l'impression de me sentir si petite.

- Impressionnant, non ?

La voix grave mais chaleureuse de Christophe me sort brusquement de ma contemplation. Une nouvelle fois, j'approuve d'un hochement de tête sans réussir à lui répondre.

- Je ne sais pas toi, mais moi je vois cette grotte, et même cette falaise, comme des chefs-d'œuvre naturels de la Terre. (Comme je ne dis toujours rien, il poursuit en regardant la falaise). Au fond, les Haeras, les humains, et toutes les autres espèces intelligentes que nous ne connaissons peut-être pas, nous ne sommes rien, complètement impuissants face au pouvoir de la Nature. C'est elle qui décide quelle vie elle prend, quelle vie elle donne, qui sera le fort ou le faible, le dominant ou le dominé. Médite là-dessus.

Il me sourit, sourire que j'arrive enfin à lui rendre. Il ne me laisse pas le temps de réfléchir à la justesse de ses paroles :

- Bon, revenons à nos moutons. Tu comprends bien qu'il est plus que difficile pour nous d'imaginer qu'une des nôtres ait pu devenir amie avec ces monstres sanguinaires. Ou pire encore, que ces monstres sanguinaires puissent être capables de s'allier à des humains.

Son ton est devenu beaucoup plus grave, son air gentil, presque enfantin, a disparu, ça ne va pas être facile de le convaincre, d'autant plus que si je ne me retenais pas, je m'éloignerais le plus vite possible de cet homme qui semble avoir deux personnalités. Prenant mon courage à deux mains et une grande inspiration, j'avance d'un pas et entame la conversation qui cèlera le sort de Yoran, Seya et Zorak. Je commence par lui raconter tout depuis le début, de ma rencontre avec Zorak et Eramo jusqu'à notre fuite de la base Haera, en passant par mes semaines passées au camp. Je décide d'éluder le fait que les envahisseurs sont capables de nous hypnotiser, et encore plus que j'ai moi-même était hypnotisée par deux des personnes que j'essaie de sauver. Je finis par conclure par des mots que j'ai beaucoup de mal à lâcher, mettant de côté ma rancune envers Zorak :