Il pleut. Il pleut tellement que nous avons dû déplacer les matelas et sacs de couchages, pour éviter que l'eau du lac ne les recouvre. L'eau suinte des parois et s'écoule en fines gouttes le long des stalactites. Au milieu du silence de mort qui pèse sur les habitants de la grotte, les "ploc" répétés des gouttes d'eau sont comparables aux sons graves que pourrait faire un tambour. Plus je m'approche de l'entrée de la grotte, moins je les entends. Les "ploc" sont progressivement remplacés par le vacarme assourdissant de l'orage qui bat son plein à l'extérieur. Je regarde pensivement la pluie tomber durement sur le sentier menant à la grotte. Drôle de mois de mai, pensé-je alors. Il faut croire que l'apocalypse qui a anéanti les habitants de cette planète a aussi des effets néfastes impactant sur cette dernière.
Je jette un bref coup d'œil derrière moi. Voyant que personne ne me surveille -trop occupés qu'ils sont tous à observer d'un air inquiet l'eau du lac monter de plus en plus-, j'en profite pour m'avancer sous la pluie glacée. En quelques secondes à peine, je suis trempée jusqu'aux os, mais je m'en moque. Le froid, le bruit du tonnerre et de la pluie, l'odeur entêtante de terre mouillée, le contact de l'eau sur ma peau sont autant de sensations qui me rappelle que je suis vivante et me font oublier tout le reste. La fin du monde et les problèmes et questionnement qu'elle entraîne, la perte des êtres chers, l'espoir qui finit par se consumer jusqu'à s'éteindre entièrement.
En admirant le paysage accablé par l'orage, je ne peux toutefois m'empêcher de penser à la menace qui nous guette. Hier, Christophe et Brooke ont raconté avoir aperçu trois Haeras à seulement quatre kilomètres de notre refuge. Au moins, cette tempête aura le mérite de dissuader ceux qui rôdent encore dans les parages de continuer leur chasse à l'homme, du moins pour l'instant. Avec un peu de chance, ils finiront peut-être même par oublier l'anéantissement de leur camp de montagne et ainsi par passer à autre chose. Doux rêve, mais bon, rêver est l'une des seules choses qu'il me reste.
Je tressaille en sentant une main se poser sur mon épaule et me retourne lentement, retardant le plus possible le moment où je devrais croiser le regard lourd de reproche de Christophe, mécontent que je me sois autant approchée de la sortie sans surveillance. Mais ce n'est finalement pas sur lui que mes yeux se posent, et c'est presque avec regret.
- Ça va ? me demande Tyler.
Je me retourne vivement, je ne veux pas lui parler. Il me contourne et vient se placer devant moi. Je le regarde avec mépris, espérant ainsi le décourager, mais au lieu de quoi, il se rapproche de moi. Je m'écarte d'un pas au moment où il tend sa main pour me caresser la joue. Il espère sincèrement que ce soit si simple ? Qu'il lui suffit simplement de se pointer et d'un doux regard accompagné de gestes tendres se faire pardonner ? Cette pensée ne fait qu'attiser davantage ma rancœur à son égard.
- Arrête de faire la tête, c'est idiot. J'ai mal choisi mes mots, on ne s'est pas bien compris. Pendant des mois, je n'avais qu'à penser à moi et à ma propre survie, maintenant il y a toi et je n'en ai que trop conscience. Je n'ai pas fait attention et j'ai dit ce que j'ai dit, mais en aucun cas cela veut dire que je ne me soucie que de moi, loin de là.
Je croise mes bras sur ma poitrine et m'appuie contre le mur en prenant un air que j'espère le plus détaché possible. Mais il paraît tellement sincère... Je ne peux nier que ses paroles aient déjà réussi à ébranler la détermination que j'avais à lui en vouloir. De plus, prostré comme il l'est, mon indifférence semble profondément le toucher. Au prise avec mon débat intérieur, je ne relève les yeux qu'au moment où il pousse un soupir las et se laisse glisser contre la paroi, sur le sol humide. Les deux coudes sur les genoux, il prend alors son visage dans ses mains et cesse de bouger. Je trépigne un peu, hésite, puis m'agenouille devant lui avant de poser une main mal assurée sur son bras. Il relève la tête et je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux en voyant pour la première fois des larmes couler le long de ses joues.
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Aeternam Galaxia
Science FictionLa Terre. Planète dominée par l'espèce humaine depuis des milliers d'années. Mais ceci est en train de changer... En 2029, la Terre est bien différente de celle que nous avons pu connaître par le passé. Extraterrestres et humains se combattent sans...