➳Chapitre 48 : Jennifer

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Christophe est rentré tard dans la soirée, à mon plus grand soulagement sans avoir trouvé Zorak. Alors que je remplie des gourdes à l'eau du lac, il passe à côté de moi sans même m'accorder un regard, encore plus taciturne qu'à l'accoutumée. Pourtant, au vu de toutes les têtes de l'équipe qui l'a accompagnée tournées dans ma direction, je me doute qu'ils ne croient pas que Zorak ait pu s'échapper tout seul. Je suis certainement en tête de liste des coupables potentiels. Seul Eric, le père de Flora, se détache du groupe pour venir à ma rencontre.

- Ils pensent tous que c'est toi qui l'as aidé à s'échapper.

Je garde les yeux baissés sur les gourdes, faussement concentrée sur ce que je suis en train de faire.

- Et toi, tu penses quoi ?

- Que c'est vrai. Mais j'aimerais bien savoir pourquoi.

Cette fois-ci, je relève la tête, sans toutefois parvenir à le regarder dans les yeux.

- C'est faux, laissé-je tomber après quelques secondes d'hésitation.

- Jennifer.

Son ton dur, emplit de reproches, me rappelle un instant celui que prenait mon père pour me gronder. Je baisse de nouveaux la tête. Eric s'agenouille alors à côté de moi.

- T'es pas une mauvaise gamine, je suis sûr que t'as de bonnes raisons pour avoir agi comme tu l'as fait. Mais ici (il fait un geste circulaire avec son bras), on fonctionne sur une base essentielle : la confiance. Alors, dis-nous tout.

Après tout, pourquoi pas ? Zorak est loin maintenant, et je leur dois bien la vérité. Je hoche la tête en silence tout en remplissant la dernière gourde. Eric me tape sur l'épaule puis prend appui sur cette dernière pour se relever.

- Demain matin, d'accord ? me dit-il avec un sourire que je lui rends.

- D'accord.

Je me relève en prenant une gourde dans chaque main. En me retournant pour les apporter dans le coin cuisine, je me retrouve face à face avec Tyler. Il se saisit à son tour de deux gourdes sur le sol.

- Il sait ? me demande-t-il à voix basse alors que nous marchons vers Patrick.

- Pas les détails, mais tous se doutent que je suis impliquée. De toute façon, je leur dirais la vérité demain matin.

Il se place devant moi pour m'arrêter.

- T'es sûre que c'est une bonne idée ? Qui sait comment ils pourraient prendre ça ? Si ça se trouve, ils vont te virer du camp.

- On verra bien.

Je le contourne pour passer, mais il me bloque une nouvelle fois le passage.

- Écoute-moi, si tu leur révèles la vérité, t'as pas d'autre choix que de révéler mon implication à moi aussi. Ils vont tous se sentir trahis, ils vont nous mettre à la porte ! Tu peux pas faire ça ! Ce camp, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis le début de tout ce merdier.

Mon cœur se serre. Je ne le pensais pas si égoïste, ce n'est pas comme s'il était le seul dans cette histoire !

- Je risque de gros ennuis et toi tout ce qui te préoccupe, c'est ce qui va t'arriver ? Figure-toi que je comptais minimiser au maximum ton implication et je te rappelle que c'est moi la principale investigatrice de tout ça, tu risques rien !

Je le bouscule d'un coup d'épaule pour passer. Cette fois-ci, il n'essaie pas de m'en empêcher, mais à peine ai-je fait quelques pas que je l'entends m'appeler :

Aeternam GalaxiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant