Aeternam Galaxia

➳ Chapitre 19 : Yoran

Des cris nous parviennent des couloirs que nous avons traversé il y a quelques secondes. Nos ennemis se rapprochent rapidement. Seya est blessée à la jambe. Légèrement, mais assez pour la faire boiter et la ralentir. Quant à moi, mon bras me fait souffrir, d'autant plus que je porte encore Jennifer, toujours inconsciente. Tyler tente de faire du mieux qu'il peut pour nous aider, mais il n'est pas entraîné à tirer et rate sa cible la plupart du temps. Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est notre évasion. Même si l'on arrive à trouver la sortie, elle sera fermée et extrêmement bien gardée. De plus, nous nous retrouverons alors coincés entre les gardes qui nous poursuivent et ceux gardant la sortie. Je ne suis donc pas pressé de la trouver pour le moment. Il me faut un peu plus de temps pour élaborer un plan. Temps que malheureusement, je risque de ne pas avoir. 

Au tournant d'un couloir, nous atterrissons dans un hall assez spacieux. A l'autre bout, six gardes nous font barrage, près de la grande porte de sortie en métal noir. Aussitôt qu'ils nous voient, ils braquent leurs armes sur nous. Je tente vainement de faire demi-tour, mais déjà ceux qui nous poursuivaient sont arrivés. Ils nous ordonnent dans notre langue, puis en humain, de lâcher nos armes et de nous allonger sur le sol, à plat ventre. Sans d'autres solutions, nous nous exécutons. J'allonge Jennifer par terre avant de m'étendre près d'elle.

Je n'arrive pas à y croire. J'ai perdu ! Depuis qu'ils nous ont capturés, tout ça n'était qu'une sorte de jeu pour moi. Jeu que j'étais censé gagner. Désormais, mon cœur se serre et j'ai une boule au ventre à la seule pensée d'avoir perdu, d'avoir échoué. Et puis il y a Seya. Ma petite Seya qui me regarde avec encore plein d'espoir dans les yeux, pensant que je vais réussir à nous sortir de là. Sauf que notre situation est sans issue. S'ils ne nous ont pas encore tués, c'est qu'ils ont décidé que l'on subirait le Rituel de l'Expiation. Quant aux deux humains, ils les tortureront certainement pour connaître l'emplacement du camp de réfugiés, puisqu'il est bien plus simple de faire parler des humains que des Haeras.

Les gardes s'approchent de nous, toujours en nous braquant de leurs armes. L'un pousse nonchalamment Jennifer du bout du pied pour savoir si elle est vraiment inconsciente. Voyant qu'elle l'est bien, il la soulève et la jette sur son épaule avant de repartir par un couloir. Les autres nous relèvent un par un. L'on m'oblige à mettre mes bras derrière mon dos et on me passe des menottes magnétiques. Ils procèdent de la même façon avec Tyler et Seya. Le garde qui s'occupe de moi m'entraîne vers un corridor, opposé à celui où le premier a emmené Jennifer. Juste avant de tourner, je regarde une dernière fois Seya. Elle a les larmes aux yeux et tout ça est ma faute. J'aurais dû la forcer à rester dans la Secte. Nous n'aurions jamais dû partir, ainsi en ce moment, nous ne serions pas aux portes de la mort.

Je secoue machinalement la tête. Mais qu'est-ce que je me dis là ? Nous ne pouvions pas y rester et je le sais bien. Seya n'aurait jamais supporté de continuer à y vivre après ce qu'elle a vu : l'exécution de Dylan. Quant à moi, il faut bien que je me l'avoue, je n'ai jamais vraiment fait confiance à la Secte, et encore moins au Gouvernement. J'ai toujours eu un doute sur leur manière de procéder et surtout sur l'explication qu'ils m'ont donnée sur la mort de mes parents et la disparition de mon grand-père. Je me suis caché cette vérité dans l'espoir futile de trouver en ces gens une nouvelle famille, un nouveau but à ma vie.

Et comme si tout ça ne suffisait pas, je vais me faire exécuter et déshonorer par ma propre espèce. Avant, lorsque j'entendais parler de personnes ayant subi le Rituel de l'Expiation, je me disais qu'elles l'avaient certainement bien mérité. De plus, parfois, lorsque l'histoire s'étalait et que les raisons d'une telle punition arrivées aux oreilles de la population, c'était toujours pour des faits très graves. Aujourd'hui, je me demande si ce qui nous parvenait n'était pas modifié par le Gouvernement. Peut-être qu'en réalité, ces gens avaient commis des choses beaucoup moins atroces et ne méritaient pas ce jugement.