➳ Chapitre 6 : Jennifer

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Pendant un temps qui me parait interminable, nous marchons à travers la forêt. En regardant dernière moi, vers le ciel, je n'aperçois pas la plaque en métal censée être le sol du camp, cela ne manque pas de m'étonner. Je pointe donc mon doigt vers le haut.

- Où...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que Zorak me coupe :

- Mimétisme, comme pour le vaisseau.

- Oh, d'accord.

J'ai quelques difficultés à saisir exactement le concept du mimétisme, mais je n'ose pas demander plus d'explications. Cela fait déjà bon nombre de fois qu'il me l'explique et je n'ai donc aucune envie de passer pour une idiote en posant une nouvelle fois la question.

Nous continuons notre route pendant encore quelques minutes. Les arbres ont tout à coup l'air de se faire de plus en plus rares. Nous finissons par nous arrêter devant un grand terrain défriché s'étendant sur peut-être deux ou trois cent mètres. Plusieurs personnes y cultivent différents légumes : pommes de terre, carottes, haricots verts...

- C'est quoi cet endroit ?! lui demandé-je, surprise.

- À ton avis, comment faire pour maintenir en vie des centaines de personnes dans un endroit comme l'Amazonie ? En sachant, en plus, que les humains sont très difficiles. Ils ne mangent que ce dont ils ont l'habitude, alors essaie un peu de leur faire goûter des mygales ou encore des serpents ! dit-il en riant.

Quand il voit mon air, insatisfait de sa réponse, il s'empresse d'ajouter :

- Grâce à la technologie de mon espèce, nous avons réussi à raser plusieurs arbres en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Ensuite, nous avons été chercher beaucoup de pousses et de graines de ce que vous avez l'habitude de manger, et nous les avons replantées. Et je ne te parle pas du mal que nous nous sommes donnés pour trouver tout ça, tu n'es pas sans savoir que les Amoqs Haeras ont saccagé toutes les cultures.

-Et pour le reste ? Enfin, je veux dire, le lait, la viande...

- Nous avons défriché un autre terrain un peu plus loin et en avons fait un pâturage. Nous y avons aussi installé des petites maisonnettes à ses extrémités, pour le confort des animaux et pour les protéger des intempéries. Ici aussi, toutes les installations sont protégées par le mimétisme, mais de manière légèrement différente. Ce ne sont pas les objets qui transmettent une fausse image, mais les boitiers accrochés aux arbres, aux quatre coins du champ, tu les vois ?

Je hoche la tête pensivement. Il n'est pas peu fier de lui, je le vois bien sur son visage, et il a raison de l'être. Ce que lui et nos autres bienfaiteurs Haeras ont fait pour nous... nous n'aurions pas pu espérer mieux. Ils ont sauvé l'humanité.

- Pourquoi nous venez-vous en aide, Zorak ?

Sujet sensible, tous les Haeras évitent d'en parler, à tel point que nous ne connaissons pas vraiment la réponse à cette question.

- Parce que la faiblesse et l'insouciance ne sont pas des crimes... Et parce qu'ils n'ont pas le droit de sacrifier tout une espèce pour la survie de la nôtre.

Jamais il n'a fait allusion à la raison de l'invasion de l'humanité. Je tente de le questionner, mais il se renferme aussitôt dans un silence glacial. La bonne humeur de tout à l'heure s'en est allée, laissant place à une atmosphère morose et pesante. J'essaie de penser à autre chose, recentrant mon attention sur l'environnement qui m'entoure. Je reste en admiration devant leur travail encore quelques secondes, après quoi, nous repartons en direction du camp.

                                                                         *  *  *

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