➳ Chapitre 28 : Jennifer

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Je repars sans un regard en arrière. Suivant le conseil de Brooke pour ne pas me perdre, je longe le cours d'eau qui traverse la grotte. Elle m'a dit de la rejoindre dans la Salle de la Cathédrale, située en amont de l'endroit où ont été installées les cages. Alors pendant cinq minutes, je remonte le cours d'eau en passant par les chemins aménagés, gravissant plusieurs volées de marches au passage.J'en profite pour admirer l'eau translucide, ainsi que les fins stalactites qui partent du plafond, à peine éclairés par les lanternes disposées un peu partout sur le sol.

J'arrive enfin là où Brooke m'a donné rendez-vous. Ici les lanternes sont plus nombreuses, mais insuffisantes pour qu'on puisse voir le plafond, beaucoup trop haut. A droite, en contre bas, il y a un lac, alimenté par une cascade qui s'écoule certainement d'un trou en hauteur, que je ne peux pas apercevoir à cause de l'obscurité.Sur la gauche se trouve des gradins, Brooke est accoudée à une barre métallique qui l'empêche de tomber dans l'eau, elle regarde devant elle, les yeux perdus dans le vague.

- Cette grotte, elle s'appelle la grotte de Choranche. Avant c'était un lieu touristique, aujourd'hui c'est notre refuge, dit-elle sans lever les yeux vers moi.

Je m'approche et m'accoude à mon tour à la barre. On reste silencieuses plusieurs minutes, j'ai tellement de chose à lui dire, à lui raconter, que je ne sais pas par où commencer, je suppose qu'elle aussi est dans la même situation.

- Est-ce que tu te souviens de là fois où on était venue ici ? Avec tes parents et les miens ?

- Non, avoué-je.

- Je m'en doutais, t'avais que cinq ans après tout. T'étais àl'endroit exacte où tu te trouves en ce moment. J'oublierais jamais l'émerveillement que j'ai vu dans tes yeux durant le spectacle de lumière. (Elle tourne enfin la tête dans ma direction). Je crois bien que c'était la première fois que je voyais une telle expression sur ton visage. Je lui souris.

- Je me souviens pas de ça, mais par contre j'ai pas oublié la première fois où j'ai été à Disney avec toi. J'avais huit ans et tu m'avais obligé à faire le Space Mountain, j'ai cru que j'allais mourir !

- Ah oui ! La tête que tu faisais, on aurait dit que tu allais faire une crise cardiaque !

On éclate de rire en se remémorant ce court instant de nos vie, lorsqu'elles étaient encore normales, que tout allait bien. Et sans le vouloir, en une fraction de seconde je passe du rire aux larmes. Je pleure, incapable de m'arrêter, c'est trop d'émotion pour moi, je sature.Brooke me prend dans ses bras et me sert fort en caressant mes cheveux. Je comprends qu'elle pleure elle aussi lorsque j'entends de petits reniflements qu'elle tente de refouler ; elle n'a jamais aimé pleurer devant les autres, même si s'étaient les membres de notre famille.

Je finis après un certains temps par sécher mes larmes. On va s'assoir sur les gradins et je lui raconte comme elle me le demande tout ce qui a pu se passer depuis le début de l'invasion, de la fuite de Paris avec Zack et mes parents, en passant par la mort de ces derniers puis par notre arrivée au camp de réfugiés. Plusieurs fois je m'interromps pour pleurer, et Brooke me console du mieux qu'elle peut en me murmurant des paroles réconfortantes à l'oreille.

- Et toi, qu'est-ce qui t'es arrivée ? je lui demande après lui avoir ressassé les trois dernières années de ma vie.

- Comme toi j'ai fui avec mes parents. Ils ont décidé de se rendre aux États-Unis pour rejoindre la famille américaine de ma mère. On s'est donc dirigé vers Bordeaux, puisque juste avant le blackout on avait pu entendre à la télé que des bateaux partaient de là-bas pour se rendre en Amérique. On a mis environ un mois à rejoindre la ville, on était partis en voiture mais faute d'essence on a dû continuer à pied.

Aeternam GalaxiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant