« Cave 253.»
Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je passe ma main dans les cheveux de Jade, et dépose un léger baiser dessus. J'ouvre la porte. Ilyas est devant ma porte, vêtu de l'habit le plus aimé du Prophète - Que la paix et la bénédiction soit sur lui - un coran à la main, le visage dégoulinant d'eau. J'esquisse un sourire rapide, et déguerpit.
Le soleil pointe tout juste le bon de son nez, les rayons caressent mon visage. Mon propre père, mon sang, se comporte avec moi comme si j'étais un étranger. Je le mérite. Je suis un lâche. Je suis qu'un minuscule atome qui ne sert à rien. Je suis qu'un sable mouvant qui aspire l'once de joie que transmet mon entourage. Il n'y a pas que mon visage qui est cramé, mais mon cœur aussi, j'agis comme un pouilleux ! Ma petite sœur n'est plus la même, j'ai peur... peur que le traumatisme la rende comme moi.
Je me dirige vers le parking. Une Audi grise.
Je caresse la voiture à sa recherche, c'est un bout d'elle. Je rentre à l'intérieur et prends la route. Je roule vers l'inconnu, le périphérique défile sous mes yeux, le vent souffle dans mes oreilles. Le cuivre que je suis, recherche à devenir or, en oubliant que ses métaux ne fusionne pas. J'aimerais que cette addiction à l'insomnie cesse ; depuis qu'elle s'est éteint, l'appétit, le sommeil n'est plus au rendez-vous. Wallah, mon cœur est fissuré, mon corps est criblé, j'ai honte de moi-même, du mal que je fais autour de moi ! Le fossé se rempli : mes larmes cascadent sur mes joues à m'en faire perdre la vue. Je pleure comme un pauvre gosse, je sanglote pour que la rédemption advienne, je pleure pour me libérer de mes lamentations ! Mon bras couvrent mes yeux pour effacer cette tristesse, une voiture klaxonne, j'enlève mon bras, sur le coup mes mains ont tenus fortement le volant et j'ai tourné à gauche ! Qu'est-ce qui me prends ? J'ai faillit y passé ! Je nourris mon corps de nostalgie, je pourris mon âme de mélancolie.
Le temps est passé en un instant. Le soleil que j'avais vu se lever, se couche. Garé dans le parking loin de mon quartier, je cherche la sérénité en regardant cette lueur orange viré au rouge.
Les souvenirs reviennent me hanter : le jour où j'ai décroché mon Bac, ma mère et moi sommes sortie toute une journée. Ce jour-là, on s'était posé au milieu de nulle part à guetter les avions, les oiseaux. Auprès d'elle, j'étais un homme fragile, un pauvre enfant cherchant à connaître les secrets de la vie. La nuit avait finit par tomber, elle avait commencé à me raconter les exploits des Prophètes, les épreuves qu'ils ont dû subir pour qu'on connaissent aujourd'hui l'Islam. Sa connaissance de la religion m'a perturbé, et surtout m'as donné l'envie d'avoir les mêmes connaissances qu'elles, ce sujet avait l'air particulièrement de la toucher, de l'emballer, j'ai donc commencé à rechercher la science de la religion. À cet époque mon frère était aussi à la recherche de la compréhension de la religion. Pendant trois ans, entre mes cours, mon plongeant dans les activités impure, je cherchais la lumière.. Pendant ces trois ans mon nez vaquait entre les bouquins de littérature, et les bouquins de grands cheikhs. J'étais comme un vampire, le sang dont je me nourrissais c'était des bouts de papier : la journée c'était des livres, une fois le soleil couché c'était les billets.
Grâce à elle j'en ai appris des choses sur notre communauté beaucoup stigmatisé. J'ai fais des recherches sur le 11 septembre 2001, j'ai comparé les écrits du livre saint, des hadiths authentiques et ce que les médias disaient. Je compare aujourd'hui, les médias aux serpents, ils se faufilent en douce, prétextant ne pas faire d'amalgame, mais en fouillant bien on voit tout le contraire.
C'est leur viatique, la seule chose qu'on peut faire c'est leur lancer des pierres !Je démarre.
À dix minutes de mon quartier, un feu rouge m'oblige à m'arrêter, automatiquement mes yeux se sont dirigés vers le trottoir d'à côté. Les mêmes SDF sont posés là. Certes on vit aussi dans la misère mais pas autant qu'eux. J'ai toujours une once d'empathie pour ces gens là. Une femme s'arrête devant eux. J'arrive pas à distinguer son visage, elle est de dos et les lampadaires éclairent peu. Elle sort d'un sac, des couvertures, des boîtes de biscuits et le reste je ne le distingue pas mais à ce que je peux constaté c'est la boîte de pandore ! Les trois SDF affichent un sourire. Une voiture klaxonne, je regarde le rétroviseur puis devant moi : le feu est vert. Je démarre en jetant un dernier coup d'œil vers le groupe, la meuf a disparu.
Dans ce monde de bâtard, au milieu de ces ordures, il y a des humains connaissant la sympathie et l'empathie. Le geste de cette femme m'a bouleversé, c'est un geste respectable ! La noirceur de mon cœur vient d'être adoucit par elle.
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Le naufragé de la rue
General FictionLa perte c'est la peste. Elle nous poursuit toute notre vie. - Laïli.M HISTOIRE NON ECRITE PAR MOI