« La colère a cousu la haine »
Neuf jours se sont écoulés. Neufs jours qu'elle est sortie indemne de la table de billard. Elle se rétablit petit à petit, son sourire illumine la pièce. Les fleurs que j'avais acheté ont fanés, mais elle ne les enlève pas de la chambre, une tarée ! Même clouée sur un lit d'hôpital, elle se préoccupe de mon sort, j'ai l'impression d'avoir une mère et non une amie en face de moi. Depuis quelques jours je viens ici et écris « L'éducation des anges », j'avance doucement mais sûrement. Elle m'écoute lui lire les quelques lignes que j'ai écris et me conseille.
- J'ai soif...Tu peux me passer à boire steuplait ?
- Ouais.
Je me lève et prends la carafe d'eau. Je verse un peu d'eau dans un verre. Elle appuie sur un bouton pour faire monter son lit. Je la fais boire.
- Pourquoi tu me mates ? Je suis beau ? Dis-je en dégageant le verre.
- Ta gueule !
- Je te fais plaisir et tu m'insultes ? Répondis-je en déposant le verre.
- Nanana.
- Gamine va !
- Tu peux pas vivre sans la gamine !
- Bientôt je le pourrais !
- Ah oui, j'avais oubliée, Malak.
- T'as cru que je te remplacerais par elle ?
- C'est possible.
- Le jour où je t'abandonnerais pour une meuf, ce serait pour une bonne raison, du genre si tu fais un truc de fou !
- Ça veut dire que tu serais capable de m'abandonner comme une vieille chaussette ?
- Pas maintenant en tout cas ! Dis-je en ricanant.
- T'es vraiment pas marrant.
- Je t'aime trop pour te lâcher ma p'tite, rétorquai-je en déposant un baiser sur son front.
- Je t'aime aussi, répondit-elle de manière inaudible.
- Hé, hé ! Je voulais pas dire que je t'aimais hein !
- Cherches pas tu l'as dis !
- Tu m'as drogué ?
- La vérité sort de la bouche des enfants gros.
- Qu'est-ce que tu insinues ?
- J'ai pas envie de mourir donc je me tais, dit-elle en souriant.
- Parlons sérieusement.
- Alors là non ! Je connais ce regard, je veux pas parler de ça, tu le sais très bien. Donc, changes de regard et laisse tombé, c'est mort !
- Wesh, je vais rien lui faire à ton tahane.
- Non ! S'exclame-t-elle énervée.
- Calmes-toi wesh, je veux pas être la cause de ta rechute p'tite tête.
J'insiste pas plus en voyant ses lèvres tremblaient : signe d'énervement. Pour la faire rire, je lui mords la joue. Elle émet un crie de ouf, j'étais mort de rire. Mon rire disparaît quand je vois son père devant la porte, le regard plus sombre qu'il ne l'est d'habitude. On aurait dit qu'il m'avait vu embrassé sa fille : faut redescendre mon vieux. Il est méfiant alors qu'il sait que je suis incapable de faire de mal à sa fille. La mère de Melha me regarde par dessus l'épaule de son mari en souriant. Je les salut, tchèque Meli, et file. Il va finir par me niquer un jour, le vieux.
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Le naufragé de la rue
Narrativa generaleLa perte c'est la peste. Elle nous poursuit toute notre vie. - Laïli.M HISTOIRE NON ECRITE PAR MOI