« Les ténèbres. »
La lampe s'allume. S'éteint. S'allume. S'éteint. Une manœuvre qui dure indéfiniment. La lumière ne m'éclaire pas très longtemps. L'obscurité est devenu mon seul refuge, c'est le moment où je peux l'apercevoir. L'insomnie me tue, pour dormir je suis obligé de fumer. Chaque soir, je m'assois sur cette même chaise, dans cette même chambre pour apercevoir son ombre. Dès que la lampe s'éteint, c'est une lueur blanche que j'arrive à distinguer dans la pénombre. Bordel ! Quand je me lève je m'aperçois que c'est juste une illusion, elle n'est ni de chair, ni de sang. Je deviens parano ! Cette putain d'illusion finit par me plonger dans un océan de tristesse : mes sanglots sont une strangulation. Ma mère n'as pas échappé aux processions du temps, elle est bel et bien partie, et je me noie dans mes malaises.
Je tiens un journal pour ne pas que mes souvenirs s'effacent. Oui ! J'ai l'amer impression qu'un jour j'oublierais que je l'ai eu comme mère. Elle le faisait avant qu'elle ne s'éteigne. Le seul héritage qu'elle m'as donné sont mes mots et les siennes. Quelques jours avant que je parte décrocher la merde, elle m'as donné son journal et m'as fait promettre de n'y toucher que lorsqu'elle ne serait plus que poussière : son corps n'est plus mais ses souvenirs sont là. Ses paroles raisonnent encore dans mon crâne aujourd'hui :
« Mon fils les mots possèdent une magie, grâce à eux, on peut dépasser les frontières. Utiliser à bon escients elles peuvent faire du bien, et utiliser à mauvais escient elles font un massacre. Les souvenirs, les personnes s'oublient mais quand tu écris, elle reste à jamais graver sur le papier donc ne disparaîtra jamais... sauf si volontairement tu le fais tombé dans une flac d'eau. »
J'entends encore son rire à la fin de sa phrase. Une voix douce, rassurante et innocente. Une voix que je veux entendre une nouvelle fois me raconter les histoires sortit tout droit de son imagination. Une voix que je veux entendre crier mon prénom par la fenêtre. Une voix que je veux entendre raconter ses rêves d'enfance. La mort n'as-t-elle donc pas de sentiment ? Comment briser une famille entière sans remord ?
C'est la énième fois que j'ai la sensation qu'elle me caresse la joue. Ses bras m'enveloppent telle un linceul, je me sens plané dans les airs.
- Pourquoi tu fais ça ? Tu penses pas à moi... réveille-toi Azhar, fais pas le gamin !
- Pardon yemma, pardonne-moi...
- Azhar, c'est Meli, réveille-toi !
Un rêve, j'ouvre les yeux. Je ne suis pas assis sur une chaise mais couché sur le lit. La chambre pue le shit, mes mains sont sales et je tiens son journal près de mon cœur... je m'en défait comme si j'avais la peste. La pureté ne se mélange pas à l'impureté. J'ai l'impression qu'on me donne des coups de marteau dans le crâne, ça nique sa mère ! Elle ouvre la fenêtre, ramasse mes cochonneries et les lance dehors.
- Un mois maintenant... Tu bouges pas depuis la dernière fois. Az' ta petite sœur te demande, ton grand-frère... ta famille a besoin de toi. Je sais que tu peux pas du jour au lendemain le même qu'avant mais fait une effort, les abandonne pas, ils ont besoin de toi.
- Elle est là, yemma est là et tu le sais. Elle nous surveille.
- Arrête Azhar, arrête !
- Tu veux que je te montres ? Viens t'assoir et attends avec moi tu verras.
- Tu délires Az'.
- Les enfants se trompent jamais quand il s'agit de leurs parents. Comment tu peux savoir ça toi, t'as abandonnés les tiens !
- Je te permet pas ! Mes parents sont partis parce qu'ils avaient envie, je suis restée pour mon taf, mes potes et ta gueule de merde ! Tu deviens une loque humaine, t'es qu'un cadavre, ouvre les yeux, le monde ne s'est pas arrêter de tourner ! J'aimais ta mère plus que ma propre mère, j'ai aussi mal mais comme tu es un merdeux, un petit con qui pense qu'à sa tronche tu le vois pas ça !
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Le naufragé de la rue
Ficción GeneralLa perte c'est la peste. Elle nous poursuit toute notre vie. - Laïli.M HISTOIRE NON ECRITE PAR MOI