« Frustration VS Incompréhension»
J'attrape une serviette essuie mes mains et la pose derrière ma nuque. Je ne m'attendais pas à la voir ici, surtout aujourd'hui. Les mains dans les poches de son jogging, elle me regarde tout sourire. Je constate par le contour de ses yeux qu'elle n'a pas dormi. Elle fouille le garage du plafond au sol, des voitures aux entrailles. J'ai du mal à respirer : les conneries se succèdent. J'avance vers la bagnole dont je m'occupais quelques minutes avant qu'elle n'arrive. Je titille chaque organe de l'auto avec un semblant d'intérêt avec l'espoir qu'elle se casse. Elle se poste près de moi, d'un geste burlesque, elle enlève ses mains de ses poches et les croisent sur sa poitrine. Je n'ose pas caler mon regard sur elle plus d'une seconde.
Un instant chaotique : en amont je suis au bord de l'apoplexie et je veux comprendre, en aval j'ai envie de lui vomir ce que je ressens. Elle me prend au dépourvu sans compter qu'elle a trahit un pacte de deux adolescents qui se sont jurés la vérité. Ce qui me fait le plus que chier en c'moment, c'est que je pensais la connaître du bout des doigts alors que rien. J'ai passé mon temps à parler avec une inconnue. Je m'en veux de n'avoir rien vu venir. Je m'en veux de ne pas vraiment connaître Melha. Toutes ces années, j'ai été aveugle.
- Je suis fière de toi. Ilyas t'a mis bien... Je ne suis pas celle que tu attendais et j'en suis consciente mais tu peux au moins me sourire. Juste un peu. J'ai compris au bout du fil qu'il y avait un truc qui sonné faux. Je sais, je t'ai dis que j'allais te laisser tranquille un moment mais tu sais bien que quand il y a un truc qui m'interpelle, je n'arrive pas à oublier surtout quand il s'agit de notre amitié. Si j'ai fais une erreur, je m'excuse. Si tu veux que je me mette à genoux, les mains joints, je le ferais. Sérieusement, si c'est pas moi, dis-moi qui t'a fais de la peine, on l'trouve puis on le bute... enfin tu t'en occupes et je fais la spectatrice comme quand nous étions mômes. J'aime pas le jeu du roi du silence, c'est ennuyeux et vraiment pas drôle. Tu peux montrer une once de compassion à mon égard, j'ai pas dormi de la nuit en réfléchissant à ce que j'ai ou quelqu'un d'autre a bien pu faire pour te mettre dans un tel état. Ce qui m'a le plus étonné, c'est le fait tu as lâché tout à la dernière minute. Heureusement, qu'Ilyas était là pour nous donner une explication parce qu'on était tous sur le cul. Ton père a même cru que tu avais abandonné Malak.
Je pose les yeux sur son faciès. Je n'arrive pas à percevoir cette lueur d'amour que Malak a vu dans son regard. Bordel ! Même elle... elle ne la connaissais pas et elle a vu ce bordel. Jusqu'à preuve du contraire, je suis un aveugle. Ma cécité me conduit aujourd'hui à ne plus savoir où j'en suis.
- Comment tu fais ?
- Quoi ?
- Ce masque mensongère qui n'a rien avoir avec toi. Je t'ai connu sincère, franche, honnête avec ton monde même quand ça plaît pas tu as toujours ouvert ta bouche. Aujourd'hui, je comprends plus rien.
- De quoi tu parles ?
- De tout. Tu m'as pris pour un pantin. Un imbécile sans cervelle. Dieu seul sait combien de temps tu m'as caché ce bordel !
- Qu'est-ce que tu racontes ? Je vois pas ce que j'ai bien pu faire pour te mettre dans un tel état. J'ai fais quoi concrètement ?
- Ce bordel que tu ressens pour moi, c'est rien peut-être ? Ta sincérité envers moi elle est passée où ? Tu me déçois Wallah.
Elle se décompose. J'aperçois son incompréhension ; elle avale difficilement sa salive, passe une mèche derrière ses oreilles. Elle se liquéfie littéralement. C'est cramé, qu'elle cherche encore une fois à me prendre pour un imbécile. Je ne la reconnais plus. C'est plus la même personne. Je prends mon courage à deux mains et affrontent son regard. Cette fois-ci, c'est elle qui fuit mon regard.
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Le naufragé de la rue
General FictionLa perte c'est la peste. Elle nous poursuit toute notre vie. - Laïli.M HISTOIRE NON ECRITE PAR MOI