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« Leçons de morale à deux balles ! »

Son anxiété est à son summum. Elle est pire que moi ; elle bouge dans tous les sens, ce qui amplifie mon envie de fumer. Je me gare. J'ai fermé de l'intérieur pour qu'elle ne sorte pas ; je sais qu'elle va pas réfléchir et foncer dans le tas au risque de perdre sa sœur. La meuf peace a disparu. Elle joue les funambules, y a quelques heures elle était super souriante à s'en arracher les lèvres, là elle chiale comme une madeleine. Faut le dire, c'est compréhensible, quand il s'agit de la famille on devient quelqu'un d'autre.

Je la mate essuyée ses larmes, elle respire un bon coup et expire toute les merdes dans son cœur. Le muscle de ma langue se contracte, le langage je le maîtrise mieux sur un papier, surtout qu'avec elle j'arrive pas à m'exprimer sans avoir envie de l'étriper, c'est chelou comme sentiment. Elle est énervante mais sa fragilité m'émeut. Je regarde l'eau qui tombe du ciel se déversait sur mon pare-brise :

- Maintenant tu rentres chez toi, joue pas le bonhomme à vouloir aller lui cracher de la merde parce que tu vas le regretté. Je suis certes pas le meilleur donneur de leçon mais tahu ta sœur est assez grande pour savoir que ce qu'elle fait à sa mère c'est pas bien. On va pas lui trouvé d'excuse, elle veut se la jouer meuf insensible, imprévisible, délurée, tu la laisses faire. À un moment donné elle va se rendre compte de l'imbécillité de ses actes et elle reviendra vers toi, vers vous... je sais ce que tu vas me dire, ouais c'est ta sœur ! J'ai pas dis le contraire mais c'est pas une gamine, elle a conscience qu'elle fait des conneries. Les pots commencent à se casser uns par uns, elle va finir par revenir. Je vous connais pas, je connais pas votre histoire en détail mais j'ai la conviction que ça va s'arranger : c'est bien toi qui disait que le monde ne s'arrête pas de tourner quand un oiseau cesse de voler, avance et patience, dis-je en riant nerveusement, té-ma ce que je raconte. Je me paie la tête de qui ? Si tu veux pas m'écouter, je t'en voudrais pas...même pas du tout.

J'essaie de dissimuler mes mains tremblantes. J'ai qu'une envie c'est qu'elle se taille pour que je puisse soulager cette envie qui me nique le corps. Je débloque les portières pour qu'elle se casse. Je gratte le sommet de mon crâne en passant par ma nuque.

- Les rôles s'inversent, c'est fou non ? Sur les escaliers je te clamais le bonheur et là je suis plus du tout crédible. Tu sais les donneurs de leçon sont pas parfait mais vraiment pas du tout. Je veux t'aider tout en sachant qu'il y a quelque chose qui ne colle pas mais ne crois surtout pas que je simule mes fous rires ou les conneries que je sors. Ma mère me disais souvent que j'ai cette spontanéité, cette sorte de stupidité qui fais toute ma personnalité. Je suis humaine et j'ai mal comme la plupart des êtres humains sauf que j'arrive à m'émanciper de ce mal être. Je te l'ai peut-être déjà dis mais trouves toi un équilibre parce que ton état est pire que le mien, tu côtoies un monde qui te rejette. La drogue n'est pas une issue favorable.

- Tu devrais rentré chez toi, réfléchir à ta vie, trouver une solution pour ta sœur parce que moi je peux pas t'aider plus et là j'ai plus la tête à discuter Wallah.

- Le jour où tout les deux on s'entendra sur un point, tu seras ailleurs de même pour moi tellement ça sera fou.

- C'est pas le cas alors déguerpis avant que j'explose.

Elle sort sans ajouter quoi que ce soit, à mon plus grand bonheur. Je refouille dans ma boîte à gant, je descends pour voir sur les sièges arrières. Ce n'est pas de la pluie mais des flocons qui tombe sur mes vêtements, elles fondent dès qu'elles m'atteignent. Même le temps me renie. Je trouve ce poison. Je me pose à l'arrière. J'écrase un truc : mon portrait. Le dessin que Malak m'avait offerte agonise. Je le ramasse et le fou à côté de moi. La fumée se fraye un chemin, et soulage mon corps souffrant. Cette pourriture me nourrit, je suis rassasié. À peine avoir finit, je regrette. Je culpabilise. Mon âme est endommagé. Hakim...Hakim me revient en tête : il est celui que j'aurais aimé être. Ouais, la perfection n'existe pas mais on peut le frôler, j'aimerais juste avoir le sentiment d'être un rajel, un bonhomme, un vrai !

Le naufragé de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant