32.

615 25 0
                                        

« Doute.»

Quel con !

- Bordel ! vociférai-je en passant la main sur sa chevelure. Tu vas bien ?

- Oui.

Soulagement. Elle a rien de grave. Je parie que ma voiture n'est pas dans le même état. Le propriétaire du véhicule que j'ai heurté descends pour voir l'état de sa bagnole. Je reprends mes esprits puis descends à mon tour. Deux simples égratignures, heureusement. Contrairement à d'autre, le bonhomme ne fait pas de scandale, il me demande si tout va bien. Je suis resté un moment bouche bée mais Al Hamdûllillah il m'a pas fait un pétage de plomb comme certains l'aurait fait. Je m'excuse et demande ses coordonnées : l'assurance va régler les dégâts. Personne autour de nous ne daigne s'arrêter pour au moins demander s'il n'y a rien de grave. Les gens et les voitures tracent leur route sans tourner se poser de questions.

L'indifférence de certains êtres humains est un mystère.

Je rentre dans ma gov', attache ma ceinture, allume le moteur et démarre. Mes mains sont crispées sur le volant. J'ai faillit en finir avec nos deux vies.

- T'es sûr que ça va ?

- Oui.

- J'sais pas ce qui m'a prit Wallah.

- T'inquiète pas... avec tout ça, tu m'as pas écouté jusqu'à la fin : Melha va bien. Ton ami a dit qu'ils sont à l'hôpital mais qu'elle va bien. Il a ajouté qu'ils vont partir dans quelques minutes et qu'il te préviendra.

- ...

La culpabilité me bouffe de l'intérieur. Je prends conscience que mes mots l'ont blessés encore plus qu'elle ne l'est déjà. Elle n'a pas demander à ressentir quoi que ce soit pour moi... mais elle aurait dû...rien du tout ! Je suis pitoyable. Mon erreur a été de la surprotéger ? Être à ses côtés ? Lui parler ? Chantonner mes problèmes ? J'sais pas quelle connerie j'ai bien pu faire pour qu'elle tombe dans ce piège abyssal. Elle vit un putain d'amour à sens unique alors qu'elle ne le mérite pas. Et, moi, je ne mérite pas tout ce qu'elle a sacrifié pour ma gueule, je mérite pas cet amour.

Une douleur névralgique m'ampute le cerveau. Ce sentiment de faute est une rafale rebondissant dans mon système nerveux. Je demeure passif face à cette situation.

Arrivé au quartier, elle m'a embrigadé pour qu'on aille voir Sana's families, en gros toute la clique. J'ai accepté, de toute façon j'ai pas le choix. De plus, ils me permettront peut-être de me changer les idées. Le petit Nadir à la vue de sa fournisseuse de bonbons lui a sauté dessus, suivit de très prêt par le reste de la famille, notamment Fatou. Avec toute l'hospitalité du monde, le père nous a proposé de rester dîner. Je ne suis pas du genre à kiffer mangé chez les gens mais le regard noir de Malak m'a refroidit. Sah, j'sais pas comment elle fait pour transmettre autant d'émotion juste via ses prunelles.

Sofiane – le grand-frère –, le père, Nadir et moi-même sommes au salon à discuter. Enfin, ils essaient de converser avec moi. Je leur réponds avec toute la politesse du monde mais Wallah la volonté n'est pas là. Mon corps est avec eux mais mon cœur absent. Elles nous appellent pour manger. J'attends qu'ils partent pour attraper mon portable. Aucun message. Je fouille dans ma boîte de réception avec l'espoir que mon téléphone ait un problème. Une main parcourt mes cheveux : Malak.

- Tu veux qu'on rentre ?

- Hein ? Non, dis-je en rangeant mon cellulaire.

- T'es sûr ?

- Ouais, ouais.

- Ton nez est en train de s'allonger. Ça se voit que tu t'inquiètes.

- Faut qu'on y aille, ils vont croire des choses là-bas.

Le naufragé de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant