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« La beauté rebelle »

Le ciel est sombre, les arbres crachotent, le sol pleure. La nuit dernière le soleil s'est tiré comme un lâche. L'atmosphère est obscure, en étant solo dans mon pieu cette nuit, je me suis interrogé sur mon comportement, sans avoir le courage d'aller au-delà de tout ça.

La démarche bancale, les mains dans les poches, je suis devant cet hôpital, tôt le matin, attendant un miracle. Je cherche une force dans les cieux, sous la terre, quelque part, pour avoir les couilles de retourner là-dedans. Ses paroles retentissent dans mon crâne comme des explosifs. Il est huit heures et des broutilles du sbah, j'attends. Les idées fusent en vrac ; j'ai la tête en feu, la gorge niquée, les mains tremblantes, le chagrin effervescent, contrairement à certains, je n'ai pas le bonheur limpide.

Tantôt je me gratte le sommet de la tête, tantôt j'éternue, tantôt j'ai froid, tantôt j'ai chaud : je bicrave l'intempérie. J'ai les yeux explosés, j'ai pas dormi de la nuit, la scène s'activait en boucle dans mon veau-cer, je me sens idiot au milieu de ces gens qui passe à repasse et qui affiche un faciès, littéralement, épanouis. Ouais, ils sont tous dans leur moove, en mode tout va bien dans ma ive, et je m'en bats les steaks de la tienne, que tu sois dans un trou ou pas, débrouille-toi poto, chacun sa merde ! J'ai envie, clairement, de les niquer un par un. Je prends, finalement, mon courage à deux mains en rentrant dans l'hosto. Elle veut plus voir ma tronche et je me ramène sans pression, j'vais sûrement m'faire tej' mais, Wallah, j'ai besoin de la voir.

La main hésitante, j'actionne la poignée de porte. Elle dort. Je m'approche. Putain ! C'est à elle que j'ai niqué le cœur. Son grand ghelb qui m'a fais kiffé jusqu'ici a été bousillé. Ce cœur en porcelaine, en vrai pouilleux, je l'ai attrapé, maladroitement, je l'ai fais tombé, il s'est brisé. À présent il est en mille morceaux. J'ai le cœur qui enfle juste en y pensant. Sans faire de bruit, j'attrape une chaise, la mets à ses côtés, et m'assois tel un damné à la recherche de la rédemption. J'ai envie de me faire pardonner, mais j'sais pas comment m'y prendre, c'est clair, qu'elle va me renvoyer chier ! elle veut plus de moi, elle me l'a fais comprendre, très explicitement : trop explicitement. J'épie son visage d'ange, cette nana, dégage un charisme de fou-malade, la vie de moi j'me demande comment elle a fais pour poser un regard sur ma vieille gueule. La bague qu'elle m'a jeté à la figure hier, est livrée à elle-même sur une table...

Bordel ! Elle attendait mon gosse, j'allais avoir un môme... si j'avais pas fais le con, je serais daron. Inconsciemment, ma main est venue se poser sur son ventre. Si elle se réveille j'suis conscient d'être dans la merde... je m'endors le crâne en ébullition soûl d'incertitude.

Les yeux brûlants, je me réveille, ma main toujours sur son ventre. Elle est bien évidemment éveillée, le regard vitreux, loin de vouloir me croiser. Je me retire. J'suis carrément mal à l'aise, j'sais pas où me mettre, ni quoi dire mais merde agis !

- Ça va ?

Un idiot, un imbécile, un con ! Je m'invective intérieurement, sah, j'ai un vrai problème avec moi-même, ça en devient maladif. Je sais très bien qu'elle n'est pas au mieux de sa forme et je me permets de demander... comme si elle allait me répondre : « Très bien, tu m'as trompé, mais je suis heureuse. », tout ça avec la dose-sourire. Elle ne me regarde pas, et, reste silencieuse, ce que je peux comprendre, mais Wallah, ne plus l'entendre c'est comme recevoir un coup de massue sur la tête. Une infirmière munie de sa bonne humeur, entre dans la chambre fracassant le silence tombal.

- Vous pourriez lui dire de partir s'il vous plaît ?

Sa voix enrouée est déshydratée et inaudible. Savoir qu'elle parle de moi sans me regarder c'est un électrochoc douloureux. La dame m'observe sans savoir si elle doit s'exécuter ou non, ouais! La situation est délicate. J'attends pas de me faire tej' pour partir, même si c'est déjà le cas.

Le naufragé de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant