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« La fin »

Je sors de l'appart' dans les vapes. Je descends les escaliers en m'arrêtant d'un coup pour reprendre mon souffle. La tête appuyée contre le mur, j'arrive plus à faire un pas. Mes articulations sont bloquées. C'est un putain de cauchemar, je vais me réveiller, j'ai pas fais ça... Je m'obstine à me répéter que c'est un mauvais songe, mais rien !... Je viens de commettre la plus grosse connerie qu'un homme marié peut faire. Un braquo', un vole, une agression n'est rien comparé à cette... je sais même pas comment la qualifier. Une erreur ? L'erreur est toujours rectifiable mais ça ! La confiance se gagne en goutte mais se perd en litre...

- Az'.

Elle est à quatre marches de moi. En entendant sa voix tremblante, j'ai tout de suite compris qu'elle comprend plus rien tout comme moi. J'ose pas lever le regard vers elle.

- Je suis désolée...

Elle parle mais une cécité et une surdité soudaine m'attrape. Le monde s'est retourné en une fraction de seconde... mes poumons se remplissent d'un produit toxique qu'on appelle la culpabilité. Ce sentiment n'a pas cessé de m'entailler le cœur depuis sa mort. Un malheur n'arrive pas tout seul, c'est connu. J'ai connu le bonheur un moment pour ensuite me remettre à noyer dans le vide. Quelle mouche m'a piqué ? Rien ne peut excuser mon comportement. Ouais, les excuses ne changeront en rien ce qui vient de se produire. Je me tire sans décrocher un mot.

J'ai merdé.

Je l'ai embrassé... En y pensant, j'ai la tête en feu, comment j'ai pu descendre aussi bas ? Ma femme est à l'hosto, elle a perdu mon gosse et j'me retrouve dans les bras d'une autre, sur le point de coucher avec, qui plus est, cette femme s'avère être ma meilleure pote, starf' ! Qu'est-ce que je cherchais à me retrouver dans la baraque de Melha, une meuf, amoureuse ! Bordel ! Ça a faillit partir en vrille... c'est partie en vrille. Une myriade de questions viennent s'entrechoquaient contre mon crâne. J'ai dérapé. Je fais tout et n'importe quoi. Imbécile. Con. Ingrat. Dans ma tête c'est le zgah, j'arrive pas à comprendre ce qui m'est passé par la tête en l'embrassant.

Il n'y a rien pour excuser mon comportement, à part que le Diable ne m'a pas épargné cette fois-ci. Depuis le temps, qu'on est pote, Melha et moi, je n'ai jamais eu cette audace là. Aujourd'hui, je suis marié avec la femme la plus méritante au monde à mes yeux, et je l'ai trahi. Je suis décevant, exaspérant, non méritant. Depuis le temps que je me le répète, aujourd'hui, j'en ai la confirmation. J'ai les yeux embrumé, le cœur ensevelit dans un espèce de sable mouvant indescriptible. J'ai besoin de cracher mes tripes !

Je me retrouve devant la porte d'Ali. Je frappe comme un fou. Mes poings tapent contre cette porte comme si grâce à ça, j'allais faire disparaître le mal déjà fais. Répond frère ! Je cris son blase. Des voisins entrouvrent leur porte pour voir qui fais ce boucan, j'ai l'impression d'être une bête de foire qu'on regarde avec dégoût, rien à foutre ! Ces regards ne changeront rien à ce dont j'ai été habitué à recevoir en pleine figure. Après cinq minutes non-stop, il finit par m'ouvrir. J'attends pas sa fichu autorisation avant d'entrer.

- Respectes un peu le sommeil des autres gros, j'suis pas ton larbin !

Les tripes retournaient, je pars dans les chiottes dégueuler à m'en arracher les organes. Comment je vais assumer ce que j'ai fais devant elle ? Juste penser à la manière dont je vais lui dire, j'en ai des maux de tête. Faut absolument que je trouve une solution à ce merdier ! J'ai toujours été clair dans mes propos avec elle mais là c'est trop, elle va pas encaisser. Je suis pas un traître, je l'ai jamais été ! Boum ! Boum ! Ali se demande ce qu'il se passe là-dedans. Si tu savais frère... je suis en train de gerber mon vice. J'ai envie de tout envoyer dans le vide, je me sens sale gros, sale ! J'ai la haine contre moi-même.

Le naufragé de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant