17.

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« La misère »

Chez moi, l'amour n'est qu'illusion, mais pour elle c'est l'une des merveilles du monde. À l'ancienne, elle me posait des questions du style : « Si l'amour n'existe pas pourquoi tu aimes autant ta mère ? » Je lui répondais naturellement qu'un enfant se doit d'aimer la personne qui lui a donné vie. Puis elle persistait en me demandant : « Mais comment tu définirais la relation entre ton père et ta mère ? Si c'est pas de l'amour c'est quoi ? », je me contentais de la figer pour ne pas avoir à lui répondre. Elle a loué maintes et maintes fois ce sentiment. Je me disais même qu'elle perdait la tête ou les livres que je lui prêtais lui montaient à la tête.

En ce moment sa langue est en fauteuil roulant, elle est silencieuse. Depuis qu'elle m'a annoncé sa maladie, j'ai remarqué une transformation. Ce que je ne voyais pas auparavant je le vois maintenant. Je la connais trop pour me tromper. Un voile me gênait, il s'est envolé, ma vision n'est plus flouté. Les mains jointent posés sur mon menton, j'attends qu'elle me réponde. La réponse je l'ai, elle peut ni le nier, ni le cacher! je veux l'entendre de sa bouche. Elle détourne le regard pour ne pas avoir à m'affronter. De quoi elle a peur ? certes je peux péter les plombs mais...vu son état je me dois de me contenir. Je me lève et m'approche. Elle pleure. Ouais, c'est un drame grosse !

- Il est venu te voir ? Demandai-je.

- Tu peux pas comprendre Az', cherche pas et laisse.

- Qu'est-ce que je disais ce matin ? Depuis que la mort est là, tu mens. Ta salive c'est devenu de l'acide tellement tu peux pas sortir une seule vérité ! Je veux savoir c'est qui ! Pourquoi tu me l'as pas dit ? Té-ma dans quel état ce fils de pute te mets. J'arrive pas à y croire, aucun secret tu te rappelles, aucun... et là c'est la deuxième choses que tu me caches. J'espère que t'as pas oublié de me dire qu'il t'a aussi mis en cloque ? Ou qu'il t'a retourné hechek partout ! Il te passe quoi par la tête en ce moment, je suis qui pour toi en vrai ? Melha regarde-moi putain, je m'adresse pas au mur là ! Criai-je, je me rends compte de mon emportement et de son état, plus calmement, je reprends. C'est lui qui a condamné ton cœur ?

- Tu vois ? Tu t'emportes. Tu peux pas comprendre, c'est encore un sujet tabou pour toi, le jour où tu comprendras ce que je ressens on pourra en parler. Tu devrais partir Az'.

- J'ai fais quoi à la vie pour mériter que tu te comportes comme si j'étais un étranger ? Je pars pas d'ici avant que tu me dises la vérité.

- À quoi te servirais la vérité ? demande-t-elle en se tournant vers moi les yeux brûlant. Oui je suis amoureuse, depuis même des années tu vois. Mon cœur est incarcéré et j'arrive pas à enlever les menottes. Oui, il a condamné mon cœur. Qu'est-ce qui va nous arriver si je t'en dis plus ? Tu peux rien faire pour moi, voilà pourquoi je te l'ai caché. Ça sert à rien de s'attarder sur une chose sans importance.

- Je crois pas en la flèche de Cupidon certes, mais si toi t'y crois je me dois d'être là. On s'est toujours tout dit Meli, pourquoi ça changerais maintenant ? Pour toi, c'est une chose sans importance, malgré les apparences pour moi c'est important. Le fils de... tu le kiffes et tout roule mais je veux comprendre ce que tu insinues que je comprendrais pas. Explique-moi.

- C'est pas un simple kiffe que j'oublierais dans quelques temps je sais que c'est ce que tu penses en ce moment...le nie pas.

- Joues pas à ce jeu là Melha, et dis-moi c'est qui. Il vit dans le quartier ? Je le connais ? Il s'appelle comment ?

- Tu vois la seule chose qui t'intéresse c'est de connaître son identité pourquoi ? Lui casser la figure je suppose. Je sais ce que tu penses avant même qu'elle traverse ton esprit. Oublie cette conversation s'il te plaît au nom de notre amitié, de mon état de santé... oublie.

Le naufragé de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant