« Le regard de l'autre »
Je m'affale sur le banc, et la regarde de haut. Elle baisse ses yeux. Son mutisme me confirme qu'elle a pitié de moi. Le regard de l'autre c'est un bâtard, le grand philosophe Sartre a dit que l'existence consiste à s'adapter à cette réalité désagréable du regard de l'autre conçu comme miroir, je lui répondrais bien c'est de la daube ! ce miroir qu'est l'autre, j'ai envie de l'éclater ! La charité, j'en ai pas besoin surtout venant d'elle : je prends mon portable, mon sac pour me barrer avant que ça part en vrille. J'ai tellement fumé, que ça a pompé mon système nerveux, ce qui influe sur tout mon organisme. Mon cul est collé au banc, mes jambes ne supportent plus mon poids. Je dépose mon sac et essaie de souffler pour reprendre des forces. Elle fouille dans son sac, puis en sort une bouteille d'eau.
- Tiens.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- T'es pas en état de refuser.
- C'est la meilleur celle-là.
- Je sors mon drapeau blanc c'est bon ? prends la bouteille, ça va te faire du bien de boire. De plus, la prochaine que tu me défies veille à rester pour voir le résultat.
Elle s'avance et laisse son chiffon enroulé à côté de moi.
- J'en veux pas de ta merde – en le jetant par terre – Je sais pas quel genre de sorcière tu es vu que tu arrives à berner tout les gens autour de moi, mais ne pense pas qu'avec moi ça va le faire. Sah, pourquoi tu fais ta sainte le jour, et le soir tu traînes dehors comme une...
- Termine même pas ta phrase parce que je suis pas ce genre de femme, m'interromps-t-elle. Revois la définition de prostituée avant de l'employer. Je me suis déclarée ton ennemie pour cette raison, tu me manques de respect alors que j'essaye juste de communiquer. Juste poour aujourd'hui mettons nos animosités de côté, et laisse-moi t'aider.
- J'ai besoin de personne et sûrement pas de toi.
Je sors difficilement une roulée de ma poche et l'allumes. J'arrive à me lever. Je me poste devant elle en titubant. Grâce aux lampadaires éclairant une fois sur deux les alentours, j'arrive à mieux apercevoir sa tête. Elle scrute mon visage, et recule d'un pas en voyant la fumée que je sors de ma bouche se rapprocher d'elle.
- Tu commences à vraiment me taper sur le système. Tu veux faire la sainte qui aide les plus démunis, les enfants, les vieux, les vieilles, les singes, les rats, soit, mais moi je veux pas faire partie de la catégorie des rats que tu veux aidé parce que j'ai tout simplement besoin de personne dans ma vie surtout pas d'une tarée de ton genre OK ?
- C'est la deuxième fois que je te vois pleuré, j'ai pas besoin d'être une experte en maths pour savoir que tu as besoin qu'on t'écoute, on va pas t'en vouloir, je sais ce que sait de ne pas aimer se confier aux inconnus. En toute humilité, je te conseille de te pencher vers Dieu si le commun des mortels ne te rassure pas, Lui pourra le faire. – elle ramasse son dessin – Bonne chance pour la suite.
Elle disparaît après m'avoir fait son sermon du soir. Entre nous deux, c'est elle qui a le plus besoin d'aide : elle se fout de ma gueule ! Je continue de fumer comme un drogué sur ce même banc cette fois-ci en étant prêt à ce quelqu'un débarque de nulle part et vienne me refaire une petite leçon avant de se barrer.
Ils ont cru que j'ai besoin d'aide, mais non, j'ai juste besoin d'elle. Elle, elle était le soleil qui illuminait la noirceur de ma pauvre vie. Ma mère n'était pas seulement une mère, elle était ma force. Cette femme n'était pas ordinaire, parfois j'avais l'impression qu'elle était tombé du ciel, et la seule chose qui lui manquait c'était les ailes. Je l'ai toujours vu comme telle. L'ange gardien de ma vie s'est envolé et Par Allah ça m'ampute. J'ai perdu une partie de moi quand elle est partie. La mère est sacré.

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Le naufragé de la rue
Narrativa generaleLa perte c'est la peste. Elle nous poursuit toute notre vie. - Laïli.M HISTOIRE NON ECRITE PAR MOI