Le naufragé de la rue

29.

« La trahison »

Les choses ne se passent jamais comme on le pense. Il y a toujours un parasite aux alentours, et il vient tout dévaster. Un rien peut se transformer en un tsunami abominable. Le destin est imprévisible et indomptable. Le destin est mesquin et sans pitié pourtant je n'arrive pas à lui en vouloir. Je m'en veux à moi-même. Je suis le seul fautif... Je passe du chaud au froid. Je passe de l'obscurité à la lumière. Ouais ! Ma vie est en noir et blanc. Ma femme est de l'autre côté de cette porte et elle pleure comme jamais, je trouve rien à faire à part chialer à mon tour. Je suis déchargé, j'en ai carrément ras-le-bol de ma destinée merdique. J'ai de la peine, de la haine... je ne sais plus quoi ressentir... Bordel ! Ce que je ressens m'importe peu, je lui ai niqué sa vie !

Les événements se succèdent : je lui ai raconté v'la les trucs sur mes conquêtes notamment Fatiha, je lui ai fait part de mes virés en tant que loup, de mon attirance pour Malak et de mes intentions envers elle. Chaque syllabe qu'elle m'a dite jusqu'à maintenant ont un sens. Je lui ai demandé maintes et maintes fois de me parler de cette ordure... qui n'est personne d'autre que moi. Les insultes que je m'obstinais à cracher me sont destinées depuis le début. J'ai envie de me calfeutrer comme un rat dans un trou et ne plus en sortir. Je lui ai fait du mal sa race !... mais elle m'a menti ! Je voulais baigné dans la félicité, résultat je baigne dans la merde. Les propos qu'elle balançait à sa mère me heurte l'esprit, ses je t'aime s'acharnent à me niquer le cœur.

- Tu veux que je fasse quoi pour que tu ouvres cette porte ? Je sais que tu as peur, je t'assure que je suis dans le même état que toi. Je sais pas ce qui nous attend après tout ça mais je te promet qu'on surmontera tout ensemble... Je veux être là pour toi, ouvre...o...

Je ne supporte pas l'entendre pleuré ainsi. Elle ne mérite pas d'être dans cet état alors qu'à la base aujourd'hui devait être le plus beau jour de sa vie. Je me dégage de l'entrer et ouvre. Je me lève difficilement, aïe sa mère ! Ce bout de verre enfoncé dans ma chair me nique le pied. Je sens son bras derrière mon dos, elle m'emmène vers son canapé. Je m'assois. Paniquée, elle court je ne sais où et revient avec de quoi me panser. Elle est agenouillée face à moi, vêtue de sa belle robe blanche qui en ferait bavé plus d'un. Elle me caresse du regard : des yeux brûlés par les larmes. Elle enlève le verre : sa race ! J'ai envie de hurler mais les muscles de ma langue n'ont plus de force.

- Un jour comme celui-ci se transforme en un drame. Je crois que personne peut faire mieux que nous en terme de scène théâtral. Un mariage doit resté dans les têtes des années, certaines miettes de ce genre de journée sont souvent oubliées mais le nôtre je ne pense oubliée aucun détails, dit-elle en souriant. Je sais pas si c'est moi, si c'est le hlel ou seulement le stresse qui t'a fait perdre le contrôle mais je suis là, faut pas que tu l'oublies. Certes, j'ai pas de bague pour le prouver mais... qu'est-ce qu'il y a ? Je t'ai fais mal ? demande-t-elle troublée par mon geste.

- Laisse.

- Il se passe quoi ?

- Je sais pas ce qu'on fait... Ce que je fais. Je trouve mon bonheur dans le malheur de mes proches, et Wallah que j'peux plus. Pendant un instant, j'ai cru pouvoir réussir à construire un truc solide avec une femme bien mais c'est pas fait pour moi. Je suis complètement perdu, je sais pas où je vais. Il y a trop d'obstacle, trop de barrière à escalader et j'en suis pas capable. Je veux pas passer par quatre chemins Malak : je suis un lâche, je l'ai toujours été. Je ne suis pas stable. Tu n'arriveras pas à me supporter, mes envies spontanées de fumer, mes sauts d'humeurs sont un poison. Tu as ta mère, ta sœur a géré. Je compte pas terminer cette mascarade. J'peux pas. J'ai peur non pas pour moi cette fois-ci mais pour ton faciès de petite vermine. Tu es en haut de l'échelle, je suis en bas, c'est pas compatible.