Le naufragé de la rue

46.

« Le suicide n'est pas un remède »

L'histoire du Petit Poucet me vient en tête. Ali est ce jeune laissé en plan dans une forêt. Il sème des miettes de sa propre personne pour se retrouver, finalement, il ne retrouve pas son chemin. La vie au côté de Malak m'a appris qu'un homme ne vit pas mais survit à ses dépends. Autrement dit, on est condamné non pas à naître mais à vivre. Le plus dur reste de survivre.

Il a blessé la femme à qui il refuse de céder son cœur et son poto. Je ne suis pas le seule voué aux gémonies. J'aurais jamais cru que l'amitié qu'on a construite finirai shlassé, et, à l'hôpital. Le résultat est tombé, les séquelles sont nombreuses. Seul un miracle ressoudera notre équipe de bras cassé. Il est taciturne et anxieux. Son regard embrasse le sol avec une vulnérabilité et les tremblements d'un gosse. Je l'entends reniflé. Il dégage hargneusement cette peste que laisse échapper ses obus. Ces derniers l'ont toujours servi qu'à une seule chose ; fusiller de haut ses ennemies comme ses amis. Dans la tess, il est le multi-récidiviste qui a peur de que dalle et qui baise la police, parmi tant d'autre.

L'empathie prend le dessus ; j'ai mal pour sa face de vermine. Contre tout attente, je croise un Ali avec une âme et un cœur, non pas une bouteille vide comme il se le répète à longueur de journée, sous substance illicite.

J'essaie de comprendre réellement ce qui l'a poussé à cette atrocité. Nahil et lui c'est des engueulades, des prises de becs mais pas un shlass !!! Je savais que notre fou des armes était très impulsif quand il s'agit de sa famille et surtout de sa petite sœur, bien évidemment, au point de lui remettre les idées en place ; mais les conséquences sont désastreuses.

Les frères n'arrivent toujours pas à faire le distinguo entre les coups et la parole. Je suis dans le même sac qu'eux. Quand il s'agit de nos sœurs, on se comporte en renard enragé. Mais, perso, j'oserais pas poser la main sur mon sang. C'est peut-être facile à dire, et difficile à faire pour certains, mais ma mère ne me le pardonnerait jamais. Ouais, quand je pense à elle, j'évite ce genre de merde. De plus, en Jade, malgré que ce soit encore une petite fille, je la vois. Les mêmes mimiques, les mêmes traits etc., j'aurais carrément l'impression de lever la main sur celle qui m'a donné la vie.

Une sensation d'être sur un terrain de foot entre plusieurs joueurs me prend au bide. Je dribble, cependant, le ballon est sur le point de m'échapper, ils sont nombreux sur moi, je ne sais pas à qui le passer. Je suis littéralement perdu. Je ne veux pas de coup franc. C'est le cas de le dire. J'essaie de recouvrer mes esprits pour nous sortir de ce tas de merde. Mais comment ? Je connais les deux, ce sont tous les deux mes collègues de lères-ga. J'arrive pas à me faire à l'idée, qu'il est pût commettre cet affront à des années de 400 coups.

- T'assumes ce que tu ressens pour elle maintenant ? lâchai-je spontanément toujours assis sur mon canapé, les yeux braqués sur lui.

Ils lèvent ses flammes vers moi. Je le sens vraiment dans un autre monde ; complètement déséquilibré, et, dévasté. C'est grillé qu'il bouillonne de rage contre lui-même. Je vois une larme sillonnait sa joue pour finir par tomber d'un coup sec au sol.

- Il y a rien à assumer..

- T'aimes les relations toxiques, tu l'as, en plus avec une meuf bien, pourquoi tu lâches pas les armes une bonne fois pour toute ! Deviens un bonhomme Ali. T'en est un ou pas ? Resté fidèle à toi-même te mène au drame et au hram. Je suis pas le mieux placé pour parler après tous ce qu'on a fait ensemble, mais, je sais que tu peux changer. Ouais tu veux pas. Ouais tu veux rester ce même bâtard. Ouais tu veux pas retourner ta veste. Mais regarde-toi. Té-ma Ali ; tes conneries, où ils t'emmènent. T'es pas fière de toi frère, ça se voit comme du shit dans une feuille OCB. Remets-toi en question. Wallah que ça te ferait du bien.