« L'espace d'un fléchissement »
Entendre sa voix me culpabilise deux fois plus. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, rien est comme avant à présent. Depuis toujours je pue la déchéance humaine, aujourd'hui c'est encore pire. Fi ! Le mariage dont on parle en bien, n'est pas du tout ce qu'on croit. Le bonheur me fuit, le malheur me pourchasse tel un flic en manque de coupable. Je me transforme en fugitif mais ma cavale est un échec. Le téléphone n'arrête pas de vibrer, les messages fusent à en défier le soleil. Je les lis. Elle me demande où je suis, elle s'inquiète, elle m'insulte, elle s'acharne sans succès. Silencieux. Ouais ! Portable de mes couilles, ferme ta gueule !
J'ai envie de vomir ma peine mais il n'y a que du sang qui coule. Je dégage ce mauvais temps de mon visage. J'enlève la main de Malak de ma chemise. Elle ouvre les yeux. Je bouge à l'extrémité du lit, attrape mes pompes et les enfilent. La douleur s'amuse sur mon pied, ce n'est rien comparé à ce que mon esprit m'inflige...il me travaille sans le moindre tact. Elle s'est assise à côté de moi et m'observe.
- C'est quoi cette tête encore ? demande-t-elle.
- Elle te plaît pas c'est la même, maugrée-je.
- Hé ! répond-t-elle, le doigt braqué sur moi, les yeux grand ouvert. Tu n'as pas besoin de me parler méchamment !
- Oh ! Surenchéri-je en criant.
- ... Excuse-moi, dit-elle en rangeant sa main. Ton humeur déteint sur moi. Je reformule sinon tu vas me décapité, mon mal de crâne nous massacre, s'exclame-t-elle en affichant son plus beau sourire. Sinon, tu vas où ?
- Je vais cherché à graille et de quoi m'habiller. Je peux pas rester dans cette tenue.
- C'est plutôt pour te changer les idées. Je commence à bien te connaître jeune homme. Tu veux en parler ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Cherche pas.
- Je veux pas que tu me laisses ici toute seule.
- Je ferme à clef... je reviens.
- M...
- Je reviens, c'est quoi que tu comprends pas là-dedans ? criai-je.
- ...
J'attrape les clefs posées sur la table basse et me dirige malaisément vers la porte d'entrée. En touchant la poignée de porte, je me suis directement remis en question : je lui crie dessus alors qu'elle ne demande rien. Nos deux caractères commencent à faire des étincelles alors que ce n'est que le début. Je m'interroge sur mon comportement de rejeton sans cervelle comme m'appellerait Ilyas. Elle n'est plus une nana ordinaire mais ma...ma femme. J'arrive même pas à m'encrer cela dans le crâne. Je lui parle comme je parlerais à une personne ordinaire. Lassé de moi-même je souffle.
- Tu as besoin de quelque chose ?
- Juste... juste que tu reviennes vite, répond-t-elle les yeux observant ses mains.
J'ouvre la porte. Debout dans le cadre, je ravale ma fierté :
- Malak.
- Oui.
Ce coup-ci, elle a les yeux rivés sur moi. Je lâche un j'suis désolé, et sors. Elle est toute douce pourtant elle ne se laisse pas marcher sur les talons. Son côté lionne m'interpelle toujours autant, ses griffes ne sont pas très loin, quand il faut les sortir, elle n'hésite pas. Cependant, elle se transforme rapidement en agneau. J'sais pas comment elle fait pour ne pas m'en vouloir alors que j'ai gâché le plus beau jour de sa vie et en plus je me comporte comme un chien.

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Le naufragé de la rue
General FictionLa perte c'est la peste. Elle nous poursuit toute notre vie. - Laïli.M HISTOIRE NON ECRITE PAR MOI