5. Joyeuses funérailles

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Je regardais par la fenêtre et contemplais la vaste étendue d'herbe qui se présentait à moi. Les champs élysées, le seul endroit des enfers agréable à regarder, hormis mon jardin privé. C'était ici que les âmes les plus vertueuses se retrouvaient et ce soir des âmes il y en avait. Je pouvais les voir se diriger vers le palais, dansant et virevoltant, se préparant pour la fête. Une chose était sûr, il n'y avait qu'ici que l'on pouvait voir des morts aussi heureux de leur sort. Je jouais avec une mèche de mes cheveux, prête mais peu décidée à descendre. Je ne me sentais pas d'humeur festive, et je pensais à ce pauvre homme qui à peine décédé, était solicité pour distraire le dieu de la mort. J'étais donc la seule à trouver cela terriblement injuste ? A voir les Elyséens se précipiter à l'intérieur, il fallait croire que oui.
Hadès s'était rapidement préparé. Il fallait dire que son physique clairement avantageux n'exigeait pas de passer des heures face au miroir ou à se décider sur la tenue à porter ! Comme une tornade, il avait quitté la pièce en me laissant planter là. Non pas que je m'en plaignais, mais c'était des plus inhabituel.

- Tu n'es pas encore prête ?

Je ne l'avais pas entendu arrivé, perdue dans mes pensées. Je regardais ma robe et mon reflet dans le miroir de la coiffeuse.

- Je suis un peu vexée par ta question !

Vexée je l'étais. Certes je n'avais pas débordé de créativité pour ma robe, mais elle était tout ce qu'il y avait de plus élégant et surtout elle était de circonstance.
Il vint se placer derrière moi et fit glisser sa main sur mon ventre. Son souffle sur ma nuque me fit frissonner bien malgré moi.

- Tu sais très bien que je te trouves toujours sublime, mais tu aurais pu mettre quelque chose de plus festif.

- Festif ? Hadès, ce n'est pas une kermesse. Ce sont des funérailles !

Il s'éloigna et ouvrit grands ses bras.

- Pourquoi faut-il que tu vois sans cesse le côté négatif ?

- Parce qu'il y a un côté positif ? Ricanai-je.

- Nous en avons déjà parlé. La mort fait partie de la vie, elle est nécessaire. La Terre serait vite surpeuplée dans le cas contraire.

Je remontais mes cheveux en un chignon et plaçais les pinces tout en défendant mon point de vue.

- Je sais tout ça, mais tu as la possibilité de les laisser tous reposer en paix et tu ne le fais pas. Tu préfères les compartimenter dans des prisons plus ou moins terribles pour l'éternité.

C'était à son tour de s'assoir sur le lit et de me fixer. Je me forçais à ne pas regarder son reflet, il était bien trop parfait ce soir.

- Je te trouve injuste avec moi. Que fais-tu des Elyséens ?

En effet, les âmes des justes comme il aimait à les appeler, pouvaient jouir de leur mort en toute tranquillité, et avaient la possibilité de boire l'eau du Léthé quand bon leur semblaient pour leur réincarnation, oubliant tout de leur passé ou presque. A mon goût il y avait beaucoup plus de bonnes âmes que ce qu'Hadès voulait bien reconnaitre.

- Et quand est-il des autres ?

-Les autres, les autres. Tu n'as que ça à la bouche.

Il se leva et fouilla dans l'énorme boite à bijoux qu'il m'avait offerte pour notre cinq-cent cinquante troisième anniversaire de mariage. Il en sortit un collier de diamant éclatant et en orna mon cou.

- Je voulais te faire la surprise, mais ce soir bon nombre d'autres, comme tu les appelles, seront présents.

J'arquais un sourcil en me retournant vers lui. Il devait me dépasser d'une tête et son sourire quand il me regarda me domina.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant