30. Raviver l'incandescence.

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Il tourna légèrement la tête, et même s'il ne me regardait pas, je pouvais voir qu'il était sonné par ce que je venais de dire.

— Qu'est-ce que tu dis?

Sa voix était plus enrouée que jamais.

— Te souviens-tu de ce jour où tu as voulu me laisser? Où tu pensais pouvoir t'éloigner?

Cette fois il se retourna complètement, les yeux grands ouverts et l'impatience dans le regard.

— Et toi, t'en souviens-tu?

— Plus que jamais...

Je laissais quelques larmes rouler et il poussa un long soupir. Je ne savais que faire de mes mains tremblantes.

— Tu m'as demandé de t'oublier Hadès, de continuer sans toi.

Il ne disait pas un mot, il ne faisait que me fixer.

— J'ignore ce qu'il s'est passé pour que ça arrive, ce qui aurait pu être suffisamment important pour que je ne reconnaisse plus mes sentiments ou même combien de temps ça a duré. Je ne me souviens pas de tout, je ne sais pas si je finirais par y parvenir mais tu es là devant moi et tu n'as pas abandonné.
Tout était si limpide. Mes sentiments étaient bien réels et surtout ils n'étaient pas nouveaux. Ils avaient fait leur retour avec fracas et reprenaient leur place dans mon coeur, bien concrets.

— J'ai voulu plusieurs fois le faire. J'ai voulu moi aussi t'oublier pour que ça fasse moins mal Perséphone.

Je comprenais ce qu'il voulait dire et je ne lui en voulais pas. Comment aurais-je pu alors que je ne savais même pas si j'y aurais survécu? C'était tellement évident quand je le voyais. Je l'aimais. Plus que tout et j'avais l'impression que mon coeur avait sa propre respiration et qu'il l'avait retenu jusque là. Une mortelle aurait peut-être eu besoin de plus de temps pour devoir assimiler cette information et gérer le fait qu'elle recouvrait petit à petit la mémoire, réaliser que sa vie n'était pas ce qu'elle pensait. Mais pour moi c'était différent. J'étais une déesse, fille de Zeus et épouse d'Hadès. J'avais vu suffisamment de choses plus étranges les unes que les autres pour savoir que tout était possible même l'impensable. Cependant, j'avais quand même le tournis et avais l'impression de sortir d'un mauvais rêve, que je n'avais jamais oublié. Toutes les fibres de mon corps s'éveillaient peu à peu pour me dire que oui, c'était lui et qu'elles le reconnaissaient!

— Je suis tellement désolée mon amour...

L'éclair rouge venait de danser.

— Redis-le!

J'aurais pu lui dire éternellement tant je le pensais.

— Je suis déso...

— Non , pas ça, me coupa-t-il. Ne t'excuse pas.

En deux enjambées il se retrouva devant moi et je me mordais la lèvre quand il passa sa main sur ma nuque. Je relevais la tête pour mieux le voir et le trouvais encore plus beau que tout ce qui avait pu exister. Mes yeux brillaient, j'en étais certaine.

— Mon amour... soufflais-je difficilement.

Ce qui était dur, ce n'était pas de le dire, c'était de pouvoir le faire sans fondre en larme!

La pression sur ma nuque s'accentua et sa manière de me regarder me fit oublier que je sortais tout juste d'un lac. Je m'attendais à ce qu'il m'embrasse, je le voulais plus que tout, mais à la place il me colla à lui et me serra dans ses bras avec fermeté.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant