46. Secret bien gardé?

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Il était impossible pour eux de nous suivre, pourtant je ne les lâchais pas du regard. On ne savait jamais, peut-être que cet homme avait des pouvoirs dont j'ignorais tout! Peut-être même était-il d'une espèce qui m'était inconnue... J'étais soulagée de les apercevoir de plus en plus petits au loin.

Le griffon poussa un cri qui m'obligea à tourner la tête, et c'était certainement pour me prévenir qu'il comptait traverser le plafond.Par tous les dieux, comment comptait-il faire ça?

Il étendit un peu plus son cou, et avec son crâne brisa les briques comme si elles n'étaient qu'en fait que de simples coquilles d'oeufs. J'enfouissais ma tête dans sa nuque et par chance aucune de ces pierres ne vint me percuter. Je toussais quand nous traversions le nuage de poussière.



Mon allié freina des quatre fers devant l'entrée des enfers, celle que Cerbère gardait avec attention. Je me précipitais de l'autre côté des portes pour la retrouver au milieu d'autres soldats, essayant de tenir à bonne distance les âmes déchaînées qui tentaient d'entrer coûte que coûte. Je n'étais même pas étonnée de constater qu'ici aussi, tout partait à volo.

—Lyssa! hurlais-je.

Le chien à trois têtes arrêta sa besogne pour me présenter sa tête gauche. Je le grattais rapidement en lui expliquant que je n'avais vraiment pas le temps et rappelais une nouvelle fois mon ancienne ennemie. Elle se tourna avec humeur, partagée entre la surprise et l'agacement mais finit par me rejoindre.

—J'ai besoin de te voir, tout de suite.

—Tu crois vraiment que c'est le moment pour une soirée filles?

—Je suis très sérieuse, c'est extrêmement urgent.

Elle réfléchit une seconde et acquiesça.

—Dépêchons-nous alors, on ne sera jamais de trop pour repousser ces âmes!

Je l'entraînais dans la pièce juste à côté et fermais soigneusement la porte derrière moi sans lui demander ce qui motivait les morts à ce point. Elle était déjà en train de sentir des flasques posaient sur les étagères et faisait la moue.

—Bon sang, on a beau venir ici depuis des lustres, il y a encore des endroits et des choses qui nous échappent.

Je lui récupérais des mains et la remit à sa place.

—Hey! Pesta-t-elle.

—Lyssa, il faut que tu me promettes que ce que je vais te dire restera entre nous. Du moins une partie...

Je devais avoir l'air très convaincante, car elle me fixa, interloquée,et hocha la tête.

—Ce n'est pas facile, et j'aurais préféré garder ce secret honteux pour moi jusqu'à la fin des temps, mais j'ai peur qu'elle ne soit plus proche que prévue si je ne le fais pas.

—Alors vas-y. Et ne tourne pas autour du pot, j'ai horreur de ça tu le sais.

Je me mordais la lèvre avec force pour obliger les mots à sortir, mais ce n'était pas facile. J'avais une peur panique de dire à haute voix ce que j'avais fait, et les conséquences qui visiblement en découlaient. Elle était là, devant moi et sur ma demande, avec ses yeux ronds d'impatience et je redoutais son jugement. Je me faisais horreur, et me préparais à lui faire horreur aussi. C'était le goût du sang dans ma bouche qui me rappela qu'elle attendait et qu'il était inutile que je me mutile. Je ne pourrais pas faire marche arrière de toute façon, et maintenant qu'elle savait que j'avais quelque chose à lui avouer, elle ne lâcherait pas. Alors il fallait que j'y aille simplement.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant