7. Discussions animées

5.9K 513 49
                                    

ʢ

Allongée sur le par terre de fleurs de mon jardin privé, je me repassais la conversation d'hier soir avec Milan en boucle. La nuit ne m'avait pas porté conseil, et je ne parvenais toujours pas à comprendre pourquoi le sujet avait dérivé ainsi. Je maltraitais une pauvre pâquerette quand Sybille interrompit le fil de mes pensées.

- Tu penses encore à lui ?

- Si seulement je pouvais faire autrement, soupirais-je.

- Que t'a-t-il dit exactement ?

- Je serai bien incapable de te le répéter. Tout était si embrouillé et désordonné !

Elle fronça les sourcils.

- Ca ne ressemble pas à Milan de ne pas trouver ses mots.

- Je ne te parle pas de lui mais de moi, c'est bel et bien mon esprit qui était embrouillé. Quand à Milan, je pense qu'il a perdu le sien. Comment peut-il penser une seule seconde qu'il y ait autre chose qui me raccroche à Hadès que ce fichu contrat ?

Sybille garda le silence en rendant les fleurs transformées en pierres précieuses plus brillantes que le soleil. Elle les rangeait au fur et à mesure dans un coffre d'or, sertie de ces mêmes pierres. Je levais les yeux au ciel, qui avait besoin d'autant de richesse en enfer ?

Je pris un rubis dans la main en faisant la moue, et elle me tendit la sienne pour le récupérer avant de le frotter et de le ranger à son tour. Tant de personnes en avaient une plus grande utilité sur terre...

Je m'agaçais devant son absence de réponse.

- Tu ne trouves rien à me dire ?

- Que veux-tu que je réponde à ça ?

- Je ne sais pas. Qu'il est fou de penser ça, qu'il a sans doute reçu un coup sur la tête pendant sa longue absence et qu'il ne sait plus ce qu'il dit ou n'importe quoi d'autre !


Un nouveau silence s'abattit sur nous, suffisamment lourd pour que je décide de lui prendre son chiffon des mains et l'obligeais à laisser tomber ce qu'elle était en train de faire.

- Sybille !

Je voyais déjà à sa mine déconfite que sa réponse allait lui coûter.

- Parles bon sang ! Je veux connaître ton avis.

- Perséphone, tu es mon amie, et tu sais que je ferais tout pour te protéger et que tu sois heureuse ?

- Je ne vois pas le rapport.

- Et bien, tout ce que je désire, c'est que tu sois avec l'homme que tu aimes. Quitte à vivre pour l'éternité, autant que ça se fasse dans de bonnes conditions non ?

Elle ricana.

- Ca ne me fait pas rire du tout, surtout que je ne vois pas bien où tu veux en venir.

Cette histoire d'éternité, j'en avais plus que ras-le-bol. Merci maman et papa pour le cadeau !

- L'homme que j'aime, je l'ai déjà trouvé. Ca m'a pris pas mal de temps, mais il est bel et bien là et j'apprécierais assez que l'on arrête de vouloir me l'enlever. Même quand c'est à sa propre initiative...

- As-tu déjà pensé qu'il pourrait avoir raison ?

Je me figeais, totalement déconcertée, et me redressais comme si cela allait changer quelque chose.

- De qui parles-tu ? De Milan ?

Elle leva les yeux au ciel. Enfin, à l'endroit où il était censé se trouver du moins.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant