31. Messager ne sachant pas messager

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Je ne pouvais pas dire depuis combien de temps nous étions dans ce salon, tout ce que je savais c'était que l'expression "vivre d'amour et d'eau fraîche" pouvait s'avérer vraie parfois, même si l'eau n'était plus tellement fraîche...
Dans notre cas c'était surtout d'amour, aussi bien au niveau physique que sentimental. Je ne lui avais pas demandé combien de temps notre séparation avait réellement durée et nous n'avions pas parlé de grand chose d'autre d'ailleurs. Les mots et les problèmes attendraient.
A califourchon sur lui, je dessinais chaque angle de son corps du bout des doigts, inlassablement. Je voyais sa peau frissonner et son ventre se contracter quand je m'aventurais dans des zones plus sensibles et prenais plaisir à recommencer.
Il me regardait faire, les bras derrière la tête et silencieux. Il s'était attaché les cheveux et j'aurais été incapable de dire ce que je préférais.

— Est-il possible de se lasser de te regarder? Lui demandais-je.

Il ne me répondit pas, et je ressentais une pointe de culpabilité. Comment avais-je pu lui dire ça, alors qu'il y avait encore quelques semaines je ne supportais presque plus sa présence? Que je lui avais fait vivre l'impensable? S'il m'aimait au moins à moitié de ce que je l'aimais, alors la déchirure avait dû être terrible à supporter.
Mes pensées devaient se lire sur mon visage car il se releva et me remonta le menton.

— Crois-moi, on ne peut se lasser de toi non plus.

Il parcourut mon corps nu des yeux et c'était comme s'il le touchait. D'une main il attrapa ma mâchoire, et sauvagement m'embrassa. Je me laissais faire, en me répétant sans cesse à quel point j'avais de la chance qu'il en ait envie.

— Ma fleur, tu me rends fou et faible.

Il posa ses mains sur mes fesses et d'un geste brusque me rapprocha un peu plus de son intimité, alors je suffoquais. Il avait les yeux mi-clos et teintés de rouge par son désir. Il convoitait ma poitrine et ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il en fasse de nouveau sienne.

— Faible? Répondis-je déjà à bout de souffle. Je n'ai pas l'impression de sentir une quelconque faiblesse...

Sur ses paroles la porte trembla sous des coups.

— Je te conseille de ne pas recommencer! Balança Hadès de l'autre bout de la pièce du tac au tac.

Il n'avait aucune idée de qui il s'agissait, mais sa menace à peine dévoilée était très sérieuse. Je me pinçais les lèvres pour m'empêcher de rire, et m'apprêtais à continuer ce que nous faisions quand une voix frêle de l'autre côté tenta de parler plus ou moins audiblement.

A— Seigneur, je m'excuse mais vous devez venir.

Mon mari me regarda, les yeux écarquillés, l'air surpris et agacé. J'avais encore plus envie de rire.

— Tu préfères le voir brûlé ou écorché?

Je lui donnais une légère tape sur le bras. Il me posait réellement la question.

— Je préfère que tu ailles voir ce qu'il se passe et que tu laisses tranquille ce soldat.

Il me jaugea un instant du regard, peu convaincu par ma proposition.

— Maintenant? Grogna-t-il en direction de la porte.

La réponse mit quelques secondes à arriver.

— De préférence oui...

Il souffla et devant l'insistance du soldat m'embrassa le bout des doigts et me décala. Il enfila son jean et je me demandais si je pourrais arrêter un jour de le trouver sexy. De toute évidence la réponse était négative.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant