18. Manticore

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J'entrais dans la section des soldats, désireuse de trouver Milan et d'oublier le reste. Il n'y avait pas grand chose à faire pour eux en enfer quand Hadès ne les sollicitait pas, si ce n'était s'entraîner sans relâche. Vous me direz, vu le passé plutôt chaotique des dieux, avoir des soldats au top de leur forme n'était pas un luxe. Mais il se trouvait que l'un d'entre eux avait une place particulière pour moi et qu'aujourd'hui j'avais besoin, ou plutôt envie, de sa présence. Je passais dans leur grande salle à manger où plusieurs d'entres eux étaient attablés quand je fis un geste de la main pour leur signifier qu'il était inutile de se lever. Tout ce protocole et ces manières me fatiguaient un peu et me mettaient mal à l'aise. J'aurais même souhaité pouvoir passer sans me faire remarquer mais c'était impossible.

— Je vous en prie, restez assis c'est un ordre. Que personne ne se dérange plus à cause de ma présence. Je veux que vous vous comportiez normalement est-ce clair? Continuez à manger et à... faire ce que vous faites tout simplement!

Je pouvais paraître froide, mais il n'en était rien. A vrai dire, si je me montrais chaleureuse, ils risquaient de ne pas retenir ma requête et ce n'était pas ce que je voulais. Je voyais bien que pour certains c'était plus difficile que pour d'autres et que l'envie de satisfaire les ordres de mon mari était plus forte que ma satisfaction personnelle mais ils n'en firent rien. Ils restèrent assis, avec la tête baissée malgré tout.

— Je cherche simplement le commandant Milan. Quelqu'un sait où est-ce que je pourrais le trouver?

L'endroit était vaste et composé de bon nombre de pièces. Il n'y avait pas moins de vingt-huit dortoirs, douze salles à manger, quatre cuisine et une immense et unique salle d'entrainement sur plusieurs niveaux, tous ouverts les uns sur les autres. Sans compter les annexes, les réserves d'armes et tout ce que je ne connaissais probablement pas. Je me rappelais la première fois que j'y étais entrée. J'avais cru qu'un deuxième enfer avait été créé tant le lieu était immense et sombre. Des néons clignotaient de temps à autre et ça pourrait me taper sur le système si j'étais à leur place. Le béton gris faisait office de sol, mur et plafond. Sans aucune originalité et les tables et bancs n'étaient guère plus gais. Ils portaient tous la tenue de soldats, d'un vert très sombre et noir et l'ambiance avait l'air bonne enfant, du moins jusqu'à ce qu'ils m'aperçoivent.

— La dernière fois que je l'ai vu, il s'entraînait avec Froy. Je veux dire avec un autre soldat, se reprit-il.

Je le remerciais et me dirigeais non loin de là, dans la fameuse salle. Elle sentait la sueur et je dû m'habituer un instant à l'odeur qui était assez désagréable. Personne ne me voyait ici, ils étaient tous concentrés sur leurs mouvements. Je longeais le mur pour ne pas me prendre malencontreusement un coup et ne gêner personne. Ils se ressemblaient à peu près tous. Grands, costauds, assez effrayants et les cheveux rasés de près à l'inverse de Milan qui lui pouvait les porter longs. Ce privilège était réservé au plus haut gradé et il en faisait parti. Pour le reste c'était interdit. Il ne fallait pas que l'ennemi puisse les identifier et surtout que ça ne les gêne pas durant d'éventuels combats.

Ils étaient rassemblés par petit groupe de quatre ou six, s'affairant à différents exercices. Certains frappaient lourdement un sac à l'aide de leur tibia ou de leurs poings, que je n'aurais pas pu déplacer même avec beaucoup d'élan et de rage. D'autres se défier à la lutte ou encore se trouvaient en rang d'oignons à plusieurs mètres d'une cible, un arc à la main. Je pouvais apercevoir quelques arbres dans le fond, reproduction d'une forêt, sans savoir à quoi ça pouvait bien leur servir. J'entendais également le bruit du fer que l'on croise mais pas de grand blond en vue. Je décidais d'interrompre un soldat qui réajustait ses bottes, ça me paraissait plus prudent. Il se leva d'un bond, droit comme un "i" en me couvrant de phrases protocolaires que j'interrompais rapidement une nouvelle fois. Il m'indiqua une petite porte qui, à priori, débouchait sur un escalier pour ensuite donner sur un couloir. Là, ce serait la deuxième à droite.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant