28. R.A.Clès ou presque

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Je n'avais pas remarqué la tempête qui s'était levée pendant que nous parlions, et il disparut en un rien de temps. Le blizzard me frappa le visage quand je fus sur le seuil de la porte et que je criais son nom. Si jamais il lui arrivait quelque chose, je ne pourrais pas me le pardonner. Bien sûr il était plus fort que ça et le vent et le froid, peu importait leur intensité n'auraient pas raison de lui mais il était dans une telle colère que j'avais peur de ce qu'il pourrait lui arriver.

Tant pis, il fallait que je sorte de là. De toute façon je n'aurais pas pu rester ici indéfiniment!

Je me retrouvais rapidement sur le lac gelé et le bruit du vent m'empêchait d'entendre si ce dernier craqué. J'avançais à tâtons,hurlant encore son nom mais ayant peu d'espoir de le retrouver à présent. Après tout je m'attendais à quoi? Est-ce que je m'imaginais que j'allais le voir revenir sur ses pas, l'air bougon juste parce que je l'appelais? Parfois, je pouvais vraiment être ridicule.

Je laissais tomber l'idée. Dans tout les cas, sa place se trouvait en enfers qu'il le veuille ou non et je n'aurais aucune difficultés à me renseigner auprès de ses collègues afin qu'ils me rassurent.Qu'il aille bien, ou du moins aussi bien qu'il pouvait aller, c'était tout ce que je voulais.

J'avançais aussi droit que les bourrasques me le permettaient dans le but d'atteindre la forêt mais aucune cime d'arbre ou de tronc à l'horizon. J'ignorais ce qui avait déchaîné cet élément sisubitement, mais le fait était que ça ne m'arrangeait pas. Je ne savais pas où j'étais, et étais donc incapable de retrouver l'une des entrées des enfers.

Pourquoi maintenant que j'avais pris la décision de rejoindre Hadès, tout semblait se mettre en travers de mon chemin? Était-ce le destin qui s'interposait?

Je me posais la millième question à son sujet depuis que tous ces événements étranges avaient commencés quand une paire d'yeux vert apparue au loin.

Je fus d'abord soulagée d'avoir retrouvé Milan et de constater qu'il allait physiquement bien, quand je réalisais que ça ne pouvait être lui. A cette distance, ils ne pourraient briller autant!

Je marquais un temps d'arrêt et trois nouvelles paires apparurent àleur tour. Mon coeur s'emballa, ce n'était pas normal. Je fisrapidement volte-face, mais la cabane avait elle aussi disparu. On nevoyait pas à un mètre, si ce n'était ces yeux qui ne cessaient degrandir, me prouvant qu'ils se rapprochaient à une vitesse folle.

Peu à peu, des crinières se dessinèrent autour de ces têtes de lions que je reconnus immédiatement. Des manticores! Ils se précipitaient sur moi et volontairement. Je fis deux pas en arrière quand le plus proche sauta de plusieurs mètres dans ma direction, sa gueule grande ouverte et ses griffes acérées prêtes à me déchiqueter. Par réflexe, je plaçais mes deux bras devant mon visage, comme si ça allait le dissuader et dans le cas contraire me préparer à l'impact et à la douleur. S'il ne pouvait me tuer, il pouvait vraiment me mettre en pièce et ça prendrait beaucoup de temps pour que je m'en remette.

Le bruit des os qui se brisent me força à regarder la bête. Elle était au sol, inanimé et une traînée de sang recouvrait peu à peu une partie de la glace. Devant moi se trouvait mon frère en posture de combat, prêt à accueillir les trois autres qui avaient freiné des quatre fers en voyant l'un des leur à terre.

—Héraclès!

Je me précipitais à ses côtés et il me donna l'ordre de reculer. A présent il était un guerrier, et je le connaissais assez pour savoir qu'il refusait toute défaite.

Les grognements s'élevèrent et les manticores chargèrent de plus belle. Héraclès sortit son épée et la brandit devant lui,puissante. Il la plongea avec force et facilité dans la poitrine du monstre, lui arrachant un cri puis la vie. Le suivant parvint àl'esquiver deux ou trois fois, mais le coup qu'il lui mit dans les côtes l'envoya suffisamment loin pour qu'il ne soit plus un problème. Je ne savais que faire. Devais-je me mêler ou l'écouter et rester dans mon coin? Certes il n'avait pas vraiment besoin d'aide, il était quand même réputé pour sa force légendaire et à juste titre. Mais il s'agissait de mon frère, celui dont j'étais le plus proche et je ne voulais pas qu'il lui arrive malheur. Je ne connaissais que trop de héro mort au combat et ne pouvait m'y résoudre.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant