34. L'âme en peine.

3.6K 315 27
                                    

ʢ


Je ne sentis que de l'air passer à côté de moi, et un hurlement me fit grimacer. Hadès avait enfoncé ses doigts dans son bras, et elle le regardait surprise, ses grands yeux noisette écarquillés. Jusque là je ne les avais pas vu, son assassin les avait sauvagement mutilé et voilà qu'ils étaient de nouveau emplis de peur.

Elle ne s'attendait pas à ce qu'il puisse la toucher, et encore moi à la brûlure qui suivit. Elle se débattait, le visage tordu et s'égosillait.

— Et cette douleur là, tu la sens?

— Par pitié arrêtez, je vous en prie! Sanglotait-elle.

— Que j'arrête? Mais tu n'étais pas invincible il y a une minute?

— Pitié seigneur...

Son âme commençait à prendre une teinte rosée et il ne faudrait pas longtemps pour que la douleur soit suffisamment forte pour qu'elle ne puisse plus parler. Il attrapa d'une main sa nuque et la maintint bien en face de lui.

— Tu m'appartiens, et ce peu importe ton enveloppe. Ce sont mes ténèbres, mon enfer et tous ceux qui s'y trouvent n'ont d'autre choix que de vivre sous ma colère ou mon indulgence. Quelque soit ton jugement, quelque soit le sort qu'ils auront décidé de te réserver, en définitive je reste le seul à choisir l'éternité dans laquelle tu erreras.

Plus aucun mot ne pouvait franchir le seuil de sa bouche, à présent c'était trop fulgurant. Je plaçais ma main dans le bas de son dos afin de lui signifier que ça suffisait, qu'elle avait compris et cherchais son regard. Il l'avait fixé sur cette pauvre fille, et ne tenait pas compte de ma demande silencieuse.

— Ce que tu as fait, ce que tu as dit, ne mérite qu'une seule chose. Il n'existe qu'un seul endroit dans lequel j'aimerais t'envoyer et là-bas, la torture est quotidienne. Je te montre?

— Hadès, balbutiais-je, pas le tartare!

Non, elle ne le méritait pas.

— Laisse-moi lui parler, continuais-je. Si je suis seule, je peux la convaincre j'en suis certaine.

Ou du moins je l'espérais, surtout après ce qu'il venait de lui faire endurer! Il prit un instant pour réfléchir. Court pour lui, interminable pour elle, puis il la relâcha brusquement en s'essuyant les mains l'une contre l'autre.

— Ta seule chance, c'est que ma femme montre un certain intérêt à retrouver ton assassin. Pour ma part, je me fous pas mal de son identité.

Je savais que c'était faux, il y tenait fortement. Pas parce qu'elle en était la victime, non, ça je voulais bien croire qu'il s'en fichait. Mais parce qu'il ne tolérait pas qu'un tel acte se produise dans son royaume sans en être le décisionnaire.

L'état de l'âme aurait dû me préoccuper, mais c'était celui d'Hadès qui attira mon attention. Il respirait vite, comme s'il était essoufflé et ce n'était pas normal.

— Est-ce que tout va bien?

Je fronçais les sourcils et il cligna plusieurs fois des yeux.

— Fais la parler vite, et si elle montre un quelconque signe d'agressivité...

— Je ferai attention.

Il hocha la tête d'un air entendu.

— Je te rejoins plus tard, je vais demander à Héraclès de rester avec toi. Il t'attendra devant la porte.

Je ne lui répondis pas que c'était inutile. C'était déjà inespéré qu'il me laisse seule avec elle. Il sortit et je fus tentée de le suivre, jusqu'aux gémissements qui provenaient du sol.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant