20. Bain à remous.

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J'avais parcouru la plus grande partie des notes de Lazaridis une bonne moitié de la nuit mais n'y avais rien trouvé qui pourrait m'éclairer sur la présence de l'un d'eux ici. J'avais beau relire certains passages, rien n'indiquait en quoi Hadès pouvait bien avoir besoin d'eux. A ce que je sache nous n'étions pas en guerre, et je doutais qu'il fasse appel à eux en premier dans le cas où nous l'aurions été. Non, je me creusais la tête sans succès mais rien n'y faisait.

Zénon décrivait leur mode de vie. Que c'était des créatures qui vivaient en "meute" mais pour autant beaucoup de frictions subsistaient entre les mâles. Leur accouplement était violent, brutal et parfois mortel pour la femelle. C'était pourquoi il était assez rare de trouver un nouveau né dans cette communauté et que leur espèce n'avait pas plus envahie les continents. Je trouvais que c'était une bonne chose. Si ça avait été le cas, j'étais à peu près sûr que nous aurions eu beaucoup plus de problème avec eux.

Il racontait également toutes les nuits qu'il avait passé à ne pas fermer l'oeil car il avait bien trop peur que l'un d'eux s'en prenne à lui et en fasse son festin. Logique, le contraire m'aurait étonné et à en croire les premières lignes du livre, il n'était sans doute pas très loin de la vérité.

Je m'étais réveillée sans avoir envie de continuer sur ma lancée. Pour aujourd'hui ça irait, inutile d'insister je pourrais passer à côté d'une information importante et il me restait très peu de pages. Un bain, c'était tout ce qu'il me fallait et je me dirigeais vers ma salle de bain. J'y avais une immense baignoire qui ressemblait plus à une petite piscine dans laquelle j'aurais pied jusqu'à la taille qu'à une vraie baignoire. Elle était faite de bronze et d'or et l'intérieur était en faïence comme on en trouvait plus de nos jours. Les deux robinets, aussi gros que des tondeuses à gazon nécessitaient la force de mes deux bras pour les ouvrir. Je regardais un instant l'eau se déverser en cascade par litre et remplir le bassin à une vitesse folle avant de me déshabiller et de me plonger dedans. L'eau était à la température idéale, comme je l'aimais. Presque trop chaude pour qu'un mortel puisse s'y baigner mais moi ça m'allait. La fumée me donnait l'impression de me trouver dans une marmite géante et me détendait les muscles. C'était l'un des avantages que je trouvais à vivre en enfer. L'eau s'arrêta de couler immédiatement quand le bassin fut remplie et le silence régna en maître. Seul les quelques gouttes qui s'échappaient encore du robinet et qui venaient s'écraser contre la surface le troublaient de temps en temps.

Je reposais ma tête contre le rebord, à l'endroit où se trouvait un confortable coussin étanche et qui épousait parfaitement la forme de mon crâne et m'assis sur la marche immergée. Il ne manquait plus qu'une personne pour partager ce moment de plénitude avec moi. Je soupirais en pensant à Milan quand Hadès chassa son image et vint s'imposer à sa place. Son regard malicieux, sa bouche rose et son sourire en coin. Je me relevais quand je réalisais. Non mais qu'est-ce qu'il clochait chez moi à la fin? Pourquoi je ne parvenais pas à fermer suffisamment mon esprit? Je secouais la tête et m'immergeait complètement sous l'eau. Peut-être que ça m'aiderait à me ressaisir!

En apnée, allongée sur le fond, je peinais à chasser le roi des enfers de mon esprit. Peut-être me fallait-il de l'eau froide à la place? Je m'apprêtais à remonter quand une force brutale vint s'abattre sur mes épaules, me maintenant plaquée contre la faïence. Je rouvrais brusquement les yeux et vit une silhouette floue au-dessus du bassin. Je me débattais et laissais l'air encore stocké dans mes poumons s'échapper mais rien n'y faisait. Qui que ce soit, il était bien trop fort pour moi. Je me tortillais plus violemment alors que je commençais à avaler bien trop d'eau quand une vive douleur me saisie le bras. Je me cognais la tête puissamment et, à bout de souffle, commençais à perdre connaissance alors que l'eau autour de moi prenait peu à peu une teinte rougeâtre.

PERSEPHONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant